Quelles incidences la pandémie aura-t-elle sur les compétiteurs ? Michel Wolter, l’entraîneur national, tente d’y répondre.
Ce dimanche, comme depuis une bonne quinzaine d’années tous les deuxièmes dimanches de décembre, le cyclo-cross de Préizerdaul aurait été pour certains une belle occasion de prendre un bol d’air, en parcourant le tracé qui pour le coup aurait été boueux à souhait. Puis, pourquoi pas de s’arrêter boire un vin chaud au stand tenu par la maman de Lex Reichling, le champion en titre qui n’aura finalement couru que quatre fois avec son tricot. On aurait croisé dans les parages Gust Bausch, chronomètre en main, bonnet de père Noël vissé sur la tête, en quête de repères pour le compte de l’éternel Gusty. Ou Pol Thiltges, le papa de Scott, vélo en main en train de faire la navette entre les deux postes de dépannage que le parcours propose. Et tant d’autres sûrement.
Mais l’épidémie est passée par là. En un an seulement, tant de choses ont changé. Tant de choses ont bousculé les habitudes, transfiguré notre quotidien, défiguré les compétitions sportives au point qu’elles apparaissent aujourd’hui atrophiées, le plus souvent tout simplement annulées. Pour la discipline hivernale, qui a rassemblé au début de la saison une participation record, surtout dans les catégories de jeunes, c’est évidemment un coup dur.
« C’est une période difficile », confirme Michel Wolter , l’entraîneur national qui est également l’entraîneur de Marie Schreiber, récente deuxième de la manche de Coupe du monde juniors de Tabor. « Au niveau local, explique-t-il , toutes les épreuves, sont, comme on le sait, annulées, et à l’étranger, aussi c’est difficile. Ce mercredi, on a appris qu’un cyclo-cross en Autriche auquel devait participer Marie (Schreiber) était finalement annulé. De semaine en semaine, les mauvaises nouvelles s’enchaînent. Du coup, on essaie de se fixer des objectifs intermédiaires… » Hormis les prochaines manches de Coupe du monde organisées en Belgique (20 décembre à Namur et 27 décembre à Dendermonde) toujours programmées, il n’est pas dit qu’elle pourra s’aligner dans une nouvelle épreuve avant le 2 janvier et le cross suisse de Meilen (remporté l’an passée par Christine Majerus). Si celui-ci a bien lieu…
La catégorie juniors la plus touchée
En tant qu’entraîneur national, Michel Wolter essaie de maintenir un semblant d’activité avec les moyens du bord, surtout en tenant compte des restrictions en vigueur. « J’ai organisé des séances de contre-la-montre, à Redange puis à Schouweiler. Ce sont des entraînements améliorés avec une vingtaine de participants qui ne se croisent pas. C’est aussi pour maintenir la motivation. Mais c’est difficile, surtout pour les coureurs de la catégorie élite. Les espoirs ont leur prochaine saison de route en tête. C’est plus dur pour les coureurs juniors qui payent en premiers les frais. Car les courses juniors sont systématiquement annulées. Ce n’est pas la faute des organisateurs mais des règlements en vigueur en Belgique où la priorité est évidemment donnée aux professionnels. C’est finalement partout la même chose et cela se comprend, la priorité est de faire vivre ceux qui dépendent du cyclo-cross », explique-t-il.
Michel Wolter voit évidemment d’un très bon œil le retour à la compétition de Christine Majerus, chef de file de la discipline au Luxembourg. « C’est très bien , confirme-t-il. Pour les pros, il y a des choses à gérer, comme les tests réguliers et la réduction de la taille du staff. Mais du moment qu’elle court, c’est le principal. »
«Peur d’en perdre en cours de chemin»
Avec cette saison tronquée, pour les plus jeunes, il y aura fatalement un impact physique, selon le technicien. « Les juniors ont d’abord été impactés par l’annulation de beaucoup de courses sur route. Là, ça continue. Leur progression est difficile à évaluer sans compétition. Certains le font, d’autres non. Physiologiquement, je dirais que c’est bon pour certains et pas pour d’autres. Surtout, j’ai peur qu’on en perde en cours de chemin. On verra si les Mondiaux juniors sont maintenus ou non. Si l’épreuve a bien lieu, cela permettra de les maintenir motivés », poursuit Michel Wolter. Quant au calendrier, l’épidémie aura eu l’effet, sur lui, d’une tornade. Ni plus ni moins. « Je ne pense pas que les épreuves luxembourgeoises puissent être menacées, car elles ne coûtent pas énormément d’argent à organiser, il n’y a pas toute une économie derrière, contrairement à certaines épreuves internationales. Dans ce secteur, il y aura sans doute beaucoup de changements à venir à l’étranger », imagine encore l’entraîneur national.
Rappelons qu’on retrouvera Christine Majerus en lice ce samedi à Anvers et dimanche à Gavere. La chanceuse !
Denis Bastien