Jempy Drucker n’est pas du tout fan du home trainer. Pour le coureur de la Bora, rien ne vaut la route. Et pas question qu’il participe aux épreuves virtuelles en vogue actuellement.
Au début du confinement, Jempy Drucker avait un peu de scrupules à sortir. Mais il s’accordait des petites escapades quotidiennes d’une heure ou deux, «pour s’aérer la tête».
Mais au fil des semaines, comme la pratique d’une activité physique est autorisée au Luxembourg, le coureur de 33 ans tape davantage dedans : «J’ai un peu augmenté. Maintenant, on est plus sur trois ou quatre heures de sortie. Mais cette semaine, je fais un peu de récup. Car quand ça repartira, ce sera à fond jusqu’à la fin. Il faudra être prêt mentalement à souffrir», indique le coureur de la Bora.
Et pour lui, pas question de se faire mal devant un écran : «Je n’ai jamais été fan du rouleau. Je préfère toujours faire deux heures sous la flotte que de me mettre au home trainer.»
Alors que la pratique du rouleau se développe de manière impressionnante et que la FSCL contacte tous ses coureurs pour leur demander de diriger une séance virtuelle d’une heure, les dirigeants de la Fédération sont tombés sur un os en s’adressant à lui : «Ils m’ont demandé si je voulais bien faire ça, mais je leur ai répondu que je n’avais même pas de compte Zwift. Ça s’est donc arrêté là», sourit l’amoureux des Flandriennes. Qui ne désespère pas d’en courir quelques-unes cette saison encore.
«Je fais du vélo pour être dehors, dans la nature»
Sa formation est engagée sur le Tour de Suisse virtuel ? Mais on ne lui a pas demandé d’en être. Et ça lui va très bien : «Je sais que beaucoup de monde se fait des sessions sur Zwift maintenant, mais je fais du vélo pour être dehors. Pour être dans la nature. C’est pour cela que je suis coureur cycliste.»
Contrairement à un Ben Gastauer ou un Bob Jungels, on ne le retrouvera donc pas sur sa terrasse, dans son jardin, son grenier ou son garage, en train de ferrailler une heure durant devant un écran. Pour le voir à nouveau en compétition, il faudra donc attendre que le calendrier de l’UCI se dévoile définitivement… en théorie : «C’est vrai que le Tour de France a annoncé une date, mais il ne faut pas se le cacher, personne ne sait quelle sera la situation au mois d’août. Maintenant, le côté positif, c’est qu’avec cette date on a un peu d’espoir. Un petit objectif, une raison pour laquelle on s’entraîne. Mais personne ne peut dire ce qui va se passer, si on ne va pas subir une deuxième vague. Finalement, ce calendrier, ce n’est que pure spéculation.»
«Prêt à courir un Ronde en décembre»
Pour Jempy Drucker, tout est imaginable : «C’est possible d’avoir une saison blanche. Si on baisse les restrictions et qu’on prend une deuxième vague, on repart pour une période de confinement et là on se retrouve vite en novembre… Mais si la saison recommence, j’aimerais bien faire un Grand Tour, ce serait bien pour le moteur. Et pour préparer les éventuelles Flandriennes. Personnellement, je serais même prêt à courir un Ronde en décembre, s’il le faut. Mais on entend plein de choses différentes, tout le monde a des idées, mais il faut d’abord attendre que l’UCI officialise son calendrier.»
Le Luxembourgeois rêve de prendre sa revanche sur le sort, qui l’avait empêché de participer à ses courses favorites à cause d’une vilaine chute sur À Travers la Flandres (fracture de la sixième vertèbre cervicale) la saison dernière : «Ce n’est pas évident, car tout le travail que j’ai effectué cet hiver, je l’ai fait presque pour rien. Mais je suis très motivé pour montrer ce que je vaux sur les Flandriennes.»
En fin de contrat à l’issue de la présente saison, Jempy Drucker ne se formalise pas plus que cela. Il sait qu’il a pu montrer sur le peu de courses auxquelles il a participé, comme le Het Nieuwsblad notamment (12e après avoir été victime d’une crevaison) ou encore Kuurne-Bruxelles-Kuurne (16e), qu’on pouvait toujours compter sur lui : «Je pense que Bora connaît ma valeur et le peloton aussi.» Comme le dit son agent, Ken Sommer : «Quand on cherche un coureur pour accompagner un capitaine de route, on met évidemment Jempy sur la liste.»
Cependant, le coureur grand-ducal espère bien avoir encore l’occasion de montrer ce qu’il sait faire sur un vélo… et non sur un rouleau !
Romain Haas