L’espoir luxembourgeois Tristan Parrotta, vainqueur de deux cyclo-cross à l’automne dernier, s’est résolu à passer sur la table d’opération. Il lui faut désormais patienter avant de se relancer.
Sur son lit installé dans le salon du pavillon familial à Kayl, Tristan Parrotta semble, jour après jour, à nouveau sourire à la vie. Pourtant, pour cet impatient-né, rien n’est facile depuis jeudi passé et l’opération de ses deux genoux pratiquée à la clinique d’Eich par le Dr Seil. «On avait fini par trouver que je souffrais depuis longtemps de dysplasie. Après de nombreux avis, c’est le Dr Kayser qui m’a orienté voici peu vers le Dr Seil. Me voilà opéré. Je dois passer quatre semaines en fauteuil roulant lorsque je ne suis pas installé dans mon lit», assure celui qui ne cesse de remercier ses proches pour leur attention, Isabel et Pino, ses parents, Maïté, son amie…
Mais s’il arbore ce sourire libérateur, c’est bien parce que Tristan Parrotta a le sentiment d’avoir enfin trouvé la cause de ses tourments. Et mieux encore, d’avoir fait ce qu’il devait faire pour guérir.
On résume. Après une mononucléose contractée en 2017 qui avait brisé net la trajectoire jusque-là rectiligne de cet authentique espoir du cyclisme luxembourgeois, le Kaylois, alors licencié à l’UC Dippach, tenait à repartir à cent à l’heure. Histoire de rattraper le temps perdu. «Mais très vite j’ai commencé à souffrir d’un genou. Puis des deux genoux. Je ressentais une énorme pression sur les rotules. Avec comme un couteau qu’on aurait planté au milieu. J’ai consulté de nombreux médecins, j’étais même allé voir un médecin belge qui soigne des coureurs de renom pour ce type de pathologie…», explique celui qui passera stagiaire à la fin de la saison 2018 chez Lotto–Kern Haus.
D’infiltration en correction orthopédique, en passant par de l’homéopathie, ses séances de kinésithérapie et les rayons laser, rien n’y fait. On suspecte même un début arthrose alors qu’il n’a aujourd’hui que 21 ans.
Cercle vicieux
Les plages de repos forcé sont de plus en plus importantes. Lorsqu’il s’aligne au départ d’une course, il sait par avance qu’il risque d’abandonner. Ses entraînements en pâtissent, son moral s’effrite. Mais Tristan Parrotta, qui reste littéralement accroché à sa passion, fait alors contre mauvaise fortune bon cœur. Même si le temps passe, il ne lâche pas le morceau. Continue de croire à sa réhabilitation.
Alors, lorsqu’à l’automne dernier il effectue son retour en cyclo-cross, d’abord avec une troisième place dans la nocturne de Reckange-sur-Mess, puis en signant deux succès retentissants coup sur coup, à Brouch puis à Mersch, on le voit revivre sous nos yeux. On le croit tiré d’affaire. Pas lui. «Je me suis retrouvé à nouveau dans un cercle vicieux avec les douleurs qui sont revenues. De nouveau, je ne pouvais plus m’entraîner, et j’avais tellement mal…»
On le voit ensuite décliner de semaine en semaine. La mort dans l’âme. Puis il se voit dans l’obligation de se résoudre à l’évidence. Plus rien ne sert de courir dans de telles conditions…
Nouvelle trajectoire
Même si dans l’intervalle il a signé au creux de l’hiver pour le CC Chevigny, un club formateur des Ardennes bien connu au Luxembourg, le voilà à nouveau pris en tenaille. Finalement, la trêve imposée par l’épidémie de coronavirus lui donne presque la sensation de ne plus perdre de temps. Alors, lorsque, enfin, une dysplasie des deux genoux est diagnostiquée et que le Dr Seil se propose de l’opérer, Tristan Parrotta n’hésite pas une seconde.
Forcément, aujourd’hui, une semaine plus tard, il songe à l’après. Mais cette fois il fait vœu de patience. «Après ma mononucléose, j’avais voulu revenir rapidement et c’était une erreur. Là, je prendrai le temps qu’il faudra. Je commencerai la rééducation le 24 août là où j’ai été opéré, à la clinique d’Eich. Je recommencerai à rouler lorsque je le pourrai, mais sans excès», promet-il.
Il s’est également inscrit à l’école des adultes pour reprendre dès septembre le cursus scolaire qu’il avait délaissé, plus jeune et insouciant, pour se consacrer au cyclisme. Évidemment, cela ne veut pas dire qu’il ne nourrit plus d’espoir dans son sport de prédilection, où de toute évidence, il témoigne en dépit de ses pépins, cette fois résolus, on peut enfin l’espérer, de très sérieuses prédispositions !
Denis Bastien