BDO TT League (finale, 2e manche) – Dudelange a remporté son troisième titre de suite, hier, face à une équipe d’Etzella qui a trop mal démarré pour pouvoir rêver (5-2).
En battant Sven Hansen en trois sets, Christian Kill s’est offert le statut de héros de cette finale. (Photos Julien Garroy)
Il fallait voir Christian Kill sprinter, hier dans le hall sportif de l’annexe du lycée Nic-Biever, pour mesurer la joie du DT Diddeleng. Pour le symbole, c’est donc ce pur produit dudelangeois qui a apporté le point de la victoire, en terrassant Sven Hansen (3-0), qui lui avait infligé la même correction une semaine plus tôt au Deich, lors de la première manche remportée par Dudelange (3-5). Difficile de mieux raconter cette deuxième manche que par ce succès de Kill, porté par un public bouillant qui a joué un rôle important dans la victoire finale.
Ce n’est pas parce que le club fort de la décennie a réalisé hier son troisième doublé Coupe-championnat consécutif qu’il se lasse de ces moments de bonheur. On ne va pas se mentir, une finale n’est pas un match comme un autre. Jouée devant 330 spectateurs, la rencontre d’hier a été vécue comme une vraie récompense pour tous ses acteurs, heureux de voir le contraste avec les matches de saison régulière qui se disputent sous les yeux d’une poignée de mordus.
Reste que cette atmosphère, Dudelange la connaît par cœur et c’est sûrement ce qui explique pourquoi, sur les six matches joués jusqu’au 5e set sur l’ensemble de la finale, cinq ont penché en faveur du champion. L’expérience et la gestion des émotions ont joué un rôle primordial dans cette finale. Hier encore, la différence s’est faite dans les matches serrés. Si Dudelange a mené 4-0, ce n’est pas parce qu’il a martyrisé son adversaire mais qu’il a été plus malin pour remporter trois de ces matches au cinquième set.
Déjà battu sur ce score par Yang Min il y a une semaine, Dragos Olteanu a remis ça. Il est tombé sur un Chinois bien trop fort et bien plus roublard dans la dernière manche. Le Roumain avait pourtant un plan infaillible. Entre chaque set, coaché par Stéphane Dijou, il lisait un petit papier sur lequel il avait écrit méticuleusement comment il devait servir à tel moment. Cela n’a pas suffi.
Son coéquipier Irfan Cekic s’écroulait aussi après avoir eu le match en main contre Gilles Michely. Et Sven Hansen dans tout ça ? Le héros malheureux de la première manche, qui avait fait le plein à Ettelbruck, butait à son tour contre Bast après avoir fait la course en tête. Ces trois coups durs, associés à la défaite encourageante de Thillen face à Kill (1-3), plombaient le moral des visiteurs.
> Cekic relance le mini-suspense
À 4-0, la pause d’un quart d’heure permettait à Etzella de se mordre les doigts pendant que la préoccupation principale des Dudelangeois était de faire tourner la buvette. Mais le DT Diddeleng a beau être un épouvantail, il n’en reste pas moins humain.
On s’attendait à ce que Michely ou Yang flingue la feuille de match dès la reprise, respectivement face à Olteanu et Cekic, deux adversaires qu’ils avaient battu à Ettelbruck ? Niet. Alors que le Roumain étouffait Michely en l’agressant à la table, Cekic livrait son meilleur tennis de table et montrait qu’il avait aussi parfois des nerfs d’acier, en sauvant une balle de match dans le 4e set face au Chinois avant de le plier dans le 5e.
À 4-2, il aurait fallu deux exploits de plus. À bout de force, le jeune Éric Thillen (14 ans), salué par le président de la FLTT André Hartmann à l’issue de la finale, essayait de résister à Bast (un set partout) mais souffrait de plus en plus de l’épaule. Il n’aura pas le temps d’aller au bout de son match puisque sur l’autre table, Christian Kill décidait d’être le héros de la journée.
Ce Dudelange-là était vraiment trop fort. Son palmarès affolant depuis 2013 ne veut pas dire qu’il n’y a pas de concurrence, mais que Gilles Michely et sa bande la domptent en laissant le hasard de côté. Il y a une grande part de logique dans la démonstration de force dudelangeoise, dont l’équipe est composée du meilleur Chinois du pays et de trois Luxembourgeois qui ont tous atteint le dernier carré des championnats nationaux individuels cette année. Le genre de cocktail contre lequel il est difficile de résister. Même quand on s’appelle Etzella.
Matthieu Pécot