Le retournement de situation attendu est bien arrivé ce vendredi après le chrono de 25,4 km à Dudelange où l’Italien Mattia Cattaneo s’est imposé pour la première fois de sa carrière dans cet exercice alors que, de son côté, Joao Almeida a renversé Marc Hirschi.
L’accolade entre les deux hommes a été longue et chaleureuse. Le plan que Joao Almeida et Mattia Cattaneo, les deux coureurs de Deceuninck-Quick Step avaient imaginé le matin même en partant à la reconnaissance du parcours s’est passé comme ils l’avaient prévu. Le coureur italien de 30 ans avait terminé sixième à Saint-Émilion du dernier chrono du Tour de France, à la veille de l’arrivée. Il s’agit d’une spécialité qu’il a presque découverte sur le tard. Mais ces trois dernières saisons, il multipliait les places d’honneur dans les chronos, comme l’atteste cette autre sixième place dans le dernier chrono de la Vuelta 2020. Ou encore cette huitième position lors de la 21e étape du Giro 2019, alors qu’il portait les couleurs de la modeste équipe Androni Giocattoli, dénicheuses de talents.
Ce n’est donc pas un hasard s’il a fini par atterrir dans l’équipe Deceuninck-Quick Step, où il n’a toujours pas prolongé pour la saison prochaine et c’est peu dire que ce succès tombe à pic si jamais les tractations faisaient du surplace. Car du haut de ses trente ans et de son manifeste talent, Mattia Cattaneo n’avait jusqu’ici enregistré que deux succès. Un premier en 2017 sur une étape du Tour de la Provence. Et le deuxième deux ans plus tard sur le tour des Appenins.
Une douce euphorie
Bref, celui qui avait commencé sa carrière dans l’équipe Lampre en 2013, jubilait littéralement vendredi après-midi. «Je suis tellement heureux, parce que j’ai beaucoup travaillé dans le contre-la-montre et obtenir enfin ma première victoire dans la discipline est incroyable. Mais dans notre équipe, c’est assez facile de devenir un bon spécialiste», répétait Mattia Cattaneo en boucle, en passant d’un micro à un autre.
L’euphorie du coureur italien était double et communicative puisqu’on y revient, il s’agissait non seulement de célébrer un doublé, mais encore et surtout la reprise du pouvoir de João Almeida, conformément à ce qui était attendu. Pourtant, le Suisse Marc Hirschi a bel et bien relevé le défi dans un combat pour lequel il ne partait pas favori. Son chrono n’est d’ailleurs pas infâme, mais il n’y avait pas photo entre les deux postulants au maillot jaune et les 47 secondes relevées sur la ligne illustrent précisément la différence enregistrée entre les deux hommes.
Très vite, le premier écart intermédiaire allait donner la tendance puisque après 14,4 kilomètres, Hirschi avait perdu 18 secondes face au Portugais qui continuait son petit bonhomme de chemin, sans jamais se laisser distraire.
«Premier et deuxième pour le Wolfpack, ça ne pouvait pas aller mieux que ça. Je suis ravi d’être à nouveau en jaune, mais aussi pour Mattia, il méritait cette victoire. J’ai eu de très bonnes jambes et j’ai tout fait, surtout dans la deuxième partie du parcours. J’ai une belle marge dans le classement général maintenant et nous allons tout faire pour garder le maillot dans la dernière étape», racontait Almeida.
La frayeur de Mollema
Pour sa part, le Néerlandais Bauke Mollema, n’allait pas connaître ce bonheur puisqu’il perdit l’équilibre dans une chicane, ce qui occasionna une chute très impressionnante, mais fort heureusement sans grand frais dans la mesure où il put se relever et terminer. Bien sûr, il a perdu dans cette cabriole toute chance de signer un top 10.
