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Cyclisme – Victor de la Parte, vainqueur surprise de la Flèche du Sud


Victor De La Parte pouvait avoir le sourire et faire sauter les bouchons. Son succès dans la Flèche du Sud couronne un coureur d'expérience. (photo Julien Garroy)

Dimanche, le coureur espagnol de l’équipe autrichienne Vorarlberg  s’est glissé dans la bonne échappée du jour pour finalement rafler le classement général final de la Flèche du Sud, au cours d’une dernière étape très animée.

Le regard las, Gaëtan Bille ravale sa déception. Son maillot de leader qu’il porte encore ne vaut plus un clou. L’instant d’avant, il s’est laissé porter dans le peloton au milieu duquel il a vécu ses dernières illusions de l’emporter. Tout ça pour ça! L’Arlonais de l’équipe Véranda’s Willems a donc lâché son bien acquis dès l’ouverture de la Flèche du Sud, mercredi soir, dans la dernière étape qui, d’ordinaire, n’est qu’une simple formalité. Incroyable, mais vrai!

Un peu comme en 2007, où le Russe Boris Shpilevsky s’était façonné le succès en attaquant sèchement à seulement trois kilomètres de la ligne, la Flèche du Sud a connu dans ses derniers kilomètres un total renversement de situation.

Cette fois, le vainqueur final, l’Espagnol de 28  ans Victor De La Parte, un des fers de lance de l’équipe autrichienne Vorarlberg, a pris les devants nettement plus tôt, puisqu’il est revenu dans l’échappée principale dans la longue ascension de Septfontaines (km  51).

Sept hommes étaient partis en éclaireurs du côté de Clemency (km  20) et comme aucun n’était dangereux au classement général, l’équipe Véranda’s Willems a fait comme les autres jours. Une sorte de routine qui lui avait permis jusqu’à hier de s’en tirer à bon compte. Même le contre express de Victor De La Parte, pointé à seulement trois secondes de Gaëtan Bille, puis celui de Jasper Ockeloen, à onze secondes, n’avaient pas ému plus que de raison les coureurs belges. Il restait, il est vrai, encore 110 kilomètres à se coltiner. Et puis, c’est bien connu, sur le circuit final, traditionnellement, l’avance des échappées fond toujours comme neige au soleil.

Une crevaison vacharde

Que s’est-il bien passé pour qu’il en soit autrement cette fois-ci? Comment un coureur expérimenté comme Gaëtan Bille entouré d’une très forte équipe a pu dévisser soudainement, dans la dernière ligne droite? Les questions tournaient en boucle dans les derniers kilomètres. Au dernier passage sur la ligne, sur le circuit final, soit à un peu plus de 20 kilomètres du but, l’échappée comptait encore une minute et 12  secondes d’avance. Dans ce contexte, la crevaison vacharde de Gaëtan Bille, survenue à douze bornes de la ligne, enterra ses dernières illusions. « Mais même sans ça, je perdais le général », reconnaissait après coup Gaëtan Bille, ainsi privé d’un doublé 2014-2015.

Dans sa tête, les choses se bousculaient sans qu’il ne puisse changer le cours des choses. Qu’est-ce qui n’avait pas marché dans cette si brutale perte de maîtrise des éléments? « L’équipe n’a pas pu rouler derrière l’échappée. Lorsqu’on revenait, ils accéléraient de nouveau. J’ai senti que la fatigue était là pour tous. Ce que nous avions réussi samedi ne marchait plus. Sur le final, nous avons bien reçu de l’aide, notamment de deux coureurs de l’équipe de Grande-Bretagne qui était intéressée par un nouveau succès d’étape, mais cela n’a pas été suffisant. Nos adversaires ont vraiment bien joué le coup. C’est comme ça… »

Mais en définitive, n’était-ce pas le matin même, bien avant que la dernière étape ne démarre, que Gaëtan Bille a perdu toute chance de s’imposer? En effet, la veille, durant la 4 e étape, il s’était frotté d’un peu trop près avec le Néerlandais Peter Schulting (Parkotel Valkenburg) qui était tombé lourdement et avait été évacué à l’hôpital.

Victime d’un peloton ligué ?

Le soir même, via les réseaux sociaux, tout le peloton connaissait la nature de ses blessures (trois côtes fracturées, perforation des poumons, etc.). Et tout le monde avait vu la scène ou alors se l’était fait rapporter. Et cela avait redoublé hier matin avant le départ…

Le peloton a ses règles, ses codes non écrits. Ce sont donc les ressentiments de ses adversaires qui auraient eu la peau de Gaëtan Bille. Ce dernier ne l’ignore pas. Le coureur belge reconnaissait d’ailleurs ses démêlés de la veille. « Oui, on s’est accrochés, mais il s’agissait d’un accident de course comme il en arrive beaucoup dans le peloton, rien de méchant, et je suis bien sûr désolé pour ce coureur », insistait-il, alors que de son côté, Jasper Ockeloen, le coéquipier de Schulting, n’y allait pas par quatre chemins  : « Bien sûr que je suis content que Bille ne remporte pas le général… » Sur le podium, sa connivence affichée avec l’étonnant Victor De La Parte, sur le podium, en disait bien plus que de longs discours…

Denis Bastien