Les hommes de Luc Holtz défient, ce soir, alors que l’ambiance est en train de monter au pied des Carpates, l’étonnant leader du groupe C, partout dans le pays.
Il y a quatre ans, Dan Da Mota avait été le bourreau de Slovaques pourtant favoris. (Photo : Julien Garroy)
Paul Philipp ne perd plus une occasion, même gentiment, de remettre de petits objectifs chiffrés dans les pattes de Luc Holtz. Puisqu’on a changé d’année footballistique et qu’il n’est pas superflu de repréciser ses ambitions quand on peut se payer le luxe d’en avoir, en arrivant sous le ciel bas et gris de Zilina, le président de la FLF parlait, à la louche, de trois points restant à prendre d’ici à la fin de cette campagne. Que cela corresponde à trois matches nuls ou une victoire, peu importe, ne pas y parvenir ne coûtera bien évidemment pas son poste au sélectionneur. Mais Philipp reste un président et son intérêt est que continue à se matérialiser, en termes de résultats, la démarche parfois terriblement romantique de son entraîneur.
En 2014, les hommes de Luc Holtz nous ont donné en effet autant de raisons de nous enthousiasmer que de douter. Brillants offensivement mais souvent en manque de réussite flagrant devant le but, très bons à la construction du jeu mais fragilisés par elle à chaque perte de balle, il y a encore beaucoup de choses à régler avant de se dire que le Luxembourg a gagné le droit de jouer au foot avec ses adversaires.
C’est la conquête qui s’annonce ces six prochains mois et qui va se heurter de plein fouet à une Slovaquie presque inarrêtable en ce moment : neuf victoires sur ses dix derniers matches, un Hamsik en grande forme et qui le prouve chaque semaine avec Naples et surtout, un public qui commence à adhérer.
Si la logique avait été respectée entre août et novembre 2014, dans le groupe C des éliminatoires de l’Euro-2016, ce Slovaquie – Luxembourg aurait dû se dérouler dans l’indifférence quasi générale et devant 2 500 spectateurs rincés par une pluie épaisse.
> « La qualité est de notre côté, mais… »
La flotte, ils n’y couperont pas, mais le désintérêt, les Luxembourgeois peuvent oublier. Une victoire slovaque, ce soir, rapprocherait un peu plus le pays d’une historique qualification pour l’Euro et pèseront sur ces 90 minutes une pression de malade. Comment la supporter ? Peut-être en délestant les milieux récupérateurs d’une partie de leur fardeau de harcèlement qui les fait toujours plonger physiquement à un moment ou à un autre du match. Sûrement en évitant les boulettes de relance des derniers matches de 2014, notamment contre l’Ukraine.
Et en se souvenant, surtout, que le Luxembourg n’était pas plus favori, il y a quatre ans, quand la Slovaquie était venue se fracasser sur sa suffisance au Josy-Barthel (2-1), après un doublé du rentrant Dan Da Mota. La sensation était aussi énorme qu’elle le serait ce soir puisque les Slovaques sortaient d’un 8e de finale de Mondial, quelques mois plus tôt. Hier, Jan Kozak a juré que c’est son équipe qui « serait sous pression » à cause de sa première place du groupe. « Nous savons que la qualité des joueurs est de notre côté, mais en football, ce n’est pas toujours ce qui compte. » Il a raison. Pour ne pas s’en être souvenu, son prédécesseur, Vladimir Weiss, avait subi une humiliante défaite contre les Roud Léiwen. Mais il y a peu de chances que la Slovaquie, surtout maintenant, refasse la même erreur.
De notre envoyé spécial à Zilina Julien Mollereau