Côté luxembourgeois, Bob Jungels a connu un problème mécanique et un changement de vélo pénalisant qui l’a empêché de pouvoir prendre des repères solides. Mais le plus important n’était pas là puisque depuis le début de ce Skoda Tour, il ne cesse de se surprendre dans le bon sens du terme, dans la mesure où, à la fin juin, après sa double opération aux deux jambes pour une endofibrose de l’artère iliaque, il était resté huit semaines au repos absolu…
L’autre grande satisfaction du jour concerne Arthur Kluckers qui continue de s’appliquer sur chaque étape. Classé à la 36e place du chrono, il reste au 32e rang du classement général. Rappelons que lundi, il s’alignera sur le chrono des Mondiaux espoirs.
Les classements
4e étape : 1. Mattia Cattaneo (ITA/Deceuninck-Quick Step) les 25,4 km en 30’53″ (moy : 49, 3 km/h); 2. Joao Almeida (POR/Deceuninck-Quick Step) à 2″; 3. Mattias Skelmose Jensen (DAN/Trek-Segafredo) 26″; 4. David de la Cruz (ESP/UAE) 35″; 5. Pierre Latour (FRA/ToralEnergies) 38″; 6. Marc Hirschi (SUI/UAE) 49″; 7. Jack Bauer (AUS/BikeExchange) 50″; 8. Harry Sweeny (AUS/Lotto Soudal) 55″; 9. Antonio Tiberi (ITA/Trek-Segafredo) mt; 10. Vincenzo Nibali (ITA/Trek-Segafredo) 57″; 11. Bruno Armirail (FRA/Groupama-FDJ) 1’00″; 12. Kobe Goossens (BEL/Lotto Soudal) 1’04″; 13. Thibaut Pinot (FRA/Groupama-FDJ) mt; 14. Frederik Frison (BEL/Lotto Soudal) 1’05″; 15. Jesus Herrada (ESP/Cofidis) 1’08″… 24. Nairo Quintana (COL/Arkea-Samsic) 1’23’ »… 36. Arthur Kluckers (LUX/Leopard) 1’51« … 38. Alex Kirsch (LUX/Trek-Segafredo) 1’55« … 40. Tom Wirtgen (LUX/Bingoal) 2’11« … 64. Bob Jungels (LUX/AG2R-Citroën) 3’03« … 87. Ben Gastauer (LUX/AG2R-Citroën) 4’01« … 94. Cédric Pries (LUX/Leopard) 4’20« … 98. Bauke Mollema (NED/Trek-Segafredo) 4’29″… 114. Luc Wirtgen (LUX/Bingoal) 5’32«
Classement général : 1. Joao Almeida (POR/Deceuninck – Quick Step) en 12 h 49’51″; 2. Marc Hirschi (SUI/UAE) 43″; 3. Mattia Cattaneo (ITA/DEceuninck – Quick Step) 50″; 4. David de la Cruz (ESP/UAE) 52″; 5. Pierre Latour (FRA/ToralEnergies) 1’07″“; 6. Thibaut Pinot (FRA/Groupama-FDJ) 1’21″; 7. David Gaudu (FRA/Groupama-FDJ) mt; 8. Vincenzo Nibali (ITA/Trek-Segafredo) 1’32″; 9. Davide Formolo (ITA/UAE) 1’36″; 10. Jesus Herrada (ESP/Cofidis) 1’37″; 11. Nairo Quintana (COL/Arkea-Samsic) 1’50″… 32. Arthur Kluckers (LUX/Leopard) 8’46’« … 53. Tom Wirtgen (LUX/Bingoal) 17’55« … 60. Luc Wirtgen (LUX/Bingoal) 18’56’« … 80. Alex Kirsch (LUX/Trek-Segafredo) 22’19« … 82. Bob Jungels (LUX/AG2R-Citroën) 23’04« … 90. Ben Gastauer (LUX/AG2R-Citroën) 28’01« … 101. Cédric Pries (LUX/Leopard) 32’25«
Samedi, 5e et dernière étape : Mersch – Luxembourg (183,7 km). Départ à 10 h 30, arrivée vers 15 h.
Denis Bastien