Ce mardi soir, le RB Leipzig et Dino Toppmöller se rendent au Parc des Princes pour défier un PSG en Ligue des Champions qu’ils avaient battu à l’aller. L’occasion de prendre des nouvelles de l’ancien du F91 et de Hamm Benfica.
Arrivé cet été dans le staff du RB Leipzig, Dino Toppmöller y a découvert la «galaxie» Red Bull. Un monde forcément un peu à part pour un jeune technicien qui venait d’enchaîner les bancs de Hamm Benfica, de Dudelange et de Virton. Aujourd’hui, l’ancien attaquant de Manchester City, Bochum ou de l’Eintracht Francfort a quitté la Grande Région et a déménagé avec sa famille à Leipzig. «On se sent bien ici», souriait le nouveau quadragénaire (il a fêté ses 40 ans lundi) au moment de nous accorder une interview effectuée en français. Une langue qu’il continue à très bien maîtriser, la pratiquant avec les nombreux francophones du cadre du RB.
Comment cela se passe-t-il pour vous depuis votre arrivée ?
Dino Toppmöller : Très bien. J’ai une bonne relation avec le coach principal, Julian Nagelsmann. Et le sentiment qu’on forme une véritable équipe avec le staff. Et ça, même si chaque personne a ses tâches bien définies. Je fais partie d’un trio d’adjoints, mais il y a aussi trois préparateurs physiques, un entraîneur des gardiens, trois analystes, un psychologue… Une très belle organisation. Arriver ici, c’était un peu comme un rêve. Surtout que j’ai découvert un club où tout le monde tire dans le même sens. Il n’y a pas d’intérêt personnel qui prime. Seuls comptent l’équipe, le club…
Quand vous dites ça, vous pensez au F91 ou à Virton, par exemple ?
À Virton, par exemple (il sourit)… Là où je suis désormais, on laisse travailler les gens tranquillement. Et même lorsqu’on encaisse deux défaites consécutives, comme récemment à Manchester United et à Mönchengladbach, personne n’entre dans le vestiaire en voulant tout remettre en cause. Et ça, c’est ma vision de comment cela doit marcher. Tu choisis une personne et derrière lui un staff, et ce sont eux qui bossent, qui obtiennent les résultats. Et en sont responsables.
Infrastructures : Leipzig, c’est le top niveau en Allemagne
En quoi consistent vos fonctions d’adjoint ?
Comme je le disais, nous sommes un trio. Et moi, je suis en charge des phases arrêtées, mais aussi des analyses individuelles des joueurs francophones. Après, il y a aussi souvent des jours où le coach nous dit que c’est à nous de jouer, de donner la séance, en suivant bien évidemment la philosophie qui est prônée. On a également des réunions, notamment avec les analystes lorsque ceux-ci livrent leurs comptes rendus. Et chacun peut donner son avis. Le coach est du genre à être ouvert aux suggestions.
Même si vous êtes passé en tant que joueur par Manchester City ou Francfort, le changement a dû être important avec ce que vous connaissiez ces derniers temps…
Au niveau des infrastructures, c’est une évidence. Leipzig, c’est le top niveau en Allemagne et c’est aussi du top 10 continental! Donc, j’en profite.
Après, le fait que j’occupe ici d’autres fonctions a été un grand changement. Un grand pas. J’avais des possibilités pour rester entraîneur principal en D2 allemande. Cependant, quand Leipzig t’appelle, que son coach t’appelle, que son directeur sportif le fait aussi, cela change la donne. Pour moi, c’était clair, c’était ici que je voulais travailler.
Le poste d’entraîneur principal ne vous manque pas ? Vous vous voyez rester adjoint longtemps ?
Cela dépend… C’est possible que je veuille un jour le redevenir. Mais je ne peux pas l’affirmer à 100 %. Quand j’ai signé ici, il y avait pas mal d’inconnues. Je ne connaissais pas le club ni cette nouvelle fonction. Mais aujourd’hui, quatre mois plus tard, je peux déjà dire que j’ai effectué le meilleur choix possible. Sincèrement, je ne peux pas imaginer mieux. Et envisager de rester ici encore quelques années est hautement concevable. On s’entend vraiment très bien avec le coach. C’est un plaisir de travailler avec lui. Et de son côté, il m’a déjà dit qu’il voulait continuer à bosser avec moi. Pourquoi pas (il sourit).
