Le Ronde pourrait se dérouler le 19 septembre, date de l’arrivée du Tour de Luxembourg. Cette éventualité, l’UCI ne l’a pas officialisée. Et si tout dépendait de la Grande Boucle?
Le report des classiques peut-il impacter le Skoda Tour?» Cette question, Le Quotidien l’avait posée sur la table le 20 mars. Prévue initialement du 15 au 19 septembre, l’épreuve grand-ducale, profitant de son intégration dans la catégorie ProSeries, se réjouissait de pouvoir se disputer à l’orée de l’automne après quelques années passées à être serrée d’un peu trop près par le Tour d’Italie et le Dauphiné. Mais la pandémie du coronavirus a tout chamboulé et le calendrier n’est pas loin de se retrouver cul par-dessus tête. Ainsi, les classiques de printemps, dont notamment les quatre «Monuments» (Milan – San Remo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix et Liège-Bastogne-Liège), pourraient rejoindre le Tour de Lombardie en fin de saison. «L’UCI va essayer de les sauver, mais c’est compliqué, car il faut réorganiser le calendrier», déclarait Benoît Theisen, le secrétaire du Skoda Tour, avant de confier que le pire scénario serait «qu’un Monument se déroule durant le Tour de Luxembourg».
Le pire pourrait bien se produire. Mercredi, le Het Nieuwblad, quotidien belge généralement très bien informé, a révélé la possibilité de voir le Ronde se disputer le 19 septembre, jour de l’arrivée finale du Skoda Tour. En effet, le Grand Prix Impanis pourrait laisser sa place au Tour des Flandres. Organisateur du premier, Peter Van Petegem est prêt à se «sacrifier» pour voir le second, qu’il remporta à deux reprises (1999 et 2003), avoir lieu. Du côté de Flanders Classics, l’organisateur du Monument, on se montrait toutefois prudent, à l’image de son patron, Tomas Van den Spiegel, qui rappelait dans le quotidien belge que «la décision concernant une nouvelle date revient à l’UCI et non à nous. Nous avons parlé avec le GP Impanis pour être sûrs qu’une solution pouvait exister. Mais ce n’est pas encore un Plan B, c’est l’UCI qui doit définir le nouveau calendrier. Nous ne voulons pas faire cavalier seul.»
Tout le monde attend de voir ce qui sera décidé pour le Tour de France. À ce moment-là, ça deviendra plus clair
S’il ne veut pas faire «cavalier seul», le Ronde a néanmoins mis un petit coup de cravache non sans effet. Notamment au Grand-Duché avec un Skoda Tour qui pourrait faire les frais d’une épreuve qui vampiriserait l’attention des équipes WorldTour. Et ce, même si, en raison de son statut, elle est assurée d’en avoir trois au départ. Joint hier par téléphone, Benoît Theisen ne souhaitait pas réagir à chaud : «Il ne s’agit pas d’une information officielle émanant de l’UCI. Ce ne sont que des hypothèses et des suggestions de dates. Je ne souhaite donc pas réagir à cette annonce tant que celle-ci n’est pas officielle et que nous n’avons pas une vision claire sur le calendrier avec les épreuves reportées.»
Cette prise de distance peut s’expliquer par cette promesse faite par l’Union cycliste internationale de donner «la priorité aux épreuves initialement prévues au calendrier en deuxième partie de saison mais aussi, en fonction des places disponibles et en considérant l’éventualité de chevauchements, aux trois Grands Tours et aux Monuments du cyclisme». En date du 15 mars, via un communiqué, l’UCI faisait état de «plus de cent demandes de reports et d’annulations». Face à l’ampleur de la mission, l’instance internationale assurait être en discussions régulières avec les «instances représentatives des organisateurs (AIOCC), équipes (AIGCP) et coureurs (CPA)».
Le Tour des Flandres, au départ duquel devaient se présenter le 5 avril dernier Bob Jungels (Deceuninck Quick-Step), Jempy Drucker (Bora-hansgrohe), Alex Kirsch (Trek-Segafredo), Tom Wirtgen (Bingoal – Wallonie Bruxelles) et Kévin Geniets (Groupama-FDJ), pourrait également se dérouler à une autre date. En tout cas, Tomas Van den Spiegel n’écarte pas cette éventualité : «Tout le monde attend de voir ce qui sera décidé pour le Tour de France. À ce moment-là, ça deviendra plus clair. Pour moi, le Tour des Flandres peut aussi se dérouler en août, septembre ou octobre sans problème. Nous serons prêts pour le faire.»
Dans son édition du 5 avril, Le Parisien faisait état d’un possible report de la Grande Boucle qui pourrait «se dérouler du 25 juillet au 16 août». Une information qu’Amaury Sport Organisation n’a pas commentée. Et pour cause, ASO attend de savoir quelles seront les décisions prises par le gouvernement français quant aux conditions de confinement liées à la pandémie. De leur côté, les équipes WorldTour, et qui plus est les formations françaises, ne rechignent pas à cette éventualité. Le président de la ligue française de cyclisme et patron de Groupama-FDJ, Marc Madiot, affirme n’avoir «aucun état d’âme à disputer le Tour en août» et ajoute que «courir le Tour signifierait que le virus a été vaincu». Pour imaginer un Tour de France s’élancer le 23 juillet, un Tour de France qui «ressemble à quelque chose», selon le phrasé de Marc Madiot, «il faudrait dix semaines de préparation au préalable et quelques courses un mois avant». Bref, reprendre l’entraînement aux alentours du 10 mai.
Le Tour des Flandres se disputera-t-il le 19 septembre et fera-t-il de l’ombre au Skoda Tour? Mystère. Face à tant d’interrogations et d’incertitudes, il est peut-être plus que jamais urgent d’attendre. Et de se préparer à tout.
Charles Michel