Christine Majerus a réalisé samedi à Ettelbruck, lors du championnat national, un cavalier seul, une trentaine de secondes devant Marie Schreiber et Isabelle Klein. Elle explique pourquoi elle n’ira pas aux Mondiaux.
C’est la main posée sur le cœur, avec beaucoup de déférence et sans manifester de joie, que Christine Majerus (34 ans) a remporté, samedi en début d’après-midi, son douzième titre national d’affilée depuis 2010.
Une pensée forte pour Amy Pieters (30 ans), sa coéquipière de SD Worx, opérée de blessures à la tête et plongée dans un coma artificiel et, depuis, transférée aux Pays-Bas.
La course dames, c’est de cela qu’il s’agit, a été limpide une fois que Christine Majerus, d’entrée de jeu, s’est portée en tête. La jeune espoir Marie Schreiber (18 ans) n’avait pas démérité pour terminer, comme c’était prévisible, à une trentaine de secondes. Jamais elle ne donna l’impression de sombrer. Mais Christine Majerus était au-dessus. Et Isabelle Klein (38 ans) avait démontré d’immenses progrès qui ne font que raviver des regrets déjà exprimés de l’avoir vu arriver si tardivement au cyclo-cross !
Quelles impressions vous laisse ce douzième titre ?
Christine Majerus : C’était compliqué, car le parcours avait beaucoup évolué par rapport aux reconnaissances que j’avais pu faire avant. Ce n’était pas pour me déplaire à vrai dire, car il y a trois jours de cela, cela ressemblait à une autoroute (rire). Là, c’est devenu plus technique et plus physique. C’était plus à mon avantage. Je pense que j’ai pu faire une course régulière, en me concentrant et en évitant de faire des erreurs. J’ai pris des marges de sécurité aussi. Je suis contente de ma course.
Le scénario a été conforme à ce que vous envisagiez ?
Le premier tour, je l’ai fait un peu en dedans, il faut dire que j’avais un problème avec mon vélo. J’avais les vitesses qui sautaient. Du coup, j’ai dû changer tout de suite de machine et, à partir de là, j’ai pu enchaîner. Je pense que j’ai creusé les écarts régulièrement, et puis voilà… Malheureusement, j’aurais bien aimé vous raconter autre chose, mais j’ai trouvé le circuit monotone, il faut appeler un chat un chat. Bon, avec la boue, c’était plus intéressant, mais ce n’était pas quelque chose qui m’inspirait beaucoup. Cela ne laisse pas beaucoup de scénarios de course à vrai dire (rire). Il fallait juste être régulier. Essayer de ne pas faire d’erreurs techniques en sortie de virage afin de ne pas devoir boucher des trous. C’est ce que j’ai essayé de faire en partant devant, à mon rythme. Cela m’a permis de ne pas faire de fautes et de faire ma course.
De savoir l’une de ses meilleures amies en train de se battre pour la vie (Amy Pieters), ça prend beaucoup d’énergie. Et on relativise sur beaucoup de choses
Désormais, comment va s’articuler la suite de votre saison ?
Je ne pense pas que j’irai aux Mondiaux. Avec l’équipe (NDLR : SD Worx), on pense que ce n’est pas en faveur de mon printemps. Et les derniers résultats et les dernières courses que j’ai pu faire ne me permettent pas d’envisager de faire une grande performance là-bas. Si je vais aux Mondiaux, c’est pour faire aussi bien, voire mieux que les années précédentes. Si ce n’est pas le cas, je ne vois pas l’intérêt d’aller au bout du monde, surtout en ce moment. Encore si cela était en Europe, je pourrais dire que je pourrais essayer.
Mais là, avec un tel déplacement, je perds deux semaines, voire plus, dans ma préparation pour le printemps et c’est quand même ça qui est le plus important. Les Mondiaux, je fais une croix sur ça cette année. Je voulais me concentrer sur ce championnat national et ensuite regarder avec mon staff si cela fait encore sens de m’aligner dans les deux dernières manches de Coupe du monde (NDLR : Flamanville le 16 janvier et Hoogerheide, le 23). Si on prépare les Mondiaux, oui. Mais là, je ne crois pas.
Et je dois avouer que les deux dernières semaines n’ont été faciles ni pour moi ni pour toute l’équipe. De savoir l’une de ses meilleures amies (NDLR : Amy Pieters) en train de se battre pour la vie, ça prend beaucoup d’énergie. Et on relativise sur beaucoup de choses. Des fois, il faut savoir dire stop et prendre du recul. Si ça se trouve, j’irai encore peut-être à Flamanville, car c’est une course que j’ai gagnée dans le passé et je sais que c’est un beau tracé dans une belle région. Mais il faut que je voie le pour et le contre.