À partir de ce dimanche sur les routes montagneuses du Tour de Suisse, Jempy Drucker (Cofidis) va tenter de décrocher sa sélection pour le Tour.
Comment se présente ce Tour de Suisse ?
C’est montagneux, très montagneux…
Même les deux premières étapes paraissent dures sur le papier…
C’est la mode, en effet, si on voit les étapes du Dauphiné. C’est un peu la même chose. Pour une course d’une semaine, je trouverais normal qu’il y ait une étape au moins pour sprinteurs et deux autres où il est acceptable de placer une bosse à la fin pour garder du suspense, savoir si les sprinteurs passent ou pas, pour garder du mouvement. Mais là, c’est dur… Même pour les coureurs du classement général, ils ne peuvent pas débrancher comme c’est le cas lorsqu’il y a au moins une étape pour sprinteurs. Ils seront obligés d’être chaque jour à fond.
Et vous aurez deux chronos à effectuer en une semaine…
Oui, j’aurais préféré une étape plate pour sprinteurs à la place d’un chrono. C’est comme ça.
Passons à votre actualité personnelle, derrière ce Tour de Suisse, il y aura le Tour de France ?
Là, je ne sais pas, hein (il rit)… La sélection de mon équipe Cofidis sera officialisée après le Tour de Suisse. C’est bien, je trouve. Pour le Tour, il faut envoyer les meilleurs coureurs du moment, c’est honnête. Si on ne me juge pas sur la place que j’aurai dans les cols, ça m’ira bien (il rit).
Sur le Tour de Suisse, tous les coureurs sortent du bus avec le couteau entre les dents !
Plus sérieusement, vous êtes placé sous pression avec cette sélection à décrocher ?
Non, franchement pas. Si je ne suis pas sélectionné pour mon premier Tour de France, alors ma vie va continuer. Bien sûr, c’est un objectif dans ma carrière. Mais je trouve plus grave que je n’ai pas pu prendre le départ, en 2019 pour blessure, et l’an passé pour cause de pandémie, de Paris-Roubaix. Si je ne fais jamais le Tour durant ma carrière, alors ce sera comme ça. Cela reste un rêve d’y participer une fois, mais pour moi, ça ne change pas grand-chose. Alors qu’une participation à Roubaix reste pour moi quelque chose de primordial. Mais pour le Tour, bien sûr que la motivation est là. J’y pense, et je crois que c’est jouable. À moi de démonter que je fais du bon boulot et que ma forme est bonne. Que je mérite ma place dans la sélection et aussi dans le peloton du Tour.
On peut estimer que vous êtes encore quatre coureurs pour deux places…
Je n’ai pas fait de calcul. Le plan, dès le début, c’est que je sois dans la liste élargie depuis le début de saison. J’ai certes raté mes classiques flandriennes (NDLR : il est tombé malade sur Tirreno-Adriatico, sa course de préparation), mais une fois être revenu, je pense avoir fait du bon travail sur le Circuit de Wallonie, le Tro Bro Leon et récemment sur les Boucles de la Mayenne. Je me sens beaucoup mieux sur le plan de la forme et de la santé qu’en avril dernier sur le Tour des Flandres.
Dans ce contexte, que comptez-vous faire dans ce Tour de Suisse ?
Même si je ne fais pas le Tour, cela me fera du bien physiquement. L’an passé, je n’ai pas disputé de grand tour, seulement Paris-Nice, une course d’une semaine. Les grands cols, ça me fera du bien, même pour la suite de la saison. J’ai hâte d’être au départ en dépit des difficultés. Il y a de belles routes, de jolis paysages, mais bien sûr, ça roule toujours vite, car dans beaucoup d’équipes, les dernières places se jouent là, sur le Tour de Suisse. Je me souviens d’une année, du temps où j’étais chez BMC, Greg Van Avermaet avait fait la remarque que ça roulait plus vite que sur le Tour de France. Tous les coureurs sortent du bus avec le couteau entre les dents ! Mais bon, j’imagine que le Tour roule quand même vite…
Entretien avec Denis Bastien