DJ Wilson a, comme beaucoup, été très marqué par la mort de George Floyd. Le joueur de l’Arantia s’est exprimé sur les réseaux sociaux pour dénoncer notamment le racisme, auquel il a lui-même été confronté.
Depuis un peu plus d’une semaine, l’image de George Floyd, un Américain noir de 46 ans, étouffé par un policier qui a posé un genou sur lui, les mots de l’homme «I can’t breathe» et son décès tragique à la suite de cette intervention à Minneapolis tournent en boucle sur les télés et les réseaux sociaux du monde entier.
Sa mort a marqué les esprits un peu partout, de nombreuses stars (Michael Jordan, Coco Gauff, LeBron James, Lewis Hamilton…) réagissent en dénonçant la violence policière envers les personnes de couleur et des émeutes ont enflammé plusieurs villes aux États-Unis.
Au Luxembourg également, on n’est pas insensible à ce qui se passe. Et DJ Wilson a rapidement posté un premier message sur Facebook dans lequel il mettait côte à côte la photo du policier avec le genou sur la gorge de George Floyd et celle du footballeur américain Colin Kaepernick, qui s’était agenouillé pendant l’hymne américain pour protester contre le racisme et les violences policières : «La seule option que je n’ai plus, c’est de ne rien dire», explique le joueur de l’Arantia.
«Je ne cautionne pas, mais je comprends»
«La brutalité policière envers les Noirs est une réalité qui existe depuis très longtemps. Et si je ne cautionne bien évidemment pas les émeutes qui ont suivi, je comprends pourquoi les gens sont enragés et furieux.»
Né d’un père noir (Derek Wilson, ancien joueur d’Etzella, Contern ou Walferdange) et d’une mère blanche, DJ Wilson a, lui-même déjà été confronté au racisme. S’il en a fait l’expérience à North Carolina en 2011 où il étudiait : «C’était sous la présidence Obama, comme quoi le nom du président n’est pas forcément important», mais également à Atlanta ou Boston, il l’a aussi vécu au Luxembourg ou en Allemagne : «Je me rappelle qu’une fois avec l’équipe on est allés dans un club et tout le monde est entré, sauf notre joueur noir et moi.»
Le basketteur à la double nationalité américaine et luxembourgeoise a pu souffrir de marques de racisme ordinaire dans ses jeunes années, y compris au Luxembourg : «On m’a peut-être dit les « N » words mais je ne m’en rappelle pas. Le racisme est quelque chose de subtil, les gens n’en ont parfois même pas conscience, ils ne le font même pas exprès.»
DJ Wilson, dont une grande partie de la famille est aux États-Unis, dénonce cette situation : «J’ai des cousins noirs qui font 2 m et qui ont peur. Ce n’est pas normal d’avoir peur à cause de sa couleur de peau. Mes grands-parents, qui sont noirs, ont connu les années 60 et m’ont parlé de leur expérience, ma famille a connu ça.»
On pourrait croire que beaucoup de choses ont changé depuis que Rosa Parks a refusé, en décembre 1955, de laisser sa place à un Blanc dans un bus. Depuis que Martin Luther King s’est battu pour abolir les lois ségrégationnistes aux États-Unis… mais aux yeux de DJ Wilson, la situation n’a pas vraiment changé : «LeBron James est millionnaire, mais l’homme noir de base vit dans la pauvreté», souligne-t-il. «La différence avec les années 60, c’est qu’il y a les réseaux sociaux et que maintenant, tout le monde est au courant de ce qui se passe.»
«La maladie, c’est le racisme»
Le jeune homme de 28 ans regrette qu’on s’intéresse presque désormais davantage aux émeutes qu’aux raisons qui leur ont donné naissance : «Les émeutes, ce sont les symptômes. Dans quelque temps, ils vont disparaître. Mais la maladie – le racisme – sera toujours là.» C’était d’ailleurs la même chose avec Colin Kaepernick : «Les gens ont réagi par rapport à sa réaction, mais ils ont tendance à oublier la raison pour laquelle il avait décidé de s’agenouiller.» Et par ces posts (il en a écrit trois), il espère simplement apporter sa petite pierre à un édifice qui sera forcément immense.
En effet, on ne change pas les mentalités en un claquement de doigts. Mais des petits signes positifs peuvent toutefois prêter à un certain optimisme : «On voit des policiers, des gens de toutes les couleurs qui se mobilisent pour protester contre les violences policières et qui appellent au rassemblement.»
Ce n’est effectivement que par le dialogue qu’on trouvera une solution. Pour DJ Wilson, c’est une évidence. Un premier message pour dénoncer la situation. Un deuxième dans lequel il fustigeait la réaction du président Trump, qui préférait s’intéresser à la gestion de la ville de Minneapolis, dirigée par un démocrate plutôt qu’à la raison de la colère de ses habitants. Et dans son troisième et dernier post, il invitait celles et ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui à le contacter : «Discuter avec quelqu’un qui est d’accord avec toi, ça n’apporte finalement pas grand-chose. Je trouve qu’il est important d’écouter ce que les autres ont à dire.» Avec ses messages, le joueur de Larochette a contribué au débat : «J’ai reçu des centaines de commentaires qui allaient dans les deux directions.» Au moins, le dialogue est engagé. Et ce n’est déjà pas si mal.
Romain Haas