L’édition 2021 du Luxembourg Open à peine achevée sur le succès de Clara Tauson, Danielle Maas, la directrice du tournoi, annonçait la fin de l’épreuve. Du moins, sous le label WTA…
S’agissait-il bien du dernier tournoi à Kockelscheuer ?
Danielle Maas : Cette question d’arrêter, on se l’était déjà posée avant même le début de cette édition. Et, je vous l’annonce, il s’agissait du dernier tournoi WTA ici à Kockelscheuer.
Quelles sont les raisons à cette décision ?
On a eu trop de problèmes autour du tournoi. Trop de contraintes et une réglementation qui étaient quasiment inapplicables. De notre côté, on avait mis en place un concept Covid Check qui fonctionnait très, très bien et dont on était donc très contents. Mais voilà, ce n’était visiblement pas suffisant aux yeux de la WTA. Avant le tournoi, on s’était dit qu’on ne voulait pas à cause du covid-19 ou de la pandémie, on a relevé le challenge et décidé de faire cette édition. Mais cela s’est révélé vraiment très difficile. Surtout, je le répète, en raison des décisions de la WTA. Cette fois, on avait l’impression de ne pas marcher dans le même sens. On ne pouvait donc pas donner au public, à la presse et aux sponsors tout ce que nous sommes, normalement, habitués, à fournir. Jusqu’à présent, il y a toujours eu une atmosphère familiale. Et c’était pour nous très important. C’est d’ailleurs là-dessus que nous avions bâti notre renommée auprès de la WTA et des joueuses. Mais cette année, nous l’avons perdue. Et quelque part, on ne se retrouvait plus, en tant qu’organisateurs, au travers de notre propre tournoi. Cette année, nous n’avions rien à dire. À la moindre de nos demandes, de nos souhaits, on nous opposait le règlement de la WTA.
Le 2e tour de Mandy Minella, on souhaitait le programmer à 18 h. Mais la WTA a refusé. Pourquoi ? Je ne sais pas…
À quelle occasion par exemple ?
Le 2e tour de Mandy Minella, on souhaitait le programmer à 18 h. Mais la WTA a refusé. Pourquoi ? Je ne sais pas…
Est-ce que l’IWTP continue ?
Oui, un projet est déjà lancé, mais il faudra attendre encore un peu, car on ne peut rien vous dire pour l’instant. C’est trop tôt. Il faudra attendre encore quelques semaines. Maintenant, les choses avancent, car on a déjà discuté avec nos partenaires et je pense qu’on pourra compter sur de nombreux soutiens. Le but majeur de l’IWTP est de promouvoir le tennis féminin au Luxembourg et la promotion du Luxembourg au travers du tennis féminin. Mais ça n’a pas été le cas. Par exemple, d’habitude, les sponsors avaient le droit à des visites des joueuses. Mais là, tout était défendu. Et, dans ces conditions, je ne vois pas quel plaisir on peut avoir. Et puis, la WTA nous avait fixé cette date. D’un côté, c’est bien de pouvoir jouer, mais on ne souhaitait pas se retrouver durant la même semaine que le Tour de Luxembourg cycliste pour ne pas lui faire de concurrence. Il y a six mois, on avait fait une demande officielle pour modifier la date. En vain. Et c’est cette même date qui était prévue l’année prochaine…
Je peux vous dire que ce n’était pas gai du tout
Vous étiez encore sous contrat avec la WTA pour l’année prochaine…
Oui, il nous restait un an, mais on a trouvé un accord. C’est réglé.
Qu’est-ce qui vous a véritablement excédée durant cette semaine ?
C’était le 25e anniversaire du tournoi WTA. Lors du Gala, aucune joueuse n’était présente car on leur a défendu de venir. Aucun représentant de la WTA n’avait daigné se déplacer… Et puis, la programmation… Si on doit être un tournoi WTA, on doit travailler en équipe. Pour le match de Minella, RTL avait demandé à ce qu’il se joue à 18 h. D’autres également avaient fait cette demande. Ce refus a été de trop et on s’est demandé quel était l’intérêt d’organiser tout ça. Je rappelle que nous sommes tous des bénévoles et nous n’avons rien à gagner. Pour moi, dans leur esprit, les joueuses peuvent jouer ici, à Berlin, au Kazakhstan, à Lyon, c’est pareil.
Vous regrettez cette uniformisation ?
Je rappelle que beaucoup de tournois ont déjà arrêté en cours de route. Maintenant, au vu de l’investissement de tous les membres du comité, je suis très heureuse que nous ayons réussi à organiser ce tournoi de manière convenable. Si je prends l’exemple de Linz, ils avaient une date, puis mis ensuite Indian Wells à côté et maintenant, au mois de novembre, ils ont mis le Masters. Ils font n’importe quoi avec les tournois.
Cette décision est-elle définitive ?
Oui, elle l’est. Maintenant, on va continuer notre collaboration avec Octagon (NDLR : branche mondiale de marketing de contenu sportif et de divertissement du Groupe Interpublic of Companies), qui est notre partenaire depuis 30 ans. On va établir un nouveau format. Notre but est de promouvoir le tennis féminin et le Luxembourg « let’s make it happen » par le biais du tennis féminin.
S’agira-t-il d’un tournoi ?
Je ne peux rien dire. Il faut d’abord établir le concept, car il y a beaucoup d’idées. Si on a de la chance, on devrait avoir des choses plus concrètes d’ici fin novembre.
Jusqu’à présent, on a évoqué la fin de ce tournoi sur un plan purement technique. On imagine que pour vous, cela doit être un moment difficile et chargé d’émotions…
Non, c’est un grand soulagement pour nous tous car je peux vous dire que ce n’était pas gai du tout. Ce tournoi, notre comité l’a toujours organisé, car on avait un vrai plaisir à le faire. Mais cette semaine, du plaisir, il n’y en a pas eu. Je suis très soulagée. Et la seule chose que je peux encore ajouter, c’est que nous sommes tous motivés pour regarder droit devant nous.
Au fait, quelle fut la réaction de la WTA à la suite de votre annonce ?
Je ne sais pas… Moi, je n’ai rien dit à la WTA avec qui je ne communique plus trop. Octagon va s’en charger.
Entretien avec Charles Michel