Patrick Lefevere, charismatique manager de l’équipe belge Etixx-Quick Step, explique le choix d’avoir recruté Bob Jungels.
Le Quotidien : À partir de quel moment, en 2015 l’idée de recruter Bob Jungels est-elle venue?
Patrick Lefevere : J’ai été contacté durant la saison par son agent et j’ai rencontré Bob le lendemain de l’arrivée du Tour, à Paris.
Vous attendez quoi de lui?
J’attends toutes les bonnes choses qu’on peut espérer de lui. Lorsqu’il était jeune, il était suivi par Peter Hespel, responsable du centre Bakala à Louvain. Mais sans doute sous la pression luxembourgeoise, l’arrivée de Leopard a changé les plans. Ils l’ont convaincu. Et nous, nous avons perdu le contact. Là, on a perdu quelques années. Donc, j’espère qu’on va retrouver un Bob Jungels plus fort qu’il y a quelques années. L’enfant va partir et l’homme va venir. Il est là et c’est le plus important ( rire ).
Vous avez eu le sentiment qu’il a perdu son temps ces dernières années?
Je ne sais pas. Le Luxembourg est petit et j’ai l’impression que tout le monde le regarde, voit ce qu’il fait ou ne fait pas. Notre équipe est très internationale, nous avons treize nationalités. Ici, il est l’un des trente coureurs, c’est tout.
Quel est le discours que vous lui adressez?
Qu’il n’y a pas de secret dans le vélo. Je lui dis que je suis allé trois fois déjà à Lourdes et que je n’ai jamais vu de miracle. Il faut bosser. Je lui dis qu’il est sérieux, qu’il doit continuer à bosser. Nous, on a un statut très fort et on fait tout pour permettre au coureur de faire son métier de la façon la plus agréable qui soit. À la fin, c’est lui qui doit pédaler.
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Quels seront ses objectifs?
Il a montré sur le dernier Tour de France qu’il était très fort en dernière semaine. Il récupère donc très bien, il a un bon moteur. Il roule très fort. Sans lui mettre trop la pression, on peut essayer de le voir pour le classement général sur une course d’une semaine. Après, on regardera ce qu’il donne dans un grand Tour.
Quels sont vos objectifs généraux pour la saison 2016?
Je pense qu’on va essayer de poursuivre sur le chemin des dernières années. Nous avons une moyenne de 60 victoires. Ce n’est pas seulement le nombre de succès qui m’importe, mais surtout la qualité.
Et à moyen puis à long terme?
Il est jeune, ne l’oublions pas. Nous, on veut voir où il peut arriver. Peut-il faire un top 10 ou un top 5 dans un Tour de France? Est-ce trop haut pour lui? Peut-il gagner un Paris-Nice ou un Tirreno-Adriatico. Ou un Tour de Romandie? On verra. Et peut-être une fois le Tour de Luxembourg ( rire )…
Reparlez-nous de Tom Wirtgen que vous invitez ici en stage…
C’est important qu’il regarde le fonctionnement de l’équipe. Qu’il soit intégré. On verra plus tard si on peut lui offrir un contrat. En 2017, on devra intégrer de jeunes coureurs, et il y aura de la concurrence.
Recueilli par Denis Bastien