La championne nationale n’a pas hésité à tenter de renverser Emma Norsgaard. Elle n’a pas réussi, mais elle fut la seule!
Alors que de l’autre côté de la chaussée Emma Norsgaard n’en finit plus de recevoir les félicitations très expressives de ses coéquipières, Christine Majerus prend le temps de répondre à chacun. Avec calme et décontraction. Le coup de chauffe était terminé. Sa tentative, finalement vaine, d’enflammer et bien sûr de renverser la course également. Dans les deuxièmes et troisièmes tours du circuit final, mais pas seulement, Christine Majerus avait payé de sa personne en se lançant guidon en avant dans cette bataille et ses deux coéquipières présentes à ses côtés pour l’épauler semblaient avoir la langue pendante en comparaison à la luxembourgeoise. Dans le groupe de tête qui s’était dégagé en force et fort d’une vingtaine d’unités, Emma Norsgaard recula plusieurs fois, mais ne céda pas. La course était finalement pliée…
«On a coulé en essayant, souriait Christine Majerus, c’est ce que j’avais dit samedi soir au briefing, on n’avait plus rien à perdre, rien à défendre, on a fait des petites places sympas, mais cela ne nous changera pas la vie. On avait décidé de rouler de façon agressive pour avoir un petit groupe et tenter d’isoler Norsgaard car on savait bien qu’on n’allait pas la battre au sprint.»
«Il me fallait être très réaliste et ne pas se mettre la pression. Alors, un top 10, c’est pas mal»
Vu que l’équipe SD Worx était alors la seule à rouler, Emma Norsgaard gardant à ses côtés une coéquipière, cette débauche d’efforts n’était plus tenable longtemps. «Cela a plutôt bien marché, reprend Christine Majerus, sauf que personne ne voulait nous aider. Cela marche bien pendant deux tours, sauf que deux tours, c’est bien gentil, mais on ne va pas emmener tout le monde jusqu’à l’arrivée.»
Pensait-elle qu’Emma Norsgaard puisse finalement céder, coincer là où personne n’y pensait plus? «Non, je pense qu’elle marchait bien, la seule possibilité pour la battre aurait été de l’isoler et dans le dernier tour, de l’attaquer un par un, car elle n’aurait alors pu répondre à toutes les attaques. Je pense qu’elle en avait encore sous la pédale, elle a bien mérité de gagner», reconnaissait Christine Majerus.
Visiblement, elle s’était prise au jeu malgré le peu de préparation qu’elle avait suivi dans la foulée d’une coupure, d’un refroidissement et d’une remise en route. Le bilan qu’elle tirait était donc positif, inutile de le cacher : «Oui, je suis contente de ma course, le résultat brut, sur le papier, n’est peut-être pas le meilleur résultat que j’ai fait sur cette course, mais si je regarde le peu de préparation que j’ai eue et la maladie, je suis satisfaite. La course était d’un bon niveau, on a animé la course. Et au final, c’est bien de savoir qu’avec peu, je peux faire ça, c’est encourageant pour la suite. Le contrat est rempli. On veut toujours faire mieux pour l’organisateur qui a tout fait pour que la course ait lieu, mais ils ont mérité aussi qu’on s’investisse à fond. Mais avec mon coach qui fait aussi partie de l’organisation (NDLR : Michel Zangerlé), on savait très bien que je ne serais pas à fond. Il me fallait être très réaliste et ne pas se mettre la pression. Alors, un top 10, c’est pas mal.»
Prochain rendez-vous pour la championne nationale, le Tour de Thuringe à la fin du mois qui lui servira pour passer la première couche à la préparation des Jeux olympiques.
Denis Bastien