Alex Kirsch fera de son mieux dimanche pour remplir une mission d’équipier auprès de Bob Jungels, «capable de tenir la distance».
À Harrogate, Alex Kirsch trouvera un terrain familier. Mais il craint l’extrême longueur de ce championnat du monde qui sera davantage favorable au leader de la sélection nationale, Bob Jungels, lequel voudra surmonter la déception du chrono.
Vous vous sentez dans quelles dispositions avant ces Mondiaux ?
Je ne suis pas sûr de ma forme. Les jambes tournaient bien sur les dernières courses (il a terminé huitième, dimanche, du Grand Prix d’Isbergues), mais je ne sais pas évaluer précisément où j’en suis. Je sais que ce sera très long avec 285 kilomètres d’un parcours très vallonné. Comme pour tous les championnats du monde, on sait que c’est difficile. Ce sera technique. Cela ressemblera à une grande classique.
Vous vous voyez jouer quel rôle ?
Je vais essayer d’aider le plus possible Bob (Jungels). Je ne connais pas encore son degré de motivation, ni sa forme réelle. Il y a très peu de coureurs qui peuvent être bien après sept heures de course. Lui en fait partie. Comme le parcours sera technique, cela me conviendra. Mais j’avoue aussi que je n’ai pas cette distance dans les jambes. Ce sera donc compliqué sur le final.
Comment avez-vous récupéré depuis la fin de la Vuelta ?
J’avais l’impression que j’avais récupéré. Mais samedi, dans la Primus Classic, je ne me sentais pas bien du tout. Dimanche, j’étais beaucoup mieux à Isbergues. Sans doute que la course du samedi m’avait fait du bien. On verra bien, la fraîcheur me manque un peu après ces trois semaines de course. J’ai donc évité d’en faire trop ces derniers jours à l’entraînement.
La Vuelta et les heures de selle consenties ne sont-elles pas le meilleur entraînement pour un Mondial aussi long ?
Je compte là-dessus en effet. D’ailleurs, ce sera vrai, je l’espère, pour la saison prochaine et plus globalement pour le futur. Tout le monde dit qu’une course de trois semaines, cela change le corps. Je pense que c’est vrai.
Dimanche, vous essaierez, le plus longtemps possible, de rester auprès de Bob Jungels ?
L’échappée matinale, ce ne sera pas pour moi, mais ensuite si des coups se forment sur un circuit comprenant autant de virages et de petites montées sèches, je pourrai, pourquoi pas, me glisser dedans. Ce sera sans doute un avantage d’être devant.
Le fait d’être à quatre coureurs au départ, ce qui est assez faible d’un point de vue numérique, peut-il avoir des conséquences pour votre équipe ?
Cela ne change pas grand-chose par rapport à l’an passé, à Innsbruck, où nous étions six. Il y a seulement Jempy (Drucker) qui manque. On ne pourrait pas être plus. On sera quatre coureurs motivés au départ. Ce n’est déjà pas si mal. Une équipe peut aider, mais ce ne sera pas à nous de rouler. Il y a d’autres équipes qui vont prendre la course en main.
Vous pensez que Bob (Jungels) peut devenir champion du monde ?
Dans le futur, oui. Il a toutes les qualités pour le devenir. Il suffit de regarder le palmarès qu’il a déjà. Et c’est surtout un coureur qui peut aller au-dessus de 220 kilomètres. Maintenant, quand on fait les classiques à fond, puis un grand tour pour le classement général comme c’est son cas, ça prend beaucoup d’énergie. Les championnats du monde sont tardifs dans la saison. Il faut voir dans quel état de forme il se trouve exactement.
Reste-t-il un favori possible à l’instar de Peter Sagan, Michael Matthews, Philippe Gilbert ou Mathieu van der Poel ?
Bob est fort, il a parfaitement les capacités de gagner ce genre de championnat. Mais au départ, d’autres coureurs sont davantage favoris. Gilbert, Van der Poel, (Alexey) Lutsenko seront très forts. Un Sagan sur un circuit technique possède tellement d’avantages… Mais pour moi, le grand favori, c’est Philippe Gilbert, à 100%. Il est parfaitement préparé.
Entretien avec Denis Bastien