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[Cyclisme] Raymond Scholer : «J’attends avec une envie terrible la reprise des courses !»


La patience de Raymond Scholer semble avoir atteint ses limites ! Il a hâte que les courses reprennent ! (Photo : DR)

Raymond Scholer est un fan mais surtout un grand connaisseur de cyclisme depuis sa plus tendre enfance où Charly Gaul est rentré presque par effraction. Il le dit comme il le pense, il est en manque…

Depuis sa résidence à Ingeldorf, Raymond Scholer sort toujours son Cervelo rouge et noir rehaussé par de belles jantes en carbone à raison de trois fois par semaine. Mais depuis la mi-mars, il passe un peu plus de temps au jardin et auprès de son épouse Chantal. Il observe aussi avec acuité la croissance de ses quatre petits-fils, sans doute de futurs cyclistes en puissance. Mais le détail est d’importance, il ne se poste plus en journée devant son poste de télévision et les après-midis ont d’un coup, gagné en amplitude.

En ennui aussi, tant ce passionné invétéré, qui parle d’une voix calme, sans jamais hausser le ton, avait ses habitudes bien établies. Car Raymond Scholer, 70 ans, retraité, ancien employé de la Brasserie Diekirch (où il s’occupait des contrats et autres contentieux), est non seulement un fin connaisseur du cyclisme qu’il suit attentivement depuis sa plus tendre enfance, c’est aussi et ça se comprend, un fan intergénérationnel des coureurs luxembourgeois. Un fan privé de son sport favori. Un fan qui durant ce week-end des 20 et 21 juin 2020 n’aurait surtout pas manqué de suivre assidûment les championnats nationaux prévus cette année à Mamer (déplacés les 20 et 23 août…). Bref, avec la crise sanitaire, c’est tout un pan de ses habitudes qui s’est effondré subrepticement. «Je préfère parler de 39×19 que de coronavirus», sourit-il ainsi.

Comme d’autres, Raymond Scholer fait partie du paysage cycliste luxembourgeois. Proche du club de Tooltime Préizerdaul («Tom Steichen, mon gendre, a contribué au lancement du club»), son regard reste ouvert à tous les horizons. Depuis toujours, avec discrétion et élégance, Raymond Scholer promène sa haute silhouette sur les courses du pays, comme à l’étranger sur les grands rendez-vous. On l’a ainsi vu depuis une vingtaine d’années en Italie, en Suisse, en France, comme en Belgique ou aux Pays-Bas, sur bon nombre d’évènements, que ce soit le Giro, le Tour, les classiques, les Mondiaux, etc.

«Pendant une quinzaine d’années, j’ai été membre du comité du VC Diekirch sous la présidence de Pierre Speicher, alors que Camille Dahm, le président actuel de la FSCL, entraînait les coureurs. Les samedis après-midi, on faisait des sorties avec les coureurs et en hiver on s’entraînait au hall sportif du lycée. Mais on organisait également le bal du vélo avec remise des prix aux coureurs, et des déplacements aux Six Jours de Gand et de Maastricht. Et les dimanches matin de l’arrivée du Tour de Luxembourg, on était debout à six heures pour placer les barrières le long de la ligne d’arrivée et pour installer les stands», retrace-t-il.

J’étais en train de nettoyer des cages de lapins, lorsque ma mère m’a signalé qu’elle venait d’entendre à la radio qu’un Luxembourgeois aurait gagné le Tour de France

