Classée dixième aux Mondiaux, Christine Majerus est parvenue à réaliser samedi une très belle course. Elle revient sur son épreuve et évoque le futur.
Sa course fut limpide. Après le départ, Christine Majerus a abordé le premier tronçon ensablé en 17e position pour finalement boucler le premier tour en 7e place. Ensuite et jusqu’à la fin, la championne nationale, qui a signé à cette occasion le cinquième top 10 de sa carrière dans les Mondiaux, resta continuellement parmi les dix meilleures. Elle pointa même en cinquième position dans le deuxième des cinq tours.
Quel est votre sentiment après cette dixième place ?
Je suis contente. Je dis tous les ans que j’envisage un top 10, mais c’est vrai que cette année, c’était très compliqué de se fixer ça en objectif, car je vous l’avais dit, un circuit sur le sable, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. Mais en dépit de ça, je suis parvenue à réaliser la meilleure course de ma saison. Réaliser ça le jour des Mondiaux, sur un circuit comme ça, je pense que je peux être satisfaite.
Comment s’est passé votre départ ?
Après l’erreur tactique que j’avais commise en Coupe du monde à Overijse, la semaine d’avant, j’ai essayé de ne pas trop m’affoler au départ. J’avais choisi de prendre ma place sur la ligne de départ tout en sachant qu’après le premier virage, si je prenais l’intérieur, je risquais de subir de petits accrochages (NDLR : c’est ainsi que la tenante du titre, Ceylin Alvarado, et l’ancienne triple championne du monde belge Sanne Cant se sont accrochées…). J’ai donc pris l’extérieur pour pouvoir remonter quelques places juste avant le petit pont après le poste matériel où des filles ont dû descendre de vélo. Je suis l’une des dernières à avoir pu passer à vélo.
Cela m’a bien avantagée et, à partir de là, j’ai eu le champ libre pour remonter les filles jusqu’à ce que je me retrouve dans le groupe qui allait pour la quatrième place (NDLR : avec Ceylin Alvarado, Clara Honsinger, Yara Kastelijn, Evie Richards, Sanne Cant et Elisabeth Brandau, qui la précèdent au classement). J’étais motivée à rester aussi longtemps que possible dans ce groupe-là, même si je savais aussi que j’allais payer la note, surtout qu’à chaque fois, dans le sable, je me prenais des trous (elle rit). Je parvenais néanmoins à reboucher. Dans le dernier tour, le trou était définitif et j’ai dû finir toute seule. Mais je pense que j’ai tout bien fait dans ces Mondiaux.
Ce sera une saison de route où il faudra aller de semaine en semaine et au niveau de la forme, ce sera compliqué à gérer
Finalement, ce circuit spectaculaire vous a laissé quelle impression ?
J’ai énormément de respect pour ce circuit. Le sable, c’est mon élément ennemi. J’avais d’ailleurs fait une belle chute vendredi à la reconnaissance derrière le grand pont. Du coup, j’étais sur mes gardes. Je n’ai pris aucun risque et j’ai aussi pensé à ma saison de route qui va arriver. Je ne pouvais pas me permettre de me casser un poignet ou la clavicule dans le sable. C’est ce qui résume pour moi ce circuit : c’est super dur, super technique. Le temps était exécrable, j’avais trop froid. Le temps, c’est pareil pour tout le monde, mais on est moins lucide que s’il faisait 10 degrés. Du coup, les erreurs techniques arrivent encore plus rapidement. C’est un circuit où on ne pouvait pas se cacher. Chacun était à son niveau et je suis contente avec cette dixième place.
Les Néerlandaises ont dominé, comme c’était prévisible. Est-ce conforme à ce que vous aviez imaginé ?
Oui, c’était le championnat des Pays-Bas qu’elles n’avaient pas pu disputer car il était annulé (elle rit). Elles se sont rattrapées pour ces Mondiaux ! Ce sont les meilleures en ce moment et sur un circuit aussi technique, cela s’est vu encore plus. Il n’y a pas eu de surprise. J’ai quand même été un peu surprise de voir Annemarie Worst devant, alors qu’elle était moins bien ces dernières semaines, mais elle était à l’aise sur ce circuit. Lucinda (Brand) avait ce gros objectif et elle l’a fait.
De votre côté, vous aviez prévenu avant la course que vous n’aviez pas baissé de niveau et vous l’avez prouvé…
J’avais déjà eu quelques bonnes courses durant la saison, mais cela s’était moins vu, car j’avais raté le départ. Du coup, je courais à contretemps. Là, je n’en ai pas eu et j’ai pu m’exprimer un peu mieux. Cela faisait deux ans que, sur les Mondiaux, je ne pouvais avoir le top 10 que je me fixe généralement sur cette épreuve (NDLR : après sa 4 place acquise en 2018 à Valkenburg, elle a terminé 13e en 2019 et 15e en 2020). Je suis vraiment contente de signer un nouveau top 10 après cette saison difficile marquée par l’épidémie.
C’est un circuit où on ne pouvait pas se cacher. Chacun était à son niveau et je suis contente avec cette dixième place
On vous reverra donc en 2022 ?
Je ne sais pas, les Mondiaux étant organisés aux États-Unis (Fayetteville, dans l’Arkansas). La question va se poser. Car d’un point de vue logistique, c’est quand même tout autre chose que de prendre la voiture pour aller à ces Mondiaux d’Ostende par exemple. Tout dépendra de ma saison de route. Tout dépendra également de l’évolution de la situation sanitaire. Il est trop tôt pour s’exprimer sur ça.
Finissons avec la saison de route qui va reprendre prochainement. Vous en savez plus…
Je pense que mon programme ressemble aux années précédentes, avec d’abord les classiques de printemps. Les sélections ne sont pas encore faites. Je sais aussi qu’il y aura l’une ou l’autre course que je ne ferai pas, car on s’est renforcé. Et on peut se douter qu’il y aura encore des annulations. Sur le papier, le programme me paraît intéressant et j’espère surtout être au départ de Paris-Roubaix et le finir, même si je sais qu’il ne sera pas facile de courir pour la gagne, car pas mal de filles veulent le gagner, même dans mon équipe. Mais j’espère que je pourrai me faire plaisir sur cette course-là, en étant dans la meilleure forme possible ce jour-là. Ce sera une saison de route où il faudra aller de semaine en semaine et au niveau de la forme, ce sera compliqué à gérer. Il me semble impossible dans ces conditions de prévoir un pic de forme. On peut, mais on n’est pas certain de pouvoir en profiter (elle rit). Ce sera plus opportun pour moi de régulariser ma forme à un bon niveau, toute l’année, et être sûr de pouvoir jouer le jeu à chaque fois que je serai sur la ligne de départ. Tout est très incertain, il faudra juste voir semaine après semaine.
Entretien avec Denis Bastien