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Élections FLF : «Je ne dis pas que nous sommes géniaux, mais…»


Deuxième interview sur les trois prévues, en vue de la prochaine élection à la FLF. (photos Mélanie Maps)

ÉLECTIONS FLF Suite de notre interview croisée entre Paul Philipp et Claude Kremer. Aujourd’hui, on parle argent, briques et croissance (ou pas) du futsal.

La première interview croisée entre les deux postulants, marquait déjà des divergences assez évidentes sur des sujets aussi différents que le marketing, les statuts et réglements ou le football féminin.

Entre un Claude Kremer partisan d’une FLF qui se lance à corps perdu dans la communication vers l’extérieur, veut une refondation large des statuts et souhaite amener ces demoiselles au CFN et un Paul Philipp qui veut attendre d’avoir une étude sur l’intérêt d’une communication cohérente à destination du public, est adepte des modifications statutaires ponctuelles et ne veut pas brûler les étapes en termes de foot féminin… on s’est retrouvé dans deux visions assez diamétralement opposées du football luxembourgeois.

Quand bien même le sortant, Paul Philipp, assure que «(leurs) programmes ne sont pas si différents : personne ne va rien inventer, il doit juste être question de continuité». Suite aujourd’hui avec trois nouveaux thèmes, pour que vous compreniez encore un peu mieux à quel point le ballon rond grand-ducal pourrait évoluer très différemment en fonction de l’homme qui sera élu le 15 octobre.

LE FUTSAL

CLAUDE KREMER

Vous voulez mettre en œuvre un plan « futsal ». Vous nous expliquez ?

Claude Kremer : Déjà, j’ai lu une phrase catastrophique de Paul Philipp (NDLR : dans sa brochure du bilan du conseil d’administration), dont l’objectif pour le futsal est de « tout mettre en œuvre pour faire concorder les calendriers avec la disponibilité des salles de jeu ». C’est tout ? J’ai repris le foot féminin en 2004, un domaine que M. Philipp commence à peine à découvrir.

À l’époque, il avait fallu créer un groupe de travail qui avait abouti, un ou deux ans plus tard, à la création d’une commission à part entière. Alors voilà, après le foot féminin, je suis passé au futsal, parce que j’aime m’occuper des domaines dont on s’occupe peu. Et aujourd’hui, quand j’entends dire qu’il faut une revalorisation du futsal, cela m’énerve, parce qu’il faudrait déjà commencer par une simple valorisation.

Il y a sept ou huit ans, on a accueilli le futsal dans notre famille, mais dans les faits, il reste à l’écart. Il suffit de voir la place qu’on lui accorde dans notre communication : il n’y en a pas. Aucune trace sur les réseaux. Et dans le plan stratégique présenté l’année dernière? Pas une ligne. Ses statuts? On a repris ceux du football en extérieur, qui ne sont pas adaptés à ses spécificités. Tout est à revoir.

Pensez-vous qu’il faille, à ce point de l’histoire, envisager à terme la création d’une équipe nationale dans la foulée des réussites de clubs comme Differdange ?

On en parle, oui, et cela doit être un objectif à moyen et long termes. Car actuellement, on n’a pas assez de premières licences pour l’envisager. Il faut d’abord bâtir le chemin nous permettant d’y arriver. Et aussi commencer à penser à construire le futsal féminin.

PAUL PHILIPP

Quel est votre point de vue, à vous, sur l’éventualité de la création d’une équipe nationale ?

Paul Philipp : Le problème est que pour intégrer une équipe du Luxembourg, il faut être luxembourgeois, avoir la nationalité. Donc être en règle. Alors après, on peut parler de tout, mais il faut d’abord que les conditions soient remplies. Mais nous allons suivre l’évolution des différents clubs et de leurs joueurs respectifs, notamment en ce qui concerne le règlement FIFA sur la nationalité.

Quels sont les axes de développement que vous comptez mettre en œuvre pour le futsal ?

Il faut absolument garder les structures en place. Parce que les ambitions des uns et des autres sont tellement différentes… Certains sont dans le futsal tout simplement pour jouer en intérieur, d’autres y font des résultats exceptionnels, comme Differdange, et ça, chapeau! Mais on doit observer attentivement comment tout cela va évoluer, parce que le futsal, en ce moment, bouge dans tous les sens.

Si cela ne prend pas comme cela devrait prendre, c’est parce que des clubs se créent, d’autres disparaissent… Mais ce n’est pas parce que ce sont les élections qu’on va commencer à dire que c’est notre priorité numéro 1. Il ne faut jamais que le futsal devienne une concurrence pour le football en extérieur. Ça doit être un complément.

Moi, je ne fermerai pas la porte aux petits sponsors

LES FINANCES

CLAUDE KREMER

Vous évoquez, en cas d’élection, un renforcement des aides financières à destination des clubs. Comment et pourquoi ?

Claude Kremer : Ces aides, on peut se les permettre parce qu’on a l’UEFA et la FIFA. Selon moi, tout a été correctement fait en termes de redistribution ces dernières années. En tant que membre du CA, je peux le dire, j’ai soutenu ces aides. Il y a actuellement une rumeur qui dit que j’y mettrai fin. C’est totalement faux.

Non seulement, je les maintiens, mais en plus, je pourrais même les augmenter, notamment pour permettre aux clubs de DN, dont certains commencent à se détourner de la licence UEFA, de continuer à la faire. Révision des comptes, medical check… c’est important pour le pays qu’ils le fassent ou nous risquons de perdre des aides financières. Ce que Hamm et la Jeunesse ont fait la saison passée, il ne faudrait pas que ça se généralise.

Sinon, il n’y a pas que le candidat Philipp qui a des contacts à l’UEFA ou à la FIFA. Et d’après mes infos là-bas, ces aides venant des instances internationales vont augmenter. Et beaucoup. Excusez-moi si je ne donne pas de chiffres.