On peut dire que vous êtes devenus amis avec Julian Nagelsmann ?
Le mot est peut-être un peu fort vu qu’on ne se connaît que depuis quatre mois, mais il y a de ça, oui. On a, en tout cas, un grand respect l’un envers l’autre. J’ai découvert quelqu’un d’intelligent, avec une vision incroyable du football. Un travailleur aussi, avec une grosse envie de gagner. Et à certains égards, il est un peu comme moi. C’est quelqu’un, par exemple, qui accepte facilement de ne pas être tout le temps dans la lumière…
On évoque souvent la « galaxie » Red Bull en disant qu’on y travaille de manière innovante. C’est vraiment si différent ?
C’est difficile de répondre, ne connaissant pas parfaitement ce qui se fait ailleurs… Néanmoins, quand on regarde ce qui a été réalisé depuis la création du club, en 2009… On entend souvent que c’est l’argent qu’il y a derrière qui a tout fait. Mais d’autres clubs ont eu de gros moyens sur cette période. Sans parvenir à faire aussi bien. Certaines choses ont été mises en place. Ralf Rangnick a véritablement lancé la machine voici quelques années. Et aujourd’hui, c’est à nous de poursuivre sur la même voie. On veut réussir à franchir la prochaine étape, celle de remporter quelque chose.
Une Bundesliga, une Coupe d’Allemagne ou une Ligue des champions ?
Cette dernière est peut-être encore un peu loin. Mais ce club continue à grandir. Oliver Mintzlaff, le directeur exécutif, a dit que Leipzig a toujours faim de faire mieux. Ce n’est pas mal comme slogan pour un club. Si tu termines vice-champion d’Allemagne, comme cela a déjà été notre cas, tu peux sans doute finir une fois premier. Le Bayern est peut-être actuellement la meilleure équipe du monde. On en est conscient, mais ce n’est pas pour ça qu’il n’y aura pas quelque chose à réussir dans le futur.
On dit que le RB Leipzig est le club le plus détesté d’Allemagne. Vous aussi, vous faisiez partie de ceux qui ne l’appréciaient pas trop ?
J’ai parlé un peu de ce phénomène avec l’une des personnes qui assurent notre sécurité lors des déplacements. Parce que je ne l’avais pas vraiment remarqué. C’est peut-être dû au fait que les stades sont à huis clos depuis mon arrivée. C’est normal qu’un club « né » en 2009 (NDLR : année où le SSV Markranstädt a été acheté par Red Bull pour créer le RB) n’ait pas vraiment de tradition. Moi, ce que j’ai constaté, c’est que c’est un club où, dans chaque secteur, on retrouve un expert. Où on travaille bien à tous les niveaux. En dix ans, Leipzig est passé de la D5 aux demi-finales de C1. Comment ne pas avoir un grand respect pour ce genre de choses ?
Après, pour en revenir à votre question, je ne savais pas grand-chose de ce club lorsqu’il était en D3 ou D4. Je ne l’ai vraiment découvert que lorsqu’il est arrivé en Bundesliga. Et ce que j’en ai vu était assez magnifique. J’ai adoré le pressing pratiqué, la vitesse de ce football.
Vous avez gardé le contact avec le Luxembourg ?
J’ai au minimum une fois par semaine Nelson (Morgado) au téléphone. Il était mon analyste vidéo et est aujourd’hui celui du F91. J’échange aussi régulièrement avec des joueurs… Et je suis l’évolution du championnat et, forcément, le beau parcours de Dudelange.
Vous avez reparlé avec Flavio Becca depuis votre départ de Virton voici pratiquement un an ?
Non. Si on est fâchés tous les deux? Non. On a travaillé trois ans et demi ensemble. Et durant cette période, on ne s’est jamais appelés que pour le travail. Tout ce qui était personnel, on l’abordait quand on se voyait, quand on allait manger ensemble. Donc, le fait qu’on ne se soit pas appelés n’a rien d’étrange. À l’époque de Virton, il a effectué un choix. J’en ai fait un autre de mon côté. C’est la vie…
Vous pourriez retravailler avec lui à l’avenir ?
Oui, pourquoi pas. Je suis très content là où je suis aujourd’hui, mais on ne sait jamais de quoi l’existence est faite. J’ai beaucoup de respect pour lui et lui en a pour moi.
Entretien avec Julien Mollereau