Paris-Roubaix, l’un des sommets de l’année, propose 257 kilomètres dimanche entre Compiègne et le vélodrome nordiste. Cinq choses à savoir sur la 115e édition de la «reine des classiques»:
Les mêmes favoris (ou presque) qu’au Tour des Flandres
Sept jours après la première grande classique sur pavés, le champion du monde, le Slovaque Peter Sagan, et le champion olympique, le Belge Greg Van Avermaet, ont une revanche à prendre. Dans les Flandres, la chute de Sagan, qui a entraîné avec lui Van Avermaet, avait ôté toute chance aux deux grands favoris.
Jusqu’à présent, la «reine des classiques» s’est dérobée à Sagan (6e en 2014), qui dit se ressentir de sa blessure à une hanche. Tout comme à Van Avermaet (3e en 2015), toujours en quête de son premier «monument». Pour gagner, il leur faut battre les autres candidats (Degenkolb, Stannard, Rowe, Kristoff, Naesen) et surtout l’équipe Quick-Step (Boonen, Terpstra, Stybar, Lampaert), supérieure collectivement dimanche dernier. Le champion de Belgique Philippe Gilbert, grand absent à Compiègne, en a tiré parti aux Flandres.
La «der» de Boonen
A 36 ans, le Belge postule encore à devenir le seul détenteur du record des victoires qu’il partage actuellement avec son aîné et compatriote Roger De Vlaeminck (quatre fois vainqueur entre 1972 et 1977). Cinq ans après son dernier succès et surtout… douze ans après son premier, l’exploit serait mémorable.
«Je suis plus fort que l’an passé» (2e derrière l’Australien Mathew Hayman), affirme Boonen, qui veut croire en ses chances pour sa 14e et dernière participation. Il a prévu de raccrocher le vélo à la fin de la course. Quelques mois après la retraite de l’autre grand spécialiste, le Suisse Fabian Cancellara (sept succès à eux deux depuis 2005), un chapitre se referme.
Des pavés en nombre… mais secs
La légende de Paris-Roubaix s’est noircie en 1968 quand les organisateurs, conscients que le bitumage des routes affadissait leur course, ont opté pour un autre tracé, par le Valenciennois. La trouée d’Arenberg, tout près du site minier où le film Germinal a été tourné, symbolise cette transformation: une ligne droite de 2.400 mètres de pavés disjoints, glissants, souvent tranchants, à travers la forêt pour provoquer la sélection à l’entrée des 100 derniers kilomètres.
Les 55 kilomètres pavés de cette édition sont répartis en vingt-neuf secteurs entre le village de Troisvilles et l’arrivée. Soit 2.300 mètres de plus que l’an passé. «Nous sommes dans la moyenne haute», estime le directeur de course Thierry Gouvenou. Consolation pour les coureurs: le temps devrait être sec. Un gage de poussière !
La «reine» a des amoureux du monde entier mais décourage les coureurs du Tour
Paris-Roubaix, créée au XIXe siècle, est l’un des cinq monuments (grandes classiques) du sport cycliste, avec Milan-Sanremo, le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie. Son anachronisme la rend «vintage» et d’une extrême modernité pour séduire dans le monde entier.
Ses cinq derniers vainqueurs sont de cinq nationalités différentes (Belgique, Suisse, Pays-Bas, Allemagne, Australie). En revanche, sa spécificité, son exigence, ses possibles dangers, découragent les coureurs de grands tours. Aucun des favoris de la prochaine édition du Tour n’est engagé au départ de Compiègne.
Une région derrière la course
L’organisateur ASO affiche cette année sa nouvelle signalétique. Le plus spectaculaire ? Un code couleur inspiré des pistes de ski pour visualiser d’emblée la difficulté de chaque secteur à son entrée (vert, bleu, orangé, rouge et noir dans un sens croissant).
Chaque année, Paris-Roubaix, dont le partenaire principale est la région (désormais des Hauts-de-France), est aussi l’occasion de développer les actions liées au cyclisme. Initiation au vélo sur les pavés de Templeuve (Nord) le mercredi, cyclo-sportive réunissant quelque 6000 participants le samedi, animations festives… «L’Enfer du Nord», appellation autrefois honnie, est devenu un motif de fierté pour les habitants.
Le Quotidien/AFP