Accueil | Sport national | [Cyclisme] Le Tour des hommes heureux

[Cyclisme] Le Tour des hommes heureux


Mark Canvedish (à dr.) est allé chercher au fond de lui-même les ressources pour remporter sa 3e étape sur cette Grande Boucle. (Photo AFP)

Greg Van Avermaet devrait rendre son maillot jaune de leader dès ce vendredi soir où le Tour entre dans les Pyrénées. Bien sûr, il se battra.

Ce qui frappe d’abord, c’est leur bonne humeur affichée. Leur franc amour du Tour et leur culture de la plus grande épreuve du monde. Qu’ils ne prennent pas par-dessus la jambe. On sent la maturité derrière leurs propos remplis d’à-propos, ça rime. C’est déjà le cas avec Peter Sagan d’ailleurs et on aurait tort de prendre son sens du second degré comme une forme d’inconséquence…

Ainsi, à Montauban où le mercure est monté en flèche, Mark Cavendish a remporté jeudi son 29e succès d’étape dans le Tour en criant une nouvelle fois sa flamme pour sa course fétiche, laquelle, à l’écouter, l’incite à enfiler sa tenue de coureur et à s’entraîner. À se sublimer. À se remettre en question. À se remettre en piste, au propre, comme au figuré. Pour mieux retrouver la spontanéité qui ne devrait jamais quitter un finisseur de son espèce.

Alors que le Tour va aborder un tournant décisif à partir d’aujourd’hui avec, au surlendemain d’un premier aperçu des forces en présence au détour des cols du Cantal, la première des trois étapes pyrénéennes. La question de la succession de Greg Van Avermaet, jusqu’ici épatant maillot jaune, va devenir un sujet d’actualité crucial.

Le Belge de l’équipe BMC a dit et redit son bonheur de connaître ce frisson incomparable, même pour un coureur de classiques. «J’ai passé une journée formidable, inoubliable avec le maillot jaune sur le dos. J’ai vu tant de drapeaux belges et j’en verrai encore demain (ce vendredi) en montagne. Ce sera dur de le garder sur le dos ce soir, mais lorsqu’on le porte, on se doit de se battre, à chaque seconde. J’ai cinq minutes d’avance sur le deuxième, mais cinq minutes dans une étape de montagne, ce n’est pas grand-chose», explique ainsi Greg Van Avermaet sur le ton de la confidence. Tout cela paraissait bien sincère et évidemment rompait avec les propos quelquefois aseptisés de certains leaders qui se reconnaîtraient s’ils étaient à votre place.

Qui va passer à l’offensive ?

De toute évidence, le maillot jaune belge aimerait bien garder la sienne et si son directeur sportif, Valerio Piva, y croit encore un peu, le col d’Aspin (1 490 mètres, 12 km à 6,5%) risque à l’évidence d’être un brin trop pentu. Beaucoup trop raide en fait. Car cette fois, il ne sera pas question de filer en douce. Il subira les assauts des leaders, lesquels, irrémédiablement, vont multiplier les accélérations avant la descente sur le Lac De Payolle, quelques sept kilomètres plus bas. On passera sur la bosse d’arrivée qui ravira sans doute Alejandro Valverde s’il n’est pas trop affairé avec Nairo Quintana.

Les hypothèses sont multiples. Mais c’est aujourd’hui, bien plus qu’au Lioran, que les favoris du Tour vont passer leur première offensive et, bien sûr, pour d’autres, des contre-offensives. Pour cela, il faudra attendre la première attaque. De qui? Mystère. Chris Froome pourrait le faire, mais aussi Nairo Quintana, Fabio Aru, Tejay Van Garderen, Richie Porte qui pourraient profiter de son relatif éloignement au classement général et des trois Français de service dont Romain Bardet, le leader de Ben Gastauer. Il faudra donc éviter de trop en faire, sous peine de prendre le boomerang en pleine poire.

De Tour des hommes heureux, on risque bien de passer par le Tour des hommes peureux. La peur du passage à vide. La peur de dévisser. Le principe de réalité risque tout bonnement de devenir le meilleur passeport pour viser le but ultime. La course par élimination commence aujourd’hui et ne s’arrêtera sans doute qu’à Morzine, veille de l’arrivée. Ce sera long, il y aura du mouvement. Des feintes. Des coups de poker menteur. Ça devrait valoir le déplacement. Jusqu’ici tout va bien…

De notre envoyé spécial à Montauban, Denis Bastien