Chez les espoirs, Loïc Bettendorff, qui s’est récemment classé en Coupe du monde 46e avec l’élite, semble avoir les moyens de bien faire.
Calme, parlant toujours avec une voix parfaitement calibrée, sans jamais hausser le ton, Loïc Bettendorff a néanmoins des idées bien arrêtées. Lorsqu’on lui demande au cours de la conversation à quelle place il fixe son objectif pour les championnats du monde qui se dérouleront samedi sur les prairies ensablées d’Ostende, il use de cette formule : «Je ferai du mieux possible. Voilà mon objectif. Mais la place à laquelle j’aimerais bien finir, je la garde pour moi et seulement pour moi, dans un coin de ma tête. Mais oui, ce sera le mieux possible…» On devine même un petit sourire en coin. La prudence avec laquelle il s’avance vers ces Mondiaux avec son coéquipier de Leopard, Cédric Pries, lui aussi sélectionné pour l’évènement, ne viendra pas, soyons-en sûrs, contrarier l’ambition qu’on sent percer malgré ce discours policé.
Le jeune homme de Schieren, sacré en janvier 2020 champion national espoirs de la discipline, sait ce qu’il veut. Grâce à la réglementation internationale remodelant les épreuves de Coupe du monde, il a pu, toujours avec Cédric Pries, affronter l’élite à plusieurs reprises. Classé 44e fin décembre à Dendermonde, puis 46e, dimanche dernier à Overijse, le jeune homme de 19 ans a certes dû mettre un pied à terre avant le terme de la course, classé à un tour, mais en plutôt bonne position si on en juge ses classements. «Dimanche dernier à Overijse, rapporte Loïc, j’ai connu le départ le plus difficile que j’ai eu à gérer depuis que j’ai débuté. On a été ralenti par une chute survenue à côté de nous, mais l’effort était intense. J’ai été impressionné par la force de Van Aert et Van der Poel.»
Évidemment, samedi prochain, il va concourir en espoirs et non en élite, ce qui suppose une certaine marge de manœuvre. Il sera d’ailleurs en bonne place sur la ligne de départ, ce qui en cyclo-cross est capital. «En troisième ligne, d’après mes calculs…», entrevoit-il ainsi.
Ah les calculs… On sait bien que comparaison n’est pas raison. Mais on s’est laissé tenter. Sur la dernière manche de Coupe du monde, où Loïc Bettendorff a terminé 46e, seulement quinze coureurs espoirs qu’il retrouvera samedi à Ostende l’ont devancé. Alors qu’à 19 ans il est l’un des plus jeunes de cette catégorie allant jusqu’aux moins de 23 ans. Voilà pour planter le décor de ces Mondiaux qu’il devine par avance «physiques avec les parties de course à pied dans le sable». Ce qui ne le dérange pas d’ailleurs. «J’aime bien courir, ce n’est pas un problème pour moi…»
Entraîné par Frank Schleck
Aujourd’hui, Loïc Bettendorff, qui poursuit ses études en première à Mersch, plus précisément en école d’éducateur, après être passé par le Sportlycée, n’entend pas dévier de sa trajectoire. Il trace son chemin en menant de front cyclo-cross et route, sans aucune distinction, même si au final il rêve d’embrasser à son tour une carrière de coureur professionnel sur route. «J’aime le cyclo-cross, car c’est plus fun que la route. Cela me fait du bien mentalement et comme je suis content de mes résultats, je combine les deux. D’ailleurs, je pratique également le VTT. Lorsqu’on sera sorti de la crise sanitaire, je compte toujours faire du cyclo-cross l’hiver. Je serai ambitieux dans ces deux disciplines, même si la situation actuelle est forcément un peu compliquée à gérer», explique le jeune coureur entraîné depuis cet hiver par Frank Schleck.
«La saison dernière, Frank m’a vu courir à Préizerdaul et est allé complimenter mon père. Il a finalement proposé de m’entraîner», explique Loïc, qui sous la toise mesure la même taille que son entraîneur (1,86 m), mais pèse déjà quelques kilos de plus (70 kg). «Je ne serai pas un grimpeur, mais plutôt un puncheur», se projette donc celui qui a pour modèles Mathieu Van der Poel, Wout Van Aert, mais aussi Julian Alaphilippe et Peter Sagan et dont la course fétiche est le monument italien Milan-San Remo. Vous saurez tout…
D’ailleurs, il ne compte pas rater une seconde du duel qui s’annonce dimanche pour la course phare de ces Mondiaux élite entre le tenant du titre, Van der Poel, et Van Aert, trois sacres chacun. «Quelle belle bataille ce sera», salive-t-il, comme pour mieux oublier que la veille il suera sang et eau pour atteindre son but, tenu encore secret. «Mais je vous assure, je n’aurai pas de pression…»
Denis Bastien