Cette passion viscérale lui est tombée dessus, presque par hasard. «Le premier souvenir que j’ai du monde du vélo, je devais alors avoir six ou sept ans, c’est d’avoir demandé à mon père : « Qui est le meilleur coureur du monde ? » Sa réponse fut « Louison Bobet », qui venait de gagner trois Tours de France d’affilée. Vint ensuite la grande époque de Charly Gaul, avec notamment la victoire du Tour de France en 1958 et du Giro d’Italia en 1956 et 1959. Je fus malheureusement encore trop jeune à ce moment pour réaliser toute la portée de ses exploits, mais je me rappelle que ma mère est venue me rejoindre au hangar, où j’étais en train de nettoyer des cages de lapins, pour me signaler qu’elle venait d’entendre à la radio qu’un Luxembourgeois aurait gagné le Tour de France… Par contre, j’ai déjà suivi avec beaucoup de passion la suite de la carrière de Charly, avec les peu de moyens de communication qu’on avait alors. Ainsi je me souviens de la voix de l’homme de culture et de théâtre qu’était Tun Deutsch, qui suivait le Tour de France pour Radio Luxembourg avec l’ancien coureur Mett Clemens. Et lors du Tour de Luxembourg, je prenais le train pour aller à Diekirch afin d’y assister à l’arrivée de l’étape reine avec la montée mythique du Haemerich. Et bien entendu pour admirer Charly Gaul, mais aussi Jempy Schmitz, Marcel Ernzer, Aldo Bolzan et les autres vedettes, qui participaient à notre Tour national…»

Personnage posé et distingué, il s’est logiquement interrogé sur ce lien qu’il continue de tisser avec ce sport si prisé au Grand-Duché. «Pourquoi cet amour pour la petite reine ? Je pense qu’il y a plusieurs raisons. D’abord c’est un très beau sport, pratiqué sur un engin esthétique qui aujourd’hui ressemble souvent à un petit bijou. Mais c’est plus qu’un sport. Ce sont également des paysages, des villes et villages magnifiques, c’est la géographie, l’histoire, la culture. Rien de mieux que les courses cyclistes pour apprendre à connaître la France, l’Italie, l’Espagne, les Ardennes, les plaines des Flandres et tant d’autres régions de notre planète.»

L’intéressé ne cultive aucune nostalgie maladive. S’il aime fouiller dans les tiroirs de sa mémoire, ce n’est pas un maniaque de l’encaustique. Il reste bien ancré dans le présent. Et sa connaissance encyclopédique du cyclisme, lui sert simplement à relativiser et revisiter sans cesse, son sport fétiche. «Lors de la grande époque des frères Schleck et de Kim Kirchen, j’avais dit à mes copains d’en profiter car cela ne va plus jamais se répéter. Mais la génération actuelle est très bonne, la preuve avec Bob Jungels, Christine Majerus et tous les autres…»

Ces derniers temps, Raymond n’a guère cédé à la tentation des rediffusions qui ont rempli les grilles des chaînes d’infos sportives. «Une trentaine de minutes au maximum et encore… par contre j’ai adoré revoir le final de l’Amstel Gold Race 2019 et le chef-d’œuvre de Mathieu Van der Poel, son exploit, c’était quand même extraordinaire…»

Largement de quoi poursuivre des discussions endiablées. «J’aime discuter vélo avec les copains et avec les maris de nos deux filles, qui eux-mêmes ont fait de la compétition au niveau national…»
Sauf qu’aujourd’hui, Raymond Scholer manque de charbon pour alimenter la machine de sa passion. «Paris-Nice a été la dernière course que j’ai regardée à la télé. Tout a donc été annulé ou reporté depuis. Le dernier déplacement, c’était pour les Mondiaux de cyclo-cross près de Zurich (Dübendorf) fin janvier. On n’a pas pu aller voir les classiques comme prévu, alors que nous ne rations jamais l’Amstel, la Flèche Wallonne ni Liège-Bastogne-Liège. Au pays, la Flèche du Sud n’a pas eu lieu et le Tour de Luxembourg est reporté. J’avais mes habitudes.»

En septembre prochain, il ne désespère d’aller faire un saut à la Planche des Belles Filles pour l’épilogue du Tour de France.

C’est peu dire qu’en ce mois de juin qui annonce traditionnellement la Grande Boucle, Raymond Scholer a faim de cyclisme. «J’attends avec une envie terrible la reprise des courses», euphéminise-t-il. Son Cervelo sera soumis à rude épreuve…

Denis Bastien

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