Lex Reichling s’annonce comme un favori sérieux des championnats nationaux de cyclo-cross, samedi à Mersch. Mais le coureur du VV Tooltime se montre très prudent.
On l’a connu plus volubile. Lex Reichling (27 ans) est déjà dans son championnat national. On lui en a d’ailleurs fait la remarque et il n’a pas cillé. Jusqu’ici, Lex Reichling le confirme volontiers, les championnats nationaux ne lui ont jamais réussi. Il est donc temps de changer la donne. A priori, ses deux plus grands rivaux, Vincent Dias dos Santos, le tenant du titre, et Scott Thiltges, sacré en 2017, ont également dû patienter avant de récolter le fruit de leur travail. C’est à cette considération que Lex Reichling, l’instituteur diekirchois, se raccroche donc. Et à ses quatre succès probants récoltés cette saison.
Comment se présentent ces championnats nationaux?
Lex Reichling : Je regarde la météo et je vois que la pluie est annoncée pour ce mercredi et ce jeudi. Jusqu’ici le parcours n’était pas trop boueux, mais il va le devenir inévitablement avec les différentes reconnaissances. Beaucoup de choses peuvent se passer.
Le championnat national occupe votre esprit depuis combien de temps?
Depuis tout le temps. Je pense que Vincent a connu avant de devenir à son tour champion l’an passé. Je ne le cache pas, j’y pense beaucoup. Je sais que j’aurai beaucoup de supporters sur le circuit et je suis très motivé.
Vous reprenez l’exemple de Vincent Dias dos Santos qui, lui aussi, avait dû faire preuve de patience avant de toucher au but…
Oui, l’an passé, il s’est imposé à Brouch sur un parcours qui lui était favorable. Cette année, je pense que ce sera très physique.
Comment considérez-vous vos chances avant le départ?
Je pense qu’avec Scott (Thiltges) on part sur un pied d’égalité. Et puis il y a Vincent qui vient de s’imposer à Hesperange. Certes, c’était un parcours qui lui convenait, mais il est revenu à un bon niveau. On doit le considérer.
Le fait d’avoir remporté quatre courses vous apporte quoi?
J’ai beaucoup travaillé pour ça, pour améliorer mon niveau.
Vous vous sentez donc prêt?
Oui, comme je l’ai répété au fil de la saison, je suis plus sérieux, je m’entraîne plus, la preuve j’ai accumulé plus de 15 000 kilomètres durant cette saison.
Cette progression, vous la mesurez à l’entraînement?
Nettement, j’ai encore réalisé des tests voici trois semaines et j’ai amélioré mes valeurs. Tout mon entraînement m’a pris beaucoup de temps. Au début de la saison, c’était une quinzaine d’heures. Maintenant, à l’approche de l’évènement, j’en fais moins.
J’ai été constant tout au long de la saison. Je garde en tête que le parcours de Mersch me convient
Votre métier d’instituteur vous permet d’avoir du temps pour vous entraîner?
Oui, de ce point de vue, c’est plus facile que mon ancien métier de policier. C’est plus favorable que policier. Pour aller au travail, cela me prend cinq minutes à pied.
Vous êtes entraîné par Christian Weyland (qui a remporté le classement final de la Skoda Cross Cup en masters). Il vous apporte quoi?
Je n’avais plus d’entraîneur, alors l’an passé je suis allé le solliciter. On s’entend bien, il est disponible. C’est important d’avoir une bonne relation.
C’est beaucoup de sacrifices, une saison de cyclo-cross?
Oui et je ne suis pas le seul à le penser. Je confirme que je compte m’arrêter à la fin de la saison prochaine. Le championnat national en 2021 se déroulera à Ettelbruck. C’est là que je compte terminer ma carrière. Ce sera le bon moment. Cette année, j’ai fait la saison de façon très sérieuse. Je compte le faire à nouveau la saison prochaine. Mais ensuite, il sera temps de passer à autre chose.
Jusqu’ici, le championnat ne vous souriait guère. Vous y pensez?
Oui, je n’ai presque jamais eu de chance dans ce championnat. Pour une fois que le championnat n’est pas très technique, cela me motive beaucoup. Je pense aussi que je n’étais pas assez sérieux par le passé. Là, par exemple, je n’ai pas bu une goutte d’alcool depuis le 1er novembre.
Et le fait de vous retrouver plus souvent à l’honneur ces dernières semaines, cela vous a apporté une forme de reconnaissance?
Cela fait toujours plaisir de rouler devant. C’est motivant. Cela donne de la motivation et de la confiance.
Vous aviez été frustré par le passé de ne jamais parvenir à vous imposer dans ce championnat?
Oui, parce que j’avais toujours essayé de réaliser une saison constante. Et le jour du championnat, la chance me fuyait.
Vous avez travaillé cet aspect mentalement?
Un peu, afin de chasser cette frustration.
On sent cette saison que vous avez changé, notamment dans la façon de mener vos courses…
C’est vrai. J’ai été constant tout au long de la saison. Je garde en tête que le parcours de Mersch me convient.
Quel est le succès dont vous êtes le plus fier cette saison?
C’était fin décembre à Mondorf sur un parcours qui ne me convenait pas du tout.
Vous vous retrouvez comme favori avec Vincent Dias dos Santos et Scott Thiltges, des coureurs de la même génération que vous. Comment voyez-vous cette bagarre à trois?
C’est vrai qu’on a à peu près le même âge. Les jeunes arrivent derrière. Attention, ils sont costauds. Mais cela fait plaisir. Avec Vincent et Scott, on s’entend bien et on se respecte.
Si vous deviez décrire un scénario idéal…
Il faudrait d’abord que je ne connaisse pas de problème matériel. J’espère simplement que le plus fort l’emportera. Et que le spectacle ravira les spectateurs.
Une surprise est-elle possible?
Je n’espère pas, mais cela reste possible sur un jour. On l’avait vu en 2018 à Kayl avec Sören (Nissen).
Vous pensez que Gusty Bausch garde des chances à quasiment 40 ans?
Il a la routine, il est mature, malin. S’il est fort, pourquoi pas?
Quelles sont les qualités que vous reconnaissez à vos rivaux principaux?
Scott et Vincent sont beaucoup plus forts que moi sur les parties techniques. Avec ma taille (NDLR : 1,93 m), je suis plus à l’aise lorsque c’est physique.
La chose que vous ferez si vous êtes sacré champion, samedi?
Alors là, je vais fêter un peu avec les amis et les supporters. Je boirai quelques coups…
Denis Bastien