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Dudelange, une rémission en 96h chrono


"On avait perdu beaucoup de crédit et il nous fallait montrer un minimum de fierté", analyse Joubert. (Photo Luis Mangorrinha)

Le F91 est parvenu à redevenir lui-même en seulement 96 heures, entre Pétange et Rosport. Comment ? Sans presque rien faire de particulier, apparemment.

« Ça a été une semaine calme. On n’a même pas vu Flavio Becca. Il aurait pu menacer de tous nous virer ou de ne pas nous payer, il l’a déjà fait, mais non, rien. » La phrase va faire bondir Romain Schumacher, un président soucieux des us et coutumes du milieu et irrité par la facilité qu’ont les joueurs ainsi que les médias à se réfugier derrière la notion d’anonymat quand les sujets deviennent trop sensibles et même un peu dangereux.

Lundi, au lendemain d’un récital dudelangeois à Rosport (victoire 0-7), moins de 96 heures après une faillite collective saisissante sur la pelouse de Pétange en match en retard de la 2e journée, on a voulu simplement savoir une chose : comment passe-t-on du néant d’un champion à ce retour du totalitarisme ? «En parlant, raconte ce joueur qui ne souhaite pas être cité. Certains ont dit que l’objectif reste d’être champion !»

«On avait perdu beaucoup de crédit»

C’est drôle, ce n’est pas ce que dit le porte-voix officiel du club dans ce genre de moment important, l’inamovible Jonathan Joubert. «On ne parle plus du titre pour le moment. Vous, les journalistes, avez bien dit que c’était fini, non ?!» Peut-être pas dit, mais fortement sous-entendu, c’est un fait. Et voilà que comme pour mieux nous contredire, cette bande de freluquets jamais là où on l’attend, nous sort d’on ne sait où un match référence qu’on n’attendait plus tant son début de saison a été calamiteux à tout point de vue, même lors de la victoire inaugurale contre le promu, Mühlenbach (3-1). Dans le même temps, le Progrès et Differdange, les deux leaders, perdent, l’écart revient à des proportions toujours extrêmement inquiétantes mais un poil plus raisonnables et l’ensemble des suiveurs du barnum dudelangeois (qui repasse par la case Europa League cette semaine), se retrouve sans trop savoir que dire…

On jurerait que cela leur plaît. En tout cas, passer derrière les micros est bien plus facile après un succès de sept buts qu’après une défaite de deux.

Joubert ne fuit jamais les médias que ce soit dans un cas ou dans l’autre, mais il préfère la douce revanche consistant en le fait d’être respecté de nouveau : «On était vraiment sous pression après la claque de Pétange. On a eu des discussions. Il fallait tôt ou tard qu’on retrouve notre chemin. On n’allait quand même pas rester comme ça… On avait perdu beaucoup de crédit et il nous fallait montrer un minimum de fierté.»

«On a envie de rêver»

Il leur fallait aussi montrer autre chose. Bertrand Crasson, jusqu’alors beaucoup décrit avec un maximum de complaisance comme un gentil organisateur («Il a ramené de la sérénité, du calme et beaucoup plus de plaisir», a redit Joubert lundi), a opéré quelques choix qui interpellent. Ils ne seront qualifiés de choix forts que s’ils se transforment en quelque chose de permanent qui va au-delà de cette démonstration de force face au Victoria. Sans quoi, ils s’inscriront dans la logique de la tournante spéciale semaine anglaise. Mais le doublé d’un Muratovic qu’on redécouvre enfin en pointe à un endroit où personne ne s’impose, la belle prestation d’un Lesquoy côté gauche alors que Kirch peine encore à retrouver son exceptionnel niveau des années Fola, la capacité d’un Bougrine à porter le ballon et donc à éviter de le partager avec l’adversaire, vaudront la peine d’être revus en DN.

Et en Europa League, jeudi, contre Qarabag ? «On a envie de rêver. On pense tous à un résultat», martèle Joubert, qui doit forcément plus y croire après Rosport qu’après Pétange. «Cela n’a rien à voir, les deux approches sont complètement différentes. Ce n’est pas parce qu’on a battu Rosport qu’on se sent mieux aujourd’hui. C’est un contexte différent.» Et ils ont 96 nouvelles heures pour s’y préparer et parvenir, encore, à nous surprendre. Positivement si possible, puisque c’est leur habitude européenne…

Julien Mollereau