Dans une lettre ouverte, la présidente du RFCU interpelle Taina Bofferding et Dan Kersch sur les discriminations qui subsistent dans le football féminin. La Ville de Luxembourg et la Fédération sont particulièrement visées.
Infrastructures inexistantes, absence de rémunération, calendrier à géométrie variable… Dans une lettre ouverte envoyée ce vendredi, à destination de la ministre de l’Égalité entre les hommes et les femmes et du ministre du Travail, la présidente du RFCU dénonce « une certaine discrimination voire une discrimination certaine du foot féminin au Luxembourg ». Au fil de son courrier long de quatre pages, Karine Reuter liste méticuleusement toutes les inégalités d’une situation devenue « ridicule » pour les femmes dans ce sport. La Ville de Luxembourg et surtout la Fédération luxembourgeoise de football (FLF) sont particulièrement visées par les mots de la présidente.
Pas d’infrastructure sanitaire
Pas de douche, pas de vestiaire, pas de WC et un terrain non agréé pour les matchs officiels. En quatre points, Karine Reuter place le décor du quotidien des joueuses du RFCU. Club féminin qui, pour rappel, s’est qualifié lors des deux dernières saisons pour la Champions League. Elle épingle par la même occasion la commune de Luxembourg en rappelant que des demandes ont été faites « à multiples reprises aux fins de mises en conformité ». Sans réponse visiblement. La présidente n’oublie pas de noter que tous les clubs masculins évoluant sur la commune de Luxembourg disposent de plusieurs terrains et d’infrastructures neuves. Tandis que les filles font avec ce qu’on leur donne, c’est-à-dire le minimum.
« Le traitement le plus déséquilibré vient de la FLF »
Si la commune est pointée sur les différences de traitements entre les sportives et les sportifs, la fédération de football n’est pas en reste quant aux discriminations, d’après Karine Reuter. « Le traitement le plus déséquilibré vient de la FLF elle-même » avoue-t-elle. La présidente revient, dans un premier temps, sur le calendrier du championnat féminin « très perturbé » car bouleversé par les matchs de l’équipe nationale masculine. Quand les Roud Léiwen jouent, les rencontres de foot féminin sont reportées. Lorsque la situation inverse se présente, rien ne bouge du côté des garçons. La présidente du RFCU souhaiterait que ce calendrier à géométrie variable cesse mais son combat semble loin d’être gagné.
« La Fédération ne prend pas très au sérieux cette problématique » souffle-t-elle en citant notre interview de la responsable auprès de la Fédération du football féminin, Carine Nardecchia. « Il faut aussi savoir pourquoi c’est comme ça ! Il y avait déjà un problème de disponibilité des terrains et ensuite de manque d’arbitres. » Une déclaration que Karine Reuter décrit comme « une baffe dans le visage des joueuses féminines » en rappelant que « toutes les équipes seniors du championnat inférieur ont joué ce week-end ».
En plus de ces problèmes de calendrier, le football féminin au Luxembourg est également impacté par les inégalités de rémunérations, par le nombre d’arbitres limité lors des matchs chez les dames (un seul arbitre et pas d’arbitre de ligne chez les filles) et par les différences d’organisations et de traitement au sein du championnat. Les points cités dans la lettre ouverte de Karine Reuter sont éloquents et « très loin d’une politique d’égalité et de non-discrimination ». Il est certain qu’ils décrivent une situation qui n’est pas spécifique au club du RFCU. Le chantier pour l’égalité entre homme et femme dans le sport demande encore beaucoup de travail. La réponse de Taina Bofferding et de Dan Kersch est très attendue.
Guillaume Oblet