Le phénomène a de quoi intriguer, ils sont une trentaine à se retrouver chaque semaine dans la catégorie masters. Du jamais vu…
De très confidentielle voici peu de temps encore, la catégorie des masters est en passe de détrôner, numériquement, la catégorie élite/espoirs. Le phénomène est surtout marquant depuis le début de cette saison, ils sont une trentaine à chaque rendez-vous.
On y retrouve des coureurs de divers horizons. Quelques rares nouveaux venus. Mais surtout une ribambelle d’anciens coureurs qui peuplaient voici peu de temps encore la catégorie élite. Comme Gusty Bausch (5 titres), Pascal Triebel (8 titres), Tom Flammang (1 titre), d’anciens champions nationaux. Ou Steve Fries, Christian Weyland, Dany Papi, jamais couronnés en élite, d’anciens cyclistes de bon niveau, repassés pour les deux derniers nommés par le triathlon (avec en point d’orgue, presque chaque année une participation au mythique rendez-vous de Hawaï). D’autres encore, comme Cyril Barthels, sont revenus à la compétition après un long intermède.
Ce dimanche à Ettelbruck, le champion national en titre, Tom Flammang, aurait dû être là. Mais pour la deuxième fois d’affilée, il restera à la maison. Comme son épouse et ses quatre enfants (dont Jonha, souvent sur le podium chez les débutants), il est en quarantaine à la maison, puisque toute la famille a malheureusement contracté le covid. Cela n’empêche nullement le chef des sports de RTL, bien que souffrant mais toujours «accro» au cyclo-cross, d’avoir un avis sur la question.
«Un évènement familial»
«Je ne suis pas vraiment surpris par cet engouement du cross qu’on retrouve chez les masters. On voit la même chose dans les cyclosportives, les trails et les courses à pied. Des compétiteurs qui ont la quarantaine, ça ne manque pas. Certains se rendent compte qu’ils n’ont pas encore tout donné, ont des réserves et veulent en profiter. Beaucoup de personnes se prennent également en main pour garder la santé. Et puis j’observe aussi que beaucoup ont des enfants qui courent, alors ils reprennent une licence et cela devient un évènement familial. La journée du dimanche est ainsi bien occupée», explique l’ancien coureur professionnel de 43 ans.
Ce dernier admet volontiers que s’il s’entraîne bien moins qu’avant, il reste compétitif dans sa catégorie. Mais qu’en est-il vraiment de l’ensemble des compétiteurs? «Certains me semblent plus forts qu’avant, car ils ont du temps pour s’entraîneur. Ils parviennent à gommer leur déficit technique par un meilleur physique. C’est très intéressant, et c’est vrai que la catégorie masters a complètement changé ces dernières années», observe encore Tom Flammang.
On peut en effet estimer que les meilleurs des masters parviendraient à se ranger dans le top 10 chez les élites. «On ne pourrait viser au mieux que des places d’honneur», tempère pour sa part Christian Weyland, lui aussi âgé de 43 ans. Il s’est imposé chez les masters dimanche dernier à Préizerdaul et espère le faire encore ce dimanche à Ettelbruck.
Bon pour la santé
Christian Weyland explique pourquoi il remet des dossards : «Comme je me suis qualifié pour l’Iron Man d’Hawaï 2022, et que j’ai un peu de temps pour m’entraîner, j’ai repris le cyclo-cross. Lorsqu’on a passé la quarantaine, si on veut continuer à faire du cyclisme de compétition, on n’a pas vraiment le choix. Les courses sur route pour masters sont rares ou alors il faut rouler en élite et on se retrouve avec des coureurs nettement plus forts, parce que certains courent en Continental. Du coup, le calendrier de cyclo-cross est plus abordable. On retrouve les copains pour 40 minutes de course, quel que soit son niveau, c’est sympa…»
Si sympa qu’il se retrouve leader de la Skoda Cross Cup. D’ailleurs, il confesse se préparer comme aux plus beaux jours. «En vue des championnats nationaux, je me suis astreint à un entraînement derrière scooter», rigole celui qui les années dernières entraînait justement Lex Reichling.
Cela ne lui déplaît manifestement pas de jouer les prolongations. «C’est en effet l’autre explication. Je pense que c’est un art de vivre qu’on voit notamment aux États-Unis. Chaque week-end, des gars de 40 ans se retrouvent en compétition, comme à la bonne époque. Chacun a conscience que pour la santé, c’est mieux de se maintenir en forme…» La plupart sont manifestement en très bonne forme!
Denis Bastien