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Entretien avec Alexandre Lisiecki, co-entraîneur de Gilles Muller


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 Selon son coach (photo), Gilles Muller a atteint « un niveau qu’il n’a jamais eu ». (Photo : Julien Garroy)

> Quelle analyse faites-vous de ce huitième de finale de Gilles Muller face à Novak Djokovic ?

Alexandre Lisiecki : Il y a plusieurs choses positives à retirer de ce match, en dehors du fait qu’il a perdu, bien sûr. Sur des joueurs aussi bons que Djoko ou Federer, ce n’est pas toujours facile d’exprimer son jeu. Aujourd’hui (avant-hier), Gilles a pu le faire presque à 100 % et parfois même un peu plus. Sur un tel événement, sur un grand court en huitièmes de finale d’un Grand Chelem, ça, c’est vraiment bien.

> On voit néanmoins qu’il est extrêmement compliqué de breaker un joueur du niveau de Djokovic…

Il est n° 1 mondial, il y a plein de raisons à cela. La première, c’est la qualité de son service. La deuxième, c’est la qualité de son retour. Quand on réunit ces deux qualités-là, ça fait déjà un top joueur. Il sert de façon incroyable comme les cinq ou dix meilleurs du circuit. Les gens parlent souvent du service de Gilles parce qu’à son niveau, il est exceptionnel. Mais les joueurs du top 10 servent tous de manière exceptionnelle.

> Comment Gilles vous a semblé à la fin du match ?

Le débriefing a été rapide. Il est forcément déçu. On a préparé le match pour le gagner, pas pour faire un score. Il était prêt à le gagner mais Djokovic ne l’a pas laissé faire. C’était trois minutes après sa sortie du terrain. Avec du recul, il aura certainement une autre vision des choses car il sait qu’il a rempli son contrat. Ça s’est joué sur des détails. Il savait qu’il y aurait une opportunité à un moment donné. Quand on prend trois fois 6-2, on est déçu d’avoir pris une raclée. Quand on a des balles de break et qu’on sent qu’on n’est pas à des années-lumière du meilleur joueur du monde, on est déçu aussi…

> Dans son déroulement, ce match face à Djokovic rappelle celui face à Federer la saison dernière à Wimbledon (2e tour, défaite 3-6, 5-7, 3-6). Il avait suffi d’un break par jeu pour précipiter la défaite de Gilles.

Oui mais ce n’est pas du tout le même match. Il n’avait pas été bon, il n’avait pas réussi à s’exprimer comme face à Djokovic. Il a progressé sur ce type de match et on va s’appuyer là-dessus pour aller de l’avant. C’est en jouant face à des joueurs comme ça qu’on progresse, qu’on apprend à connaître où ils servent, à quelle vitesse ils jouent… Djokovic avait un avantage énorme sur Gilles, ça fait trois fois de suite qu’il jouait en « night session ». Il a l’habitude de jouer sur ce court. Toutes ces choses-là comptent.

> Mais en quoi ces deux matches vous semblent-ils différents ?

À « Wim », à aucun moment Federer n’avait été sous pression. Là, Djokovic l’a été à plusieurs reprises. D’un point de vue statistique, oui, il y a eu un break par jeu dans les deux matches. Mais on voit bien qu’il y avait plus de fond de jeu cette fois-ci. Son plan est beaucoup plus clair, il varie beaucoup plus, il bouge mieux. On ne peut pas comparer ces deux matches, ce sont deux joueurs différents, deux surfaces différentes, deux moments différents. Mais par rapport à ce qu’on attend de lui, à ce que lui attend de lui, il a fait un pas en avant. Et ça, c’est très très satisfaisant.

> Joue-t-il le meilleur tennis de sa carrière ?

C’est difficile à définir. On sait qu’il aura le meilleur classement de sa carrière lundi prochain. Il arrive dans tous les secteurs du jeu à un niveau qu’il n’a jamais eu. Autant il a réussi des grands coups, autant la façon dont il se comporte et ce qu’il démontre sur le court me fait dire que c’est largement meilleur qu’il y a quelques années, c’est certain.

Propos recueillis par notre journaliste Raphaël Ferber


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