Le Belge Claude Criquielion est décédé mercredi matin à Alost après un accident vasculaire cérébral (AVC) à 58 ans seulement, et laissera l’image d’un champion généreux et offensif, l’un des meilleurs de sa génération dès que la route s’élevait.
« Claudy » Criquielion avec son maillot de champion de Belgique au GP de Wallonie en 1991, sa dernière année pro. (Photo : AFP)
« Claudy », ou « Le Crique » avait mené sa carrière professionnelle de 1979 à 1991, décrochant le titre mondial en 1984 à Bercelone. Avec Philippe Gilbert, il est considéré comme l’un des plus illustres coureurs wallons de l’histoire. Un Wallon aux airs de Flamand. Puisqu’il est à ce jour le dernier vainqueur wallon du Tour des Flandres. C’était en 1987. « Mes terrains d’entraînement, ce ne sont pas les côtes de l’Ardenne mais bien davantage les bosses de Flandre », se plaisait-il à répéter.
Il habitait effectivement non loin des routes qui ont fait la légende du « Ronde ». Reste que son plus grand regret est de n’avoir jamais remporté Liège-Bastogne-Liège, que ce grimpeur présentait comme la plus belle des courses pour un attaquant de sa trempe. « Le Crique » s’y est incliné en effet à trois reprises, de justesse, face à l’Italien Moreno Argentin, bien meilleur sprinter que lui. « C’est mon plus grand regret, racontait-il dans les colonnes du quotidien Le Soir. On a attendu que je prenne ma retraite pour modifier le parcours qui se termine désormais -enfin!- par une bosse ».
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Faute de « Doyenne », son palmarès compte tout de même de sacrés faits d’armes. Parmi sa soixantaine de succès professionnels, figurent notamment un Tour des Flandres (1987), la Clasica San Sebastian (1983), deux Flèches wallonnes (1985 et 1989) et le Tour de Romandie (1986). Ainsi qu’un titre de champion de Belgique en 1990. Ce palmarès aurait été plus impressionnant encore sans ses limites au sprint et en contre-la-montre, exercice qu’il détestait.
Malgré ces lacunes, il s’est classé tout de même à cinq reprises dans le top-10 du Tour de France, 5e en 1986. Il avait aussi été privé d’un deuxième titre mondial en 1984, chez lui à Renaix, lorsque le Canadien Steve Bauer l’avait balancé dans les barrières alors qu’il s’apprêtait à remporter un sprint qui sacra finalement l’Italien Fondriest, tout surpris de s’imposer. Après sa carrière, Criquielion s’était reconverti comme directeur sportif. Entre 2000 et 2004, il a fait parler son sens tactique à la tête de l’équipe Lotto, révélant des coureurs comme Axel Merckx, Mario Aerts ou Rik Verbrugghe.
« Sans son sens de la course et sa gestion du final, jamais je n’aurais gagné la Flèche wallonne », rappelle ce dernier. Lassé par les querelles communautaires, Criquielion avait quitté la formation Lotto puis avait fini par disparaître définitivement du monde du cyclisme en 2006. « Trop de stress, trop de disputes, trop de pression », disait-il. C’est dans la politique locale qu’il avait trouvé une autre motivation. Il était échevin (adjoint au maire) de la ville de Lessines, notamment chargé des sports.
Fauché dans la nuit de dimanche par un AVC, « Le Crique » n’aura pas eu le temps d’aller au bout de ses nombreux projets. En cas de décès, il avait tenu à faire don de ses organes, a révélé sa famille mercredi dans un communiqué de l’hôpital d’Alost. Une dernière preuve de sa générosité. Mercredi, le Premier ministre belge, Charles Michel, a salué « un grand sportif mais aussi un homme proche et à l’écoute des gens ».
AFP