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Deville : «Celui qui joue en pointe a toujours des problèmes»


Maurice Deville, le numéro 21, détaille son rôle dans la sélection luxembourgeoise (Photo : Julien Garroy).

Maurice Deville a été préféré à Turpel, Da Mota, Gerson ou Joachim pour mener l’attaque luxembourgeoise, jeudi à Belfast. Il en ressort avec plein de sensations et d’analyses très intéressantes.

Maurice Deville n’avait plus été titularisé dans un match international depuis le 7 octobre 2016 contre la Suède (0-1). À l’époque, il avait joué… à droite, là même où Mannheim l’a mis sur orbite alors que Luc Holtz lui voit désormais un avenir en pointe. Deville a-t-il seulement renoué durablement le fil ténu qui le lie à la sélection depuis ses débuts, en 2011 ?

Comment vous êtes-vous senti sur la pelouse de Windsor Park ?
Maurice Deville : Bien, mais il aurait fallu que les derniers ballons arrivent devant le but. On n’est jamais vraiment parvenus à jouer ensemble, Gerson (Rodrigues) et moi. Comme sur ce ballon que je veux lui mettre, quand il va au premier poteau et que moi je lui mets au second. C’est lié à la communication ce genre de choses. Mais personnellement, j’ai manqué de chance sur deux ou trois actions. Une tête en première période sur laquelle le ballon est un peu haut. Une belle passe faite à Danel (Sinani) sur laquelle, s’il fait un contrôle correct, il peut partir seul au but. J’ai aussi fait cette remise sur Olivier (Thill) quand il frappe juste au-dessus. Voilà, je n’ai pas reçu beaucoup de ballons, mais le peu que j’ai reçus, je pense les avoir bonifiés.

Votre dernière apparition remontait déjà au mois d’octobre 2018 contre Saint-Marin. C’est dur de s’y remettre ?
Et encore, à l’époque, c’était juste cinq minutes. Cela fait finalement assez longtemps que je n’ai pas joué avec tous ces gars. Tout ce qu’on a eu pour renouer le lien, ce sont deux séances ensemble. C’est peu pour trouver des lignes de passes. Mais ça va venir.

Luc Holtz avait indiqué qu’il continuait de vous voir, malgré votre poste dans un couloir à Mannheim, comme un joueur d’axe. Cette position de n° 9 ne vous a donc pas surpris ?
Oui, on en avait parlé avant que je ne vienne. Moi, je fais ce qu’il veut, et savais ce qu’il voulait donc je ne suis pas déçu. Ce n’est pas le souci, ce poste…

Vous avez quand même dézoné quelquefois vers le couloir…
C’était prévu, ce n’était pas une initiative personnelle. C’était pour permettre à Gerson de rentrer parfois vers l’axe.

Il faut jouer le ballon plus vite

Qu’a-t-il manqué, à vos yeux, pour se créer plus d’occasions de but contre l’Irlande du Nord ?
De la vitesse. Il faut seulement jouer plus vite. Au moment où l’on récupère le premier ballon, il faut le jouer plus vite. On a parfois fait trop de passes, trop cherché à dribbler alors qu’en une ou deux touches… Pendant ce temps, les Irlandais reculaient et on se retrouvait avec onze joueurs derrière le ballon. Pourtant, au milieu, on a de très bons techniciens, alors qu’ils fassent les mètres plus vite, qu’ils utilisent leur technique. On devrait peut-être aussi plus jouer sur les débordements, les dédoublements, que jeudi soir.

Est-ce toujours évident d’évoluer en pointe quand, sur les côtés, sont installés deux garçons sur leurs mauvais pieds et qui rentrent souvent sur leur bon pied dans l’espoir de provoquer voire de frapper ? Cela ne réduit-il pas souvent le n° 9 à un rôle de remiseur ?
Ce n’est pas facile effectivement. Et c’est aussi pour ça, à mon avis, après avoir regardé les derniers matches que celui qui joue en pointe a toujours des problèmes. En tout cas, j’ai eu cette impression. C’est un poste où il y a beaucoup de changements. Si les ailiers entrent avec l’envie de frapper, tu ne peux pas faire grand-chose. Mais bon, c’est aussi notre jeu, le jeu du Luxembourg. Et si les ailiers sont bons, précis, qu’ils marquent, pourquoi changer ?

Du coup, cela pose la question de savoir qui peut bien occuper ce poste durablement, à commencer par mardi au stade Josy-Barthel contre la Serbie…
Moi, je ne pense pas qu’il faille énormément changer. Effectivement, on n’a pas eu d’occasion franche à 100 % devant le but, mais on a quand même bien joué, notre bloc défensif était solide… On a juste besoin d’une animation offensive plus rapide, y compris spécifiquement dans les 20 derniers mètres, le reste de la prestation de l’équipe était très satisfaisant.

Entretien avec Julien Mollereau