Maïté Barthels (19 ans), en lice ce samedi à Hittnau (Suisse), participe régulièrement aux épreuves internationales cet hiver. Rencontre.
La progression de Maïté Barthels n’aura pas échappé aux nombreux amoureux du cyclo-cross luxembourgeois. Du haut de ses dix-neuf ans, elle vient de finir en effet ses deux dernières épreuves dans le tour de la lauréate, l’inamovible Lucinda Brand. Comme à Termonde dimanche dernier lors d’une manche de Coupe du monde qui fera date. « C’était brutal, très brutal. Comme d’autres filles, je me suis retrouvée embourbée, sans plus pouvoir bouger… », sourit-elle.
Elle vit assurément une drôle d’aventure cet hiver où, faute d’épreuves nationales, elle participe à la plupart des grandes épreuves internationales en catégorie élite, en vertu de la nouvelle réglementation mise en place pour la pandémie, puisqu’en Belgique seules les 75 premières du classement UCI peuvent prétendre se retrouver au départ (ce qui n’est pas le cas par exemple de la junior Marie Schreiber).
Pour la famille Barthels, c’est une drôle d’aventure qui se vit chaque week-end à l’intérieur du camping-car qui sillonne généralement la Belgique. La marque d’une famille de cyclistes. D’ailleurs, la maman, née Tania Bettel, est montée sur plusieurs podiums des championnats nationaux sur route et enfila même le maillot de championne nationale en 1992. Cyril, le papa, fut champion national juniors sur route en 1990. Il termina sa carrière à l’âge de 24 ans lors des Mondiaux de cyclo-cross élite, remportés par Paul Herijgers dans les dunes de Koksijde. « J’avais été retiré de la course à deux tours de la fin, j’occupais la 58e place », se souvient-il avec précision. D’ailleurs, du haut de ses 49 ans, il s’est repris au jeu et a pris une licence en masters. Ainsi, n’a-t-il pas terminé troisième des derniers championnats sur route à Mamer… « C’est surtout pour entraîner mes filles », s’excuse-t-il presque. Car après Maïté, il y a Layla, seize ans, qui possède donc une licence junior. Dans cette orientation cycliste, elle a donc suivi sa grande sœur. Même si le cyclisme se vit de façon atavique chez les Barthels, puisque les grands-parents étaient aussi d’anciens cyclistes (!), Maïté s’est d’abord destinée à l’athlétisme. « J’en ai pratiqué pendant dix ans et je cherchais un nouveau défi, c’est là que je me suis mis au vélo. Mes débuts remontent à l’été 2018. Depuis, je sens que je progresse chaque mois, c’est très encourageant », raconte la pensionnaire de l’équipe Andy Schleck–Immo Losch, entraînée par une certaine Nathalie Lamborelle.
Objectif atteint
Avec l’équipe luxembourgeoise, elle pourra, dit-elle « participer à de grandes courses », bénéficier « d’un encadrement adapté, professionnel » et d’un « bon matériel ». Élève en première au lycée Michel-Rodange, section artistique, Maïté Barthels aimerait embrasser un début de carrière. Que ce soit l’hiver en cyclo-cross et le reste de l’année sur route. À l’image d’une certaine Christine Majerus avec qui elle n’a parlé pour la première fois que récemment à Gavere (« On a parlé de notre aversion commune pour les parcours sablonneux », rigole Maïté avec un brin de pudeur), elle donne clairement la priorité aux études.
Mais il ne faut pas la pousser longtemps pour entrevoir la flamme et la passion qui l’animent. Lorsqu’elle repense à son premier cyclo-cross disputé à Cessange, en novembre 2018, elle grimace un « c’était un véritable défi, un grand choc. Physique mais aussi technique… » Elle sait la chance qu’elle a de pouvoir continuer à courir, de surcroît au plus haut niveau mondial pour les raisons que l’on sait. « Je me suis rendu compte de ma progression. Ce n’est pas étonnant, dans ce contexte », reconnaît celle qui partage quelquefois ses entraînements avec Nina Berton, future coéquipière chez Andy Schleck– Immo Cycles.
Elle est néanmoins loin d’être assurée de se retrouver à la fin du mois de janvier au départ des Mondiaux d’Ostende, à cause des sacro-saints critères de sélection. Mais elle a compris que le plus important est de saisir la balle au bond sans trop se poser de questions. Sérieuse à l’entraînement, elle ne débranche pas et honore en ce moment avec régularité ses six séances hebdomadaires qu’elle décompose ainsi : « Je fais de la course à pied, de la route, de la musculation et du stretching… »
Si, en avril prochain, elle mettra un coup de frein à sa saison routière (dont il faut espérer qu’elle repartira bien au printemps) pour ses examens scolaires, avant de repartir pour une nouvelle saison de cross, elle n’en a pas fini avec la présente saison hivernale. « Samedi, je serai à Hittnau, en Suisse, avec ma sœur Layla. C’est important pour moi qu’on se retrouve toutes les deux. C’est pour ça que je ne serai pas au départ de la manche de Coupe du monde de Hulst, dimanche aux Pays-Bas. Le trajet serait trop long. Mais le 24 janvier, j’espère être à Overijse pour la dernière manche de la Coupe du monde… » Dans tous les cas, elle a déjà atteint l’objectif fixé en début de saison. « Je voulais terminer une manche de Coupe du monde dans le même tour que la première sans être obligée de me retirer », confirme Maïté Barthels. Vous savez, la jeune Luxembourgeoise qui participe en ce moment aux mêmes courses que Christine Majerus…
Denis Bastien