Jempy Drucker parlait lundi soir de son succès, à l’issue de la 16e étape du Tour d’Espagne, avec gourmandise et légèreté. Il lui a fallu cravacher pour l’obtenir et tout le mérite lui en revient.
Après lui, comme par mimétisme, tous ses coéquipiers, d’un seul homme, ont levé leurs bras vers le ciel de Peñiscola. Mieux que des mots, ces signes d’affection appuyés envers leur coéquipier luxembourgeois donnaient une parfaite résonance à la place dont dispose aujourd’hui Jempy Drucker chez BMC (où il a encore un an de contrat).
Lui-même, avait eu du mal à contenir sa propre émotion. Il s’était libéré sur la ligne car oui, il s’est vu gagner cette 16e étape de la Vuelta, ce qui n’est pas toujours le cas pour un sprinteur. Mais puisque personne ne le remontait alors qu’il s’était défait en force de Gianni Meersman aux 200 mètres, c’était au bout de cette longue et large avenue, à un jet de pierres des célèbres plages valenciennes, la délivrance, l’extase. Il raconte…
Qu’avez-vous ressenti ?
Jempy Drucker : Une joie immense. Intense. Pour une fois que tout se passe bien pour moi… Je vous l’avais dit après le championnat national. J’avais hâte de me retrouver dans cette Vuelta. C’était mon but de remporter une étape. Mais bon, vous le savez, j’étais quand même frustré de n’avoir pas fait mieux que huitième et neuvième des deux premiers sprints. Ici aujourd’hui (lundi), tout était parfait. Du début à la fin…
Pourtant à quelque 3 700 mètres, on vous a vu en position avancée derrière Danilo Wyss, votre coéquipier. Ce n’était pas trop tôt ?
Si. On s’est retrouvés devant alors, on a ralenti. Mais c’est mieux de freiner que de chasser. On s’est juste replacés. Sans faire trop d’efforts. Il me tenait à l’écart des dangers. Puis on est revenus au bon moment. Dans les derniers hectomètres, il y avait des ronds-points, c’était quand même assez technique avant d’arriver sur l’avenue de l’arrivée. Mon placement a été bon, j’étais au bon endroit au bon moment. J’étais dans mon rythme pour essayer de surgir de derrière avec une bonne vitesse. C’était vraiment parfait. Gianni Meersman a produit son effort et j’ai profité de l’aspiration..
Avez-vous conscience d’avoir remporté un succès important ?
Oui, c’est la plus belle victoire de ma carrière et c’est bon de l’obtenir dans un grand Tour où je sais qu’un succès d’étape, ça reste pour la vie. Quand je repense à ma carrière, je mesure le chemin parcouru. Je pense que j’ai beaucoup travaillé pour obtenir ça. C’est beaucoup de sacrifices. J’avais remporté la Classic London l’an passé, ce qui restait jusqu’alors mon plus grand succès, mais c’est vrai que là, c’est au-dessus.
À qui voulez dédier ce succès ?
À ma famille. À ma femme (Lynn). À tous les gens qui ont cru en moi. C’est aussi une récompense pour eux qui m’ont aidé lorsque j’ai connu des moments plus difficiles, incertains. C’est aussi dans les difficultés qu’on grandit.
Vous avez reçu beaucoup de messages ?
Oui, j’en aurai pour longtemps avant de tout lire. Ça fait forcément plaisir de savoir que les gens sont contents pour moi car c’est effectivement ce que je ressens. Je dis merci à tous !
Entretien avec Denis Bastien