La Vuelta (19 août-10 septembre) s’élance samedi pour la première fois de France, dans une atmosphère plombée par les attentats qui ont ensanglanté l’Espagne et relégué au second plan le plateau royal présent dans l’arène à Nîmes.
En hommage aux victimes de ces attaques jihadistes, qui ont fait au moins 14 morts et plus de cent blessés en Catalogne, à Barcelone et Cambrils, une minute de silence a précédé la présentation officielle des équipes. Réunis sur une estrade, devant un grand écran affichant un ruban noir, les leaders des formations engagées l’ont célébrée la mine grave, les quatre coureurs catalans du peloton devant eux.
«C’est un coup terrible. Cette guerre, nous allons la gagner tous unis. Nous portons tous cette cicatrice et ensemble, nous la surpasserons», a déclaré le directeur général de la course, Javier Guillen en remerciant la France pour sa «solidarité». Ces actes terroristes accentuent la priorité accordée à la sécurité, si difficile à assurer sur une course cycliste suivie par des milliers de personnes au bord des routes.
L’organisation a dit vendredi travailler avec les autorités pour assurer la protection du public et de l’épreuve. Des «mesures extraordinaires» ont d’ores et déjà été adoptées en Andorre pour les 3e et 4e étapes lundi et mardi, avec des contrôles renforcés aux frontières de la Principauté, enclavée entre France et Espagne, a fait savoir le gouvernement andorran.
Dans cette atmosphère, le contrôle positif à l’hormone de croissance du co-leader de BMC, l’Espagnol Samuel Sanchez, deuxième du Tour 2010, n’a pas contribué à remonter le moral ambiant. Après Lisbonne en 1997 et Assen aux Pays-Bas en 2009, c’est la troisième fois seulement que la Vuelta s’élance hors d’Espagne, contre 12 départs hors d’Italie pour le Giro et 22 hors de France pour le Tour de France.
Et pour sa grande première en France, la Vuelta a choisi le décor antique de Nîmes: les coureurs passeront samedi lors du contre-la-montre par équipes inaugural au sein des célèbres arènes romaines. Après une deuxième étape 100% française dimanche entre la préfecture du Gard et Gruissan (Aude), le peloton passera en Andorre avant de pénétrer mardi en Espagne par la Catalogne.
Le jubilé de Contador
Souvent considéré comme le parent pauvre des trois Grands Tours, la Vuelta réunit cette année un plateau royal, privé toutefois du tenant du titre, le Colombien Nairo Quintana, qui a couru le Giro et le Tour.
Emmené par le quadruple vainqueur du Tour de France, le Britannique Chris Froome (Sky) qui part grandissime favori, le peloton comptera dans ses rangs les Italiens Vincenzo Nibali (Bahreïn), vainqueur de la Vuelta 2010, et Fabio Aru (Astana), vainqueur en 2015, les Français Romain Bardet (AG2R-La Mondiale), 3e du Tour de France cette année, et Warren Barguil (Sunweb), meilleur grimpeur, ou encore les jumeaux britanniques Simon et Adam Yates (Orica).
Sans oublier le «Pistolero» Alberto Contador (Trek), triple vainqueur de l’épreuve (2008, 2012, 2014), déterminé à réaliser un dernier coup de force dans son pays avant de raccrocher définitivement le vélo à 34 ans. Chouchou du public français, Bardet, qui participe à sa première Vuelta, a lui assuré vendredi vouloir «jouer la victoire sur pas mal d’étapes».
Froome en mission doublé
De quoi garantir le spectacle sur un parcours tracé pour avec 5 étapes de montagne — dont les deux monstres de Los Machucos et Angliru la dernière semaine –, 8 de moyenne montagne, et sans équipes susceptibles de cadenasser la course au profit des sprinteurs sur les étapes de plat.
Après sa quatrième victoire dans le Tour de France (2013, 2015, 2016, 2017), Froome est surmotivé par la perspective d’être le premier coureur à réaliser le doublé Tour-Vuelta dans cet ordre. Seuls les Français Jacques Anquetil (1963) et Bernard Hinault (1978) ont gagné les deux courses sur la même saison mais la Vuelta se courrait alors en avril-mai. «Je sais que c’est difficile après le Tour de France mais je suis ici pour essayer de gagner la course», a affirmé «Froomey», qui a échoué à la deuxième place en 2011, 2014 et 2016.
Le Quotidien/AFP