Kevin Geniets, les frères Wirtgen et Jempy Drucker ont fait leur boulot d’équipier et n’ont pas toujours été épargnés par le mauvais sort.
Pour les coureurs luxembourgeois, l’image forte de ce Tour des Flandres restera sans doute cette offensive culottée et franche de Kevin Geniets, profitant du Berendries pour attaquer en tête de peloton, alors encore placé en chasse derrière l’échappée matinale. Il restait environ 92 kilomètres de course et on se rapprochait sérieusement du final. Le champion national avait prévu de bouger, préférant anticiper, plutôt que de subir les attaques des grosses cyclindrées au plus fort de la pente pavée, que ce soit dans le Vieux Quaremont, le Paterberg ou encore le Koppenberg, là où depuis quelques années et l’abandon du Grammont, tout finit par se jouer, dans l’avant-dernier tour ou le dernier passage.
Bref, Kevin Geniets qu’on avait vu progressivement se rapprocher de la tête du peloton, fila sans demander son reste. Mais des coureurs de renom avaient la consigne de ne pas laisser filer l’élancé coursier de la Groupama-FDJ, en proie à des difficultés respiratoires sur le Grand Prix E3 puis Gand-Wevelgem, mais bien remis sur pied depuis des problèmes d’allergie décelés et diagnostiqués.
L’attaque eut assez d’effet pour voir l’Italien Davide Ballerini (Elegant-Quick Step) puis le Belge Edward Theuns (Trek-Segafredo) rappliquer. De trois, le groupuscule s’étoffa encore à une petite dizaine. Mais la belle escapade mourut de sa belle mort. «Je voulais anticiper et c’est ce que j’ai fait. Je suis sorti avec un bon groupe, mais malheureusement le peloton n’a pas laissé faire. C’est dommage, mais au moins j’ai essayé…», analysait après coup Kevin Geniets.
Crevaison
pour Geniets
La suite n’allait pas lui être favorable puisqu’il essuya une crevaison juste avant le deuxième passage au Vieux Quaremont. S’il avait recollé au pied, il n’a rien vu dans la montée de la spectaculaire chute de son leader, le champion de Suisse Stefan Kung, leader de la formation française. C’en était donc fini de ses chances de Stefan Kung qui se releva néanmoins, et devant Kevin Geniets, comme Valentin Madouas, restaient les dernières chances de la troupe de Marc Madiot. «La course s’est vraiment lancée à ce moment-là, déplora le coureur suisse. Malheureusement, cet incident a anéanti tous mes espoirs de bon résultat. La déception est très grande, surtout que j’avais de très bonnes jambes aujourd’hui.»
Le résultat n’était pas là, mais franchement, Kevin Geniets qui a terminé donc la 52e place, a encore démontré l’étendue de sa progression. Rappelons qu’il reviendra sur la Flèche Brabançonne et l’Amstel Gold Race avant une coupure salvatrice.
L’autre coureur luxembourgeois qui a franchi la ligne d’arrivée, n’est autre que Luc Wirtgen (Bingoal), classé 62e. «Le premier objectif de l’équipe était de placer un coureur dans l’échappée et Mathijs Paasschens a été celui-là. Après, le but était de protéger notre leader, Arjen Livyns (le Belge termina à la 31e place). Moi, j’ai perdu le contact dans la deuxième montée du Vieux Quaremont où la course s’est décantée. Comme je plaçais Arjen, j’étais positionné assez haut. Je me sentais bien. Mais à la fin, je n’avais plus les jambes, j’avais fait mon boulot comme tous les coureurs de l’équipe. Quand tu passes plus de six heures sur ton vélo sur ces monts, à la fin, c’est long…», explique le cadet des frères Wirtgen qui enchaînera avec la Flèche Brabançonne et toutes les classiques ardennaises (Amstel Gold Race, Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège).
Bris de roue
pour Drucker
De son côté, son grand frère Tom a effectué un grand travail de placement, juste avant le Vieux Quaremont. Un effort qui lui a coûté beaucoup d’énergie. Mais son job était fait.
Jempy Drucker (Cofidis) lui non plus, n’est pas allé au bout du Ronde. Explications : «Je me sentais pourtant bien mieux que mercredi à Waregem. Mais avant la deuxième montée du Quaremont, une grosse chute s’est produite derrière moi et un coureur a cassé ma roue arrière. Ensuite, je suis revenu et j’ai repris un dernier grand relais pour replacer Christophe Laporte (NDLR : le coureur français a pris une belle onzième place, confirmant ses progrès notoires dans les classiques flandriennes). Voilà, c’était fini pour moi.» Après une coupure, Jempy Drucker reprendra la route pour les Quatre Jours de Dunkerque (4-9 mai).