La Luxembourgeoise de 17 ans s’affirme encore avec sa victoire de dimanche, (2e place de la première Coupe du monde juniors féminine de l’histoire), à Tabor en République tchèque. Elle se confie pour Le Quotidien.
Marie Schreiber n’a pas de rivale de son âge au Grand-Duché. Mais la jeune fille de 17 ans n’en a pas non plus beaucoup sur le plan international : «Je pense que je fais partie du top 5 mondial», avoue-t-elle sans fausse modestie. Il faut dire qu’avec une neuvième place aux Mondiaux en début d’année dès sa première année juniors, la protégée de Michel Wolter prouve qu’elle joint les actes aux paroles.
Pour cette passionnée de cyclo-cross, la conjoncture est compliquée. Hormis quelques épreuves élite de très haut niveau en Belgique en septembre et en octobre, avec à chaque fois un top 25 à la clef et une victoire à Schouweiler, de nombreux rendez-vous à son programme sont tombés à l’eau : «Il y avait notamment des courses en Belgique, mais les juniors n’ont plus le droit de s’aligner jusqu’au 15 décembre.»
Mais pas tous. Ainsi, elle s’est rendue à Tabor, en République tchèque, pour y disputer quelque chose d’historique. En effet, c’est là que s’est tenue, dimanche, la première manche de Coupe du monde pour les jeunes femmes en catégorie juniors de l’histoire : «Je pense qu’il n’y en avait pas, car le niveau n’était pas assez élevé. Mais depuis deux ou trois ans, ça a changé. Et l’UCI a réalisé que ça avait suffisamment progressé pour proposer des World Cups», confie l’élève de 2e au Sportlycée, qui a rejoint en septembre dernier la formation Acrog-Tormans, essentiellement axée sur le cyclo-cross : «J’ai eu des contacts en début d’année. J’ai assez rapidement porté mon choix sur cette équipe.»
Initialement, cette première saison devait comporter huit rendez-vous. Mais, à cause de la situation sanitaire, le programme a été réduit à quatre épreuves. En plus des championnats du monde.
Dimanche, c’est sans appréhension qu’elle s’est lancée dans la bataille : «Je n’avais pas de stress. Simplement un peu nerveuse, car c’était ma première course depuis un mois. Mais je savais de quoi j’étais capable et j’étais décidée à faire de mon mieux.» Et malgré une mauvaise entame : «Je n’étais pas concentrée, je me suis retrouvée quatorzième après trois minutes», elle s’est rapidement reprise : «Au premier passage sur la ligne d’arrivée, j’étais en tête en compagnie de Zoe.» Zoe, c’est la Britannique Zoe Backstedt. Sa coéquipière, sa compagne de chambrée avec qui elle se tire régulièrement la bourre : «Parfois je suis devant elle, parfois c’est elle.»
J’avais envisagé un podium
Et il était dit que ces deux-là allaient faire le spectacle en République tchèque. Sur un parcours exigeant, Marie Schreiber s’est montrée à son avantage. Même si elle a dû s’avouer vaincue face à sa rivale : «Elle a creusé un petit trou et je n’ai pas pu revenir.» Malgré tout, elle prend une très belle deuxième place, qui correspond à ses objectifs : «En arrivant ici, je savais qu’il ne manquait qu’une fille parmi les cinq meilleures du monde. J’avais envisagé un podium. Je suis contente de terminer deuxième.»
À l’aise dans les passages techniques comme dans ceux qui réclament de la puissance, sur le sable ou dans la boue, Marie Schreiber a trouvé à Tabor un terrain qu’elle apprécie : «C’était plutôt physique, assez rapide avec quelques passages techniques.» Et elle est venue mourir à onze petites secondes de sa rivale et amie britannique.
De quoi valider un entraînement payant : «Je peux m’entraîner normalement. J’ai notamment beaucoup travaillé pendant le confinement. L’entraînement se passe bien, je fais essentiellement de la route, mais toujours une ou deux séances de cyclo-cross. Pour moi, ce sont surtout les courses qui manquent», constate-t-elle avec regret. À partir du 15 décembre, si tout se passe bien, les juniors auront à nouveau le droit de s’aligner sur des épreuves en Belgique. Et sinon, on devrait normalement retrouver Marie Schreiber en lice à Namur, le 20 décembre, pour la deuxième manche de Coupe du monde : «L’objectif, c’est de bien marcher sur les trois manches qui viennent et aux championnats du monde. Je viserai un podium aux Mondiaux», annonce-t-elle.
Ambitieuse, douée et bien préparée, nul doute qu’on va souvent entendre parler de Marie Schreiber, qui rêve de marcher sur les traces d’une certaine Christine Majerus : «C’est pas mal ce qu’elle a fait. Le but, c’est de faire comme elle.» Et l’air de rien, la jeune Luxembourgeoise est un peu entrée dans l’histoire de son sport, ce dimanche 29 novembre en République tchèque.
Romain Haas
Les classements
Juniors dames : 1. Zoe Backstedt (Gbr) 38’18“; 2. Marie Schreiber (Lux) à 11“; 3. Lucia Bramati (Ita) 1’05“; 4. Olivia Onesti (Fra) 1’22“; 5. Line Burquier (Fra) 1’28“; 6. Karolina Bedrnikova (Rtc) 1’47“; 7. Beatrice Fontana (Ita) 2’03“; 8. Julia Kopecky (Rtc) 2’18“; 9. Monique Halter (Sui) 2’27“; 10. Tereza Kurnicka (Svq) 2’55“…
Élite dames : 1. Lucinda Brand (PBS) 53’43“; 2. Ceylin del Carmen Alvarado (PBS) à 24“; 3. Denise Betsema (PBS) 32“…
Élite messieurs : 1. Michael Vanthourenhout (Bel) 1 h 02’43“; 2. Eli Iserbyt (Bel) à 5“; 3. Wout van Aert (Bel) 12“…