[Coupe de Luxembourg – 16es de finale] Même s’il devrait être sur le banc à Niederkorn au profit de Youn Czekanowicz (samedi, 16h), le portier hesperangeois est l’une des rares satisfactions du club en ce moment et a le mérite de dire les choses clairement.
Comment va le Swift avant cette confrontation stratégique face au Progrès ?
Geordan Dupire : (Il pousse un long soupir) Pffffff… compliqué. On n’a pas les résultats qu’on attendait. On essaye juste de sortir la tête de l’eau. Mais rien que la victoire du week-end dernier à Rodange, qui nous a fait du bien, c’était dur, car on se met tout seuls en danger. Alors voilà, on espère que d’ici la trêve hivernale, on sera remontés dans le top 4, histoire de partir en vacances l’esprit tranquille. En début de saison, l’objectif, c’était de faire champion, mais là, ce n’est pas du tout le moment de dire autre chose que top 4. Parce que ça ne va pas bien.
Sauf pour vous, qui êtes le meilleur joueur de l’équipe depuis le début de la saison. Ce qui est plutôt mauvais signe, quelque part…
C’est valorisant, oui, mais c’est vrai qu’en général, quand le gardien est désigné meilleur joueur de l’équipe, c’est qu’il y a des soucis et beaucoup trop de ballons qui arrivent jusqu’à moi. Ça pose problème. J’espère en toucher moins ces prochaines semaines.
Bon, malgré tout, vous possédez la quatrième meilleure défense du pays.
Oui, ça reste cohérent, mais ça ne veut rien dire parce que les buts qu’on prend sont très largement évitables. Et il n’y a pas que ça : offensivement, on est trop pauvres par rapport aux attentes. On manque d’efficacité, surtout dans l’avant-dernier geste. Forcément, dans ces conditions, on ne peut même pas en arriver au dernier geste.
Que pensez-vous de la décision d’Aniello Parisi de passer au 3-5-2 ?
Moi, j’aime bien, parce qu’ainsi on aura plus d’apport offensif dans les couloirs. Grâce à ça, on devrait pouvoir commencer à faire des différences dans les prochaines semaines. Mais il faut le temps que ça prenne.
Depuis le début de la semaine, il y a un groupe B de 8-9 joueurs qui s’entraîne avant nous. Pour moi, c’est une bonne décision
En attendant, quelle est l’ambiance dans cet effectif étouffant de concurrence ?
C’est l’ADN des clubs dirigés par Flavio Becca que d’avoir un groupe de plus de trente joueurs. Eh oui, c’est compliqué de s’entraîner dans ces conditions. Sauf que, depuis le début de la semaine, deux groupes ont été mis en place avec un effectif B de huit-neuf joueurs qui va devoir faire ses preuves et qu’on ne croise plus beaucoup, puisqu’il s’entraîne avant nous. Pour moi, c’est une bonne décision parce qu’on ne pouvait pas continuer à s’entraîner à 33-34. Ces joueurs ne sont pas exclus, ils peuvent encore revenir, et ceux du groupe A ne peuvent pas se reposer sur leurs lauriers. Mais ceux du groupe B doivent se remettre en question.
Voilà que revient le Progrès sur votre route, en Coupe, dans un match qui coûtera une chance européenne à l’un des deux clubs. Est-ce très embêtant ?
C’est vrai qu’on aurait préféré un « petit » vu la situation dans laquelle on se trouve. Avoir la chance d’aller chercher un tour préliminaire grâce à la Coupe, c’est un plus si ça ne se passe pas bien en championnat. Mais après notre duel (NDLR : face à Niederkorn, il y a deux semaines, score final 1-1) en championnat, on a la certitude qu’on aurait pu l’emporter très facilement. Bon, après, en fin de match, il y a cette petite erreur de ma part qui coûte l’égalisation en fin de rencontre. Il y a une mésentente, j’assume mes responsabilités, ce but est de ma faute. Mais il y a largement moyen d’aller gagner là-bas.
Avec vous ou avec Youn Czekanowicz ?
Youn a joué le premier tour. Ça ne me dérange pas de lui laisser la Coupe, il travaille super bien. En plus, moi, je suis JT et pas Luxembourgeois, alors si ça peut aider dans la gestion du groupe…
Vous restez quand même comme le premier gardien de but du pays qui, cet été, a remporté son duel en face-à-face avec Jonathan Joubert, un monstre sacré qui a évincé toute forme de concurrence depuis plus de vingt ans, et l’a forcé à retourner au F91.
À partir d’un moment, je savais que je finirais soit au Swift, soit au F91, en fonction des décisions de Flavio Becca. Qui un jour m’a dit « tu seras l’un de mes futurs gardiens ». Je savais en arrivant que j’allais affronter un très grand gardien, avec une immense carrière, mais vu son âge, on savait que cela ne durerait plus très longtemps non plus. C’est pour ça qu’on m’a fait venir. J’espère la même carrière que lui et passer dix-douze ans au Swift, qui sait ! Pour le moment, j’ai un contrat de cinq ans et j’espère pour le moment donner satisfaction. Je sais qu’on est content de moi. J’ai gagné des points. J’en ai sauvé.
Malgré un rythme de vie assez intense paraît-il…
Oui, je vis toujours à Sedan. Cela fait six ans maintenant, depuis que je suis arrivé à Virton, que je fais les aller-retours tous les soirs pour les entraînements. Il y a 1h20 de route et cela me fait dans les 50 000 kilomètres par an, mais je vis dans une maison et je n’ai pas envie de sacrifier ça pour vivre dans un tout petit appartement au Luxembourg parce que les loyers sont trop élevés. Mais je vais attendre que ma petite fille termine sa maternelle, en 2022, et on va voir si on ne peut pas se rapprocher…
Entretien avec Julien Mollereau