La crainte du hooliganisme et la menace terroriste ont poussé la Russie à déployer des mesures de sécurité hors norme pour la Coupe du monde de football, qui verra les supporters être soigneusement contrôlés tandis que les hooligans identifiés ont été priés de se tenir à carreau.
Comme elle l’avait fait avant l’Euro-2016 en France, l’organisation jihadiste Etat islamique (EI) a menacé de frapper durant la Coupe du monde de football, d’autant que la Russie est une cible prioritaire pour Daech depuis le début de son intervention militaire en Syrie à la demande du président Bachar al-Assad.
Les autorités russes affirment être prêtes. « Tout au long des années de préparation que nous avons vécues, nous avons établi un plan de sécurité clair », a assuré la semaine dernière Alexeï Lavrichtchev, directeur des opérations de sécurité au sein des services de sécurité russes (FSB). « Nous sommes prêts à combattre toutes les menaces à la sécurité, quelle que soit leur origine », a-t-il ajouté.
Une sécurité renforcée
Pensées pour lutter contre cette menace, les autorités ont adopté des mesures de sécurité drastiques le temps du Mondial. Les Russes comme les étrangers devront ainsi s’enregistrer auprès de la police à leur arrivée dans les villes hôtes sous trois jours, en présentant des preuves d’identité et de logement, au risque d’amendes.
Parallèlement, la liberté de mouvement et de réunion sera limitée pendant le Mondial: les événements publics ne pourront se tenir, dans les régions des villes hôtes, qu’à des lieux et horaires approuvés par les autorités et de nombreuses contraintes pèsent sur les déplacement en bus, ou même en bateau, dans et entre les villes accueillant le Mondial. Si les autorités ont refusé de donner le nombre de personnel des forces de l’ordre (armée, police, garde nationale…) déployées à travers le pays pour assurer la sécurité de la compétition, on sait qu’ils seront au moins 30 000 rien qu’à Moscou pendant le Mondial.
Lutte contre le hooliganisme
Le problème du hooliganisme dans le football russe est réapparu aux yeux du grand public pendant l’Euro-2016, quand plusieurs dizaines d’hommes très organisés s’en sont violemment pris aux supporters anglais, ravageant le centre-ville de Marseille et faisant plusieurs dizaines de blessés. Si la réponse des autorités russes a d’abord été ambiguë, elles ont ensuite sévèrement réprimé les hooligans russes, dont la plupart étaient connus des services de police, à l’approche de la Coupe du monde. Sans hésiter à utiliser la manière forte, de l’intimidation aux arrestations en passant par les interdictions de stade.
Les événements de Marseille étaient « notre dernière chance de nous montrer avant le Mondial parce qu’on savait que Poutine allait sérieusement serrer les boulons pour que rien de tel n’arrive en Russie », expliquait d’ailleurs en novembre à l’AFP Andreï, un hooligan présent en France durant l’Euro.
Il n’y a pas que les hooligans russes: plusieurs nations participant au Mondial sont connues pour la violence d’une frange de leurs supporters. C’est le cas de la Pologne ou de la Serbie, par exemple. Pour les contrer, un centre de coopération international (CCPI) a été ouvert près de Moscou, qui sera « opérationnel tous les jours pour échanger des informations entre les délégations et les autorités russes », selon le commissaire Antoine Mordacq, en charge de la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH).
Cette coopération a abouti à la constitution d’une « blacklist » de supporters indésirables sur le sol russe. « On leur dit qu’ils ne pourront obtenir ni visa, ni Fan ID (le passeport des supporters, une innovation pour la compétition, ndlr) », expliquait en mai le directeur général du Comité d’organisation du Mondial-2018, Alexeï Sorokine.
Le Quotidien/AFP