Nina Berton revient sur son très bon début de saison avec sa nouvelle équipe Ceratizit-WNT Pro Cycling.
Vous venez de terminer deux fois dans le top 50 dans des épreuves World Tour avec respectivement vos 46e et 48e places dans le Het Nieuwsblad puis dans les Strade Bianche. On imagine que vous ne vous attendiez pas à ça…
Nina Berton : Non, je ne m’y attendais pas. Je ne suis pas le leader de l’équipe (NDLR : ce rôle était dévolu à l’Italienne Alice Maria Arzuffi). J’ai un rôle d’équipière et mon objectif n’est pas de faire mon propre résultat. Mais c’est super lorsque tu peux quand même faire une bonne course pour l’équipe et un bon résultat pour toi-même.
Sur le Het Nieuwsblad, comment aviez-vous vécu votre première classique flandrienne (elle avait participé l’an passé à la Flèche Wallonne et à Liège-Bastogne-Liège, les classiques ardennaises)?
C’était incroyable, c’est une chose différente des autres courses. Il s’agissait d’abord de l’ouverture de la saison en Belgique. Dès le départ à Gand pour la présentation des équipes, il y a une atmosphère particulière. C’est un très bon moment, intense. Et sur le parcours, le public t’aide à aller le plus loin possible dans l’effort. Notamment sur le mur de Grammont. Le public est énorme et tu sens poussée.
Et physiquement, comment avez-vous vécu la course?
Je me sentais vraiment bien. Mon rôle était d’aider Alice (Arzuffi) pour qu’elle reste placée le mieux possible. Du coup, j’étais également bien placée. D’ailleurs, je suis restée longtemps pas loin de Christine (Majerus) qui est tout le temps bien positionnée… Jusqu’au mur de Grammont, j’étais dans le premier groupe. Après, j’ai un peu explosé, mais mon job était fait. Et j’ai terminé dans le deuxième groupe.
À ce moment-là de votre jeune carrière, il s’agissait de votre meilleur moment?
Oui, physiquement, j’ai ressenti ça, qu’il s’agissait de mes meilleurs moments depuis que je fais du vélo. Je me sentais si bien dans le final. Me retrouver dans le peloton si près de l’arrivée dans une telle épreuve, je n’avais jamais connu ça.
Et puis vous finissez de nouveau 48e, samedi dernier des Strade Bianche…
Oui, les Stade Bianche, je ne peux pas la comparer aux autres courses, elle est si différente. C’était mon premier grand but de la saison, être sélectionnée pour cette course. Quand j’ai su que j’étais retenue, j’étais super contente de pouvoir être au départ. Pour ma première saison dans mon équipe Ceratizit, à 21 ans, je ne pouvais pas rêver à mieux. Cela montre la confiance que me témoigne mon équipe. Rien que de me retrouver au départ, j’étais heureuse. La veille de la course, nous avions reconnu les trente derniers kilomètres, il y avait déjà du public et l’ambiance était assez incroyable. Les Italiens sont fous de cyclisme et c’était déjà très cool.
Sur le plan physique, quelle impression vous a laissé la classique italienne?
Du premier secteur de gravel à la fin, c’est toujours des relances. Si tu arrives à te placer, ça fonctionne bien. Mais c’est vrai que c’est vraiment physique avec tous les secteurs de gravier. Et puis les montées sont raides. Elles ne sont pas très longues, mais elles font mal. D’où l’importance d’un bon placement et d’une bonne concentration. C’est épuisant mentalement.
Mon équipe fait tout pour moi. Je dois seulement courir. Ces derniers mois, mentalement, beaucoup de choses ont changé
Vous vous êtes accrochée longtemps…
Oui, j’ai lâché prise sur la fin alors qu’il restait encore deux passages de gravel.
Et dimanche, vous disputiez le Trofeo Oro, une épreuve de moindre envergure, et vous terminez 21e.
Oui, je pensais que je n’aurais plus de ressources au lendemain des Strade Bianche, de surcroît sur un terrain qui n’est pas le mien. J’étais encore surprise et au sprint, mes jambes répondaient bien.
En deux semaines, que du chemin parcouru. Avez-vous ce sentiment?
Oui, j’ai cette impression. Et puis tout est différent de ce que j’avais connu jusqu’ici. Le staff. Le matériel. J’ai une meilleure préparation, plus de kilomètres au compteur. J’ai eu plus de temps pour me concentrer sur le cyclisme. Je ne dois pas penser à autre chose (elle poursuit des études de psychologie par correspondance). Mon équipe fait tout pour moi. Je dois seulement courir. Ces derniers mois, mentalement, beaucoup de choses ont changé. Et voir que mon équipe a confiance en moi, cela m’apporte beaucoup. Je suis ravie de mes progrès.
Vous avez trouvé votre voie?
Oui, je pense que les gens comprennent que je peux faire des choses dans le cyclisme, que j’ai de la force et que je ne suis pas seulement là parce que je suis luxembourgeoise (la firme Ceratizit, du nom de l’équipe, est basée au Luxembourg). Je montre que je suis là parce que je peux performer.
Quelle sera la suite de votre saison?
Les directeurs sportifs avaient déjà parlé avec moi après le Het Nieuwsblad. Beaucoup de portes se sont ouvertes et j’aurai aussi des chances pour avoir des résultats. C’est un grand changement, même si je m’estime déjà heureuse du rôle d’équipière. Avoir parfois mes propres chances pourrait me permettre d’obtenir des points UCI dans la perspective d’une éventuelle sélection pour les Jeux olympiques. Christine (Majerus) l’avait déjà fait remarquer, cela ne sera pas si facile de se qualifier pour les JO de Paris. Moi aussi, j’aimerais bien y aller. Sinon, ma prochaine course sera Nokere Koerse le 15 mars. Puis j’irai directement avec Ceratizit du 17 au 19 mars au Tour de Normandie (où Christine Majerus comme Marie Schreiber devraient évoluer en équipe nationale).
Et ensuite?
On n’a pas encore décidé de la suite. Je ferai également un bloc d’entraînement pour préparer la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Il y aura aussi le Ceratizit Festival Elsy Jacobs qui sera important pour moi, je voudrais vraiment bien faire. Cela reste à fixer.
Pour finir, parlez-nous de la gestion de votre entraînement?
Je suis vraiment contente de travailler avec Pascal Wenzel (le père de Matz et Liv). J’ai confiance en lui et quand je désigne des objectifs, il fait pour que je puisse les atteindre. Je lui avais dit que je voulais être bien sur le Het Nieuwsblad et les Strade (Bianche). Et cela a fonctionné.
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