En fin de contrat à l’issue de cette saison, le Luxembourgeois n’a pas prolongé chez Deceuninck-Quick Step. Si le Belge souhaite le conserver, il n’a pas l’intention de «baisser (son) pantalon».
En période de transfert, les négociations ne se font plus depuis belle lurette entre quatre yeux. Entre le patron et le coureur se sont en effet intercalés agents et autres intermédiaires. Autant de voix qui simplifient rarement les pourparlers. Alors parfois, pour être sûr de bien se faire comprendre, l’un des protagonistes s’épanche dans les médias. À l’instar de Patrick Lefevere dimanche, via le site néerlandais Wielerflits : «Je ne vais pas baisser mon pantalon devant Jungels.» Par cette formule, le patron de Deceuninck-Quick Step rappelle la position qui est la sienne, en général, et dans cette affaire en particulier. Dans le milieu, le Flamand est respecté et malheur à ceux qui auraient l’outrecuidance de venir s’y frotter d’un peu trop près. Si cette déclaration évoque un rapport de force, il précise vouloir conserver le Luxembourgeois au point même d’en faire une «priorité». «Mais il y a des limites, bien sûr. Jungels est un super coureur, mais il doit rester raisonnable. Je n’ai jamais dépensé de l’argent que je n’avais pas et je ne compte pas commencer maintenant.»
Ces propos ne sont pas étonnants et font écho à ceux tenus début juin dans les colonnes du Het Nieuwsblad où à propos de Bob Jungels, Yves Lampaert, Iljo Keisse et Dries Devenyns, il disait vouloir conserver ces quatre éléments car il «ne change jamais une équipe qui gagne». Si, depuis, les trois derniers ont prolongé leur bail avec la formation belge, le dossier du premier est loin d’être ficelé. La faute à qui ? Pour Lefevere, la réponse est toute trouvée : «Le père de Bob a jeté un coup d’œil à la liste des vingt plus gros salaires du cyclisme. Une liste publiée par Cyclingnews et L’Équipe. Il pense que son fils devrait être plus proche de ces montants. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cela.»
McQuaid, les pistes Bahrain-McLaren et Ineos
Au moins, Patrick Lefevere reste droit dans ses bottes et martèle le même discours depuis des mois. Ainsi, le 10 janvier dernier, au soir de la présentation officielle de l’équipe orchestrée à l’hôtel Suitopia de Calpe, le dirigeant rappelait, comme une évidence, qu’«au moment de prolonger ou non son contrat, un coureur ne revoit jamais ses exigences à la baisse», avant d’ajouter : «Des discussions ont été entamées avec son père…»
Six mois plus tard, aucun accord n’a été trouvé. Au Nieuwsblad, le dirigeant déclarait ceci : «La négociation s’annonce compliquée. C’est en fait le père de Bob Jungels qui met la pression pour que le salaire de son fils soit vu à la hausse.» Le père mais pas le coureur lui-même ? Dans notre édition du 11 juin, Henri Jungels tenait à rappeler qu’il n’avait «pas les clés pour contacter les managers d’équipe» et que son fils était représenté par Andrew McQuaid, fils de Pat, ancien président de l’UCI, et patron de l’agence Trinity Sports Managment. Lui a ses entrées chez les grosses écuries puisqu’il gère les intérêts, pour ne citer qu’eux, de Nicolas Roche (Sunweb), Philippe Gilbert (Lotto-Soudal) ou bien encore Richie Porte (Trek-Segafredo) qui avait quitté sur les conseils de l’Irlandais l’équipe Saxo Bank pour rejoindre la Sky, rebaptisée Ineos chez qui évoluent ses poulains Rohan Dennis et Ian Stannard.
C’est bien connu, la véritable valeur d’une chose est celle qu’on veut bien lui accorder. Alors, Deceuninck-Quick Step saura-t-il trouver le juste prix pour conserver le Luxembourgeois ? Selon Henri Jungels, «une demi-douzaine d’équipes se sont montrées intéressées» parmi lesquelles, entre autres, Bahrain-McLaren et… Ineos. De quoi flatter l’ego du champion luxembourgeois qui, à 27 ans, a toujours l’ambition de franchir encore un palier. «Bob n’aime pas perdre et il sait ce qu’il vaut, il me le répète souvent. Il n’a pas peur de l’afficher : il veut être le meilleur. En sport, c’est plutôt une qualité, je trouve…» À cela, Patrick Lefevere rétorque que ses seuls succès en 2019 furent Kuurne-Bruxelles-Kuurne et le championnat national du Luxembourg.
Dans tous les cas, et même si Patrick Lefevere est un négociateur d’expérience, Bob Jungels a l’avantage d’être libre à l’issue de cette saison. Et au vu de ses qualités, nul doute que le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège 2018 n’aura aucune difficulté à trouver un nouveau point de chute si les négociations avec Deceuninck-Quick Step venaient à ne pas aboutir. De son côté, pour la formation belge, la prolongation, ou non, de Bob Jungels impactera forcément le recrutement de l’équipe belge pour la saison à venir.
Charles Michel
Les 20 plus gros salaires
Voici, selon les révélations du quotidien L’Équipe en mai dernier, le classement des coureurs les mieux payés (par an) du peloton.
1. Peter Sagan (SVQ/Bora) : 5 millions d’euros
2. Chris Froome (GBR/Ineos) : 4,5
3. Geraint Thomas (GBR/Ineos) : 3,5
4. Egan Bernal COl/Ineos) : 2,7
5. Fabio Aru (ITA/UAE) : 2,6
6. Michal Kwiatkowski (POL/Ineos) : 2,5
7. Julian Alaphilippe (FRA/Deceuninck-Quick Step) : 2,3
8. Alejandro Valverde (ESP/Movistar) : 2,2
9. Vincenzo Nibali (ITA/Trek Segafredo) : 2,1
10. Richard Carapaz (ÉQU/Ineos) : 2,1 11.
Thibaut Pinot (FRA/Groupama FDJ) : 2
12. Primoz Roglic (SLO/Jumbo-Visma) : 2
13.Tadej Pogacar (SLO/UAE) : 2
14. Nairo Quintana (COL/Arkéa-Samsic) : 1,9
15. Elia Viviani (ITA/Cofidis) : 1,9
16. Tom Dumoulin (PBS/Jumbo-Visma) : 1,8
17. Fernando Gaviria (COL/UAE) : 1,8
18. Romain Bardet (FRA/AG2R La Mondiale) : 1,7
19. Greg Van Avermaet (BEL/CCC) : 1,6
20. Miguel Angel Lopez (COl/Astana) : 1,5