Au vu de sa domination dans le Tour des Flandres, on ne voyait pas comment il ne pouvait pas s’imposer, dimanche, sur l’Amstel Gold Race. Le vieux Kwiatowski est passé par là. Passage en revue d’une semaine riche en évènements…
Le rêve inavoué de Mathieu Van der Poel d’enchaîner quatre succès avec À Travers la Flandre, le Tour des Flandres, l’Amstel Gold Race et Paris-Roubaix, ce dimanche, est passé à la trappe. Mais personne ne lui en voudra. Le Néerlandais aime se fixer des objectifs à la hauteur de son talent. Souvent, il force son destin avec la réussite qu’on lui connaît. Et, on le répète depuis longtemps, en dehors des grands tours et des courses par étapes d’une semaine trop pentues, l’ancien quadruple champion du monde de cyclo-cross peut tout gagner. Les monuments et, de manière générale, les plus grandes classiques. Avant de reprendre des pavés avec Paris-Roubaix, dimanche, il est temps de faire un point.
TROP FAVORI «VDP»?
Mathieu Van der Poel était le grandissime favori, certes, mais lui-même a confessé qu’il n’avait pas, sur le Cauberg et les autres côtes de l’Amstel, les mêmes jambes que sur le Tour des Flandres. D’ailleurs, sur le «Ronde», il s’en était fallu de peu pour qu’il ne se fasse décrocher par Tadej Pogacar lorsque le Slovène accélérait au sommet des monts. Sur l’Amstel, le jeu d’équipe importe davantage. On image généralement la classique néerlandaise comme étant à mi-chemin entre les Flandriennes et les Ardennaises qui suivent (Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège).
Sur le plan tactique, on est plus sur les Ardennaises. Ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne. Lorsqu’il a remporté le Tour des Flandres, il était globalement le plus fort, même s’il a dû s’accrocher dans la roue de Pogacar dans les endroits les plus pentus. Ce n’était plus le cas sur les hauteurs de Valkenburg, même si ses deux accélérations sur le final ont fait un sacré effet. Plus que tout, c’est collectivement que l’équipe Ineos a remporté l’Amstel. Avec Tom Pidcock qui se chargeait de sauter sur tout ce qui bougeait, le «vieux» Michal Kwiatkowski, devant, jouait sur du velours. «Dans le Keutenberg, j’ai dû monter à mon rythme. Ensuite, je savais qu’avec les Ineos, Kwiatkowski et Pidcock, dans le groupe, ce serait compliqué. C’était très tactique. Mais je n’avais pas les jambes pour aller chercher tout le monde», reconnut simplement «VDP», qui était, c’est vrai, un peu trop favori aussi.
QUI S’ANNONCE POUR LA SUITE?
La suite, c’est d’abord Paris-Roubaix. Mathieu Van der Poel sera de nouveau le grand favori. S’il a remporté deux fois le Tour des Flandres, l’Enfer du Nord est forcément taillé à sa mesure. Et, là, le jeu d’équipe ne sert pas à grand-chose… C’est souvent du sauf-qui-peut à partir de la tranchée d’Arenberg. Il faut de la chance. Et des jambes. Pour les jambes, on fait confiance à Stefan Küng, le coéquipier suisse de Kevin Geniets, il se trouve en très grande forme. La preuve, il est parvenu à passer les bosses de l’Amstel sans encombre. Kasper Asgreen aussi. Enfin une lueur d’espoir pour Quick-Step en panne de réussite sur ces classiques de printemps? Le peloton roubaisien sera conforme à ce qu’on peut en attendre. Une grosse question : où en sera Wout van Aert (Jumbo-Visma) après son infection au Covid-19?
Pour le reste, les Ardennais vont se retrouver demain pour la Flèche Brabançonne, qui reste une semi-classique. C’est du Pays basque qu’une grosse concurrence est attendue. Remco Evenepoel et Julian Alaphilippe sortent d’une belle semaine de course. Cela reste la voie reste royale si on veut briller dans la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. De ce que nous avons pu voir, dimanche aux Pays-Bas, il est évident que le bloc Ineos promet. Kwiatkowski et Pidcock recevront l’appui de Daniel Martinez, qui vient de remporter le Tour du Pays basque, et aussi de Geraint Thomas et Adam Yates… Ajoutez à ceci, par exemple, David Gaudu (Goupama-FDJ), Marc Hirschi, Tadej Pogacar (UAE), Jonas Vingegaard, Primoz Roglic et Tiesj Benoot (Jumbo-Visma) et vous obtiendrez un menu appétissant. Mais il va falloir attendre un peu plus d’une semaine…
LA CONFIRMATION COSNEFROY
Blessures à répétition, malchance, la série noire semble terminée pour l’épatant puncheur français. Certes, il s’est fait battre sur la ligne par le rusé Michal Kwiatkowski, mais le coureur d’AG2R Citroën s’impose doucement à 26 ans comme un leader de référence. Il pourrait faire très mal sur la Flèche et la Doyenne si l’on se fie à ce qu’on a vu dimanche. Il ne lui manque désormais qu’à monter sur la plus haute marche d’un podium. Bon, avec le plateau de la Flèche Wallonne et de Liège-Bastogne-Liège, cela peut être compliqué. Ce serait plus simple sur la Flèche Brabançonne, non?
LES LUXEMBOURGEOIS
Michel Ries (Arkéa-Samsic) est aligné aujourd’hui sur Paris-Camembert (lire par ailleurs). Il y retrouvera Tom Paquet (U Nantes Atlantique). Il s’agira de sa quatrième course depuis sa reprise après son opération. Tom Wirtgen (Bingoal) sera le seul représentant luxembourgeois demain sur la Flèche Brabançonne. Son frère Luc se remet doucement des suites d’une grippe qui l’avait obligé à quitter rapidement le Circuit de la Sarthe. «Cela va déjà un peu mieux et j’ai repris l’entraînement. Je pense que ça va aller», nous expliquait hier l’intéressé, qui va remettre un dossard vendredi pour la Classic Grand Besançon, puis le lendemain sur le Tour du Jura. Il y retrouvera un certain Kevin Geniets (Groupama-FDJ).
Si Luc Wirtgen est quasiment sûr de doubler Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège, ce n’est pas certain en ce qui concerne le champion national, toujours aussi en verve. C’est sa condition qui décidera, mais ce n’est pas exclu.
Enfin, ce week-end, c’est Christine Majerus (SD Worx) qui ouvrira samedi les réjouissances roubaisiennes. Onzième l’an passé de la première édition malgré une chute survenue dans le final, la multiple championne nationale, en très grande condition, a encerclé de rouge ce rendez-vous.
Le lendemain, ce sera au tour de Tom Wirtgen, hors délai l’an passé après une cascade de pépins invraisemblable, comme cela se passe malgré tout assez souvent sur les pavés de l’Enfer du Nord. Il a une telle envie d’y retourner. Comme Alex Kirsch, si précieux dans l’édifice de Trek-Segafredo aux côtés de Mads Pedersen et Jasper Stuyven. L’an passé, une chute collective l’avait emporté avant le premier secteur pavé. Il n’a jamais été verni sur cette épreuve (deux abandons, en 2021 et 2018, une fois hors délai en 2019). C’est le moment d’inverser la tendance! Enfin, Bob Jungels (AG2R Citroën) est attendu pour Liège-Bastogne-Liège, et pas seulement en qualité d’ancien vainqueur (2018), avant d’obliquer vers le Tour de Romandie, deux jours plus tard. Tout le monde a donc de quoi s’occuper!