La FLF se porte bien malgré la crise.

Nous avons réalisé un résultat positif de 940 000 euros la saison passée et on a distribué quelque 700 000 euros aux clubs il y a quelques semaines. Quelque 240 000 euros seront mis en réserve. Pourquoi ne pas avoir distribué plus d’argent, car nous sommes quand même dans l’après-covid? Mais il faut surtout penser à diversifier les sponsors, notamment en ouvrant la porte aux petits. Il faut revoir le modèle. En tout cas, moi, je ne leur fermerai pas la porte.

Et vous souhaitez aussi laisser l’intégralité des recettes des matches de Coupe aux clubs ?

Ça représente quoi pour la FLF de prendre ses 33 % sur l’organisation de chaque match de Coupe ? De huit à dix mille euros par an. Et même si on peut continuer à alimenter le fonds de solidarité, franchement, cet argent, pour la fédération, ne sert pas à grand-chose. Il vaudrait mieux le laisser aux clubs qui organisent les rencontres.

PAUL PHILIPP

Où en est la fédération avec ses sponsors, à l’heure actuelle ?

Paul Philipp : On essaye toujours de développer le pool et nous sommes satisfaits que, même pendant la période du covid, ils nous aient renouvelé leur confiance. Certains sont là depuis la première heure et nous étions bien contents de les avoir alors. Donc, quand ils nous font comprendre que pour garder de la visibilité, il ne faut pas non plus qu’on ouvre trop l’accès, on comprend leur point de vue.

Mais la FLF doit-elle valoriser un peu plus son image de marque ?

Bien sûr! Les contrats en cours, il est hors de question d’y toucher. Nous les honorerons. Mais il est évident que dans nos discussions futures, avec le nouveau stade et son taux de remplissage, vu les résultats de nos différentes sélections, la base de discussion sera sûrement à une réévaluation. Parce que quand il faudra renégocier, nous aurons encore d’autres arguments, je pense.

Concernant les aides distribuées au club, restera-t-on sur les mêmes volumes ?

Celles que nous distribuons actuellement sont toujours en fonction du bilan. Quand il y a un bonus en fin d’année, oui, on partage le gâteau avec les clubs – parce que nous ne sommes pas un club d’épargnants non plus – avec des clefs de répartition basées sur le travail avec les jeunes. On discute avec les clubs pour savoir si cela doit évoluer, d’ailleurs, mais je trouve ça assez logique d’indexer ces aides sur le nombre de jeunes dans le club ou le nombre d’arbitres ou sur les besoins d’aides au niveau administratif.

Après, nous nous sommes mis comme principe d’avoir aussi des réserves et, pour l’heure, nous avons l’équivalent d’une année de fonctionnement de côté, soit 8 à 9 millions d’euros. Ce n’était pas le cas, loin de là, quand nous avons repris en 2004. Alors, je ne dis pas que c’est parce que nous sommes géniaux, c’est aussi parce qu’au-delà d’une bonne gestion, les aides de l’UEFA et de la FIFA, les droits télé aussi, ont augmenté. Cela ne nous a pas empêchés de distribuer plusieurs millions aux clubs ces 18 dernières années.

Aujourd’hui, nous avons 8 à 9 millions d’euros en réserve. Ce n’était pas le cas à mon arrivée

LES INFRASTRUCTURES

CLAUDE KREMER

Vous souhaitiez interpeller sur les lenteurs inhérentes à certains dossiers liés au développement du CFN de Mondercange ?

Claude Kremer : Nous avons effectivement des terrains complémentaires et les autorisations de construire, mais par moments, on freine et je ne comprends pas pourquoi. On a discuté de cet agrandissement dans le groupe des infrastructures, parce qu’on commence à être très juste, ne serait-ce que pour accueillir les dames. L’architecte, on l’a vu il y a trois ans et tout est prêt. Même les aides de l’UEFA sont en attente.

Mais ces travaux devraient bientôt démarrer, non ?

Mais le temps qu’on lance les travaux, il faudra attendre encore deux ou trois ans avant de pouvoir les avoir, ces vestiaires. Alors, quand après ma déclaration de candidature, M. Philipp me demande « mais tu as un problème avec moi ? ». Je lui réponds non, mais je constate juste que sur certaines choses, les infrastructures autant que le site internet, par exemple, on freine toujours des quatre fers. On manque de vision !

PAUL PHILIPP

La FLF manque-t-elle d’élan, comme le suggère Claude Kremer ?

Paul Philipp : Nous avons effectivement acquis des terrains et les plans étaient prêts, mais nous avions un problème d’ordre écologique à régler, concernant des oiseaux – des milans – qui nichaient là. Mais ils sont partis et ça y est, on va pouvoir enfin penser à ces quatre grands vestiaires et salles de soins supplémentaires.

C’est vrai que nos effectifs sur le site ont bien augmenté, parce que même si, au niveau international, il existe des catégories U12, U14, U16… nous, au CFN, on préfère avoir une catégorie d’âge par année, ce qui multiplie les équipes et le nombre de joueurs. Ça grandit, c’est bien, mais après, il va vite falloir construire ce terrain et demi supplémentaire qu’il nous manque.

Demain : les jeunes, le conseil d’administration, le sélectionneur

Erratum : une erreur s’est glissée dans notre édition de mercredi quant à une réponse du candidat Kremer, qui semblait indiquer qu’il faudrait la gratuité pour les matches des dames. Celle-ci est déjà acquise, mais Claude Kremer indique que, dans ce cadre et puisqu’il « s’agit de ne pas décourager les supporters, il convient aussi de trouver des ressources alternatives pour aider au développement du football féminin ».