En constante évolution, Tom Wirtgen (26 ans), à l’instar de son équipe Bingoal-Pauwels Sauces WB, s’attaque sans complexe aux classiques flandriennes qui redémarrent avec Bruges-La Panne.
Tom Wirtgen débute aujourd’hui sa quinzaine de classiques flandriennes. Lorsque nous l’avons joint hier matin, il partait rejoindre ses coéquipiers de Bingoal-Pauwels Sauces WB avec lesquels il restera la plupart du temps ces prochains jours. Il nous fait part de ses sentiments avant la quinzaine sainte…
Les classiques flandriennes reprennent ce mercredi avec Bruges-La Panne. Quel sera votre programme exact?
Tom Wirtgen : Je ferai toutes les classiques jusqu’au Tour des Flandres. Je ferai La Panne, le Grand Prix E3, Gand-Wevelgem, À travers la Flandre, et le Tour des Flandres.
Ce n’est pas trop?
C’est beaucoup, c’est sûr. Mais je ne suis pas le seul non plus. On va essayer de faire le maximum, mais avec l’équipe, on adopte une stratégie différente en fonction de chaque classique. On soulage des coureurs ici ou là, en fonction des courses. On aura des rôles aménagés.
De votre côté, si on en juge par vous dernières sorties, notamment la semaine dernière sur le Grand Prix de Denain, vous semblez revenir en forme au bon moment…
La forme est vraiment bonne, comme on a pu s’en apercevoir sur le Grand Prix de Denain, j’arrivais presque à suivre les meilleurs, sauf le coup lancé par Ineos, mais je n’étais pas loin du compte. Cela me donne confiance pour la suite. C’est certain que les classiques qui viennent sont d’un niveau plus haut. On va essayer de faire du mieux possible et de marquer des points UCI.
On peut imaginer que c’est sans doute le Grand Prix E3, vendredi, qui vous conviendrait le mieux. Que pouvez-vous en attendre?
Oui, c’est la course qui me convient le mieux effectivement. Je pense donc que j’aurai carte libre. Pour La Panne et Gand-Wevelgem, je me mettrai à 100 % pour nos sprinteurs, Timothy Dupont et Stanisław Aniołkowski. Je vais essayer de les protéger en cas de bordure et les protéger du mieux possible.
Lorsqu’on court dans une équipe de deuxième division comme votre équipe, comment s’organise-t-on dans une classique?
C’est comme si on séparait l’équipe en trois parties. La première concerne les jeunes qui vont essayer de prendre l’échappée. S’ils n’y arrivent pas, car ce n’est pas automatique, des coureurs comme moi, Ludovic Robeet par exemple, devront essayer d’aller dans des coups à l’approche du final. Et enfin, le troisième niveau, c’est pour la finition. Pour La Panne et Gand-Wevelgem, il s’agit des sprinteurs qui doivent essayer d’obtenir le meilleur résultat possible. Au Grand Prix E3, ce sera à moi d’avoir peut-être carte libre, on verra bien avec les directeurs sportifs. Mais on le sait, dans les classiques flandriennes, il y a des crevaisons, des chutes. En quelques minutes seulement, une tactique peut changer du tout au tout.
Vous aimez rappeler que vous aimez ces courses de pavés…
Oui, j’aime ce type d’efforts, mais je préfère encore les courses de pavés du nord de la France. Paris-Roubaix, bien sûr (NDLR : après de multiples incidents mécaniques et un dépannage qui avait mis une quinzaine de minutes, il avait terminé hors délais, devant la voiture balais), mais aussi le Grand Prix de Denain. C’est un effort qui me convient encore mieux que les monts pavés des Flandres. Par exemple, le parcours de La Panne, je le trouve assez monotone, ce n’est pas ce qui me plaît le plus. Mais je suis un coureur assez passe-partout. Je me sens également bien sur des tracés comme celui de l’Amstel Gold Race.
Une classique flandrienne, c’est dur physiquement, mais c’est surtout mentalement qu’on fatigue
Existe-t-il une méthode pour se faire une place dans le peloton sur ce type de classiques, où c’est la bagarre avant chaque mont?
C’est vrai qu’une classique flandrienne, c’est dur physiquement, mais c’est surtout mentalement qu’on fatigue. Sur un Tour des Flandres de 250 kilomètres, il n’y a pas beaucoup de moments où on peut se détendre. Avant chaque mont, les équipiers essaient de placer les leaders dix kilomètres en amont. C’est un travail usant et à la moindre vague, on peut perdre son placement. Un bon travail peut être réduit à néant pour un détail, un coup du sort. On le voit bien à la télévision, tous ces mouvements de course spécifiques aux flandriennes.
Dans ce contexte, les grandes équipes respectent-elles les plus petites?
C’était plus difficile pour les plus petites équipes il y a quelques années encore. Mais on voit que l’écart de niveau entre les équipes du World Tour (NDLR : 1re division) et les équipes Pro Continentales (2e division), comme la nôtre, est moins net qu’avant. On le voit avec les équipes françaises Arkéa-Samsic et TotalEnergies qui sont aussi fortes que les World Tour. Certes, les équipes de l’élite sont fortes, elles ont souvent un coup d’avance en course, mais cela s’est nivelé. On voit des coureurs comme Nairo Quintana, Peter Sagan qui courent sans problème en Pro Continental. On voit moins de différence.
J’aimerais briller dans le Grand Prix E3, si possible. Et pourquoi pas me retrouver dans l’échappée du Tour des Flandres…
Vos bonnes sensations du moment, vous les vérifiez par des chiffres?
C’est certain que j’avais vu un net progrès à l’entraînement cet hiver, avant que je ne tombe malade avec le covid. D’où ma déception de manquer le début de saison. D’ailleurs, tout ce travail n’a pas été perdu, mes directeurs sportifs ont été surpris la semaine dernière qu’avec le peu de préparation que j’ai eu, j’ai pu finir dans le premier groupe à Denain. Les chiffres ne mentent pas, je suis plus résistant. J’ai 26 ans également, je me connais mieux, je connais mieux les courses, les adversaires et les routes des courses.
Vous avez modifié des choses par rapport à votre entraînement ?
Non, c’est sûr que le volume d’entraînement est chaque année plus important. J’essaie d’agrandir le moteur, d’augmenter ma résistance.
Si vous deviez résumer l’état d’esprit de votre équipe et de vos équipiers… C’est davantage l’idée d’intégrer une équipe du Word Tour ou alors, c’est de grandir ensemble?
Christophe Brandt (le manager de l’équipe Bingoal-Pauwels Sauces WB) voit le long terme. Et on l’a remarqué avec l’arrivée de sponsors, puis la prolongation de leurs engagements pour trois à cinq ans. Le niveau de l’équipe augmente et on le ressent à l’intérieur. Le matériel s’améliore constamment, comme l’organisation interne. Toute l’équipe fait le maximum pour obtenir des résultats. On ne peut pas gagner individuellement contre des coureurs comme Mathieu (Van der Poel) ou Wout (Van Aert). Mais on roule en équipe, on peut alors hausser notre niveau.
Une super campagne de classiques flandriennes, ce serait quoi?
Je veux d’abord faire mon travail à 100 % pour l’équipe. Ensuite, j’aimerais qu’un de nous parvienne sur un podium d’une course comme La Panne ou dans À travers la Flandre. Pour moi, j’aimerais briller dans le Grand Prix E3, si possible. Et pourquoi pas me retrouver dans l’échappée du Tour des Flandres…