Prévu du 15 au 19 septembre, le Tour de Luxembourg peut-il être indirectement touché par l’éventuel report du Giro ou de certaines classiques? Benoît Theisen, son secrétaire, fait le point.
Talonné d’un peu trop près ces dernières années par le Giro et chevauché par d’autres épreuves telles que le Dauphiné, le Skoda Tour désirait s’offrir un peu de liberté, se rendre plus disponible et attrayant aux yeux du peloton. Et en particulier des équipes WorldTour qui, en raison notamment d’un calendrier surchargé, ont fini par le délaisser. Ainsi, de cinq formations en 2016, l’épreuve n’en compta aucune l’an passé. Une incongruité au vu de l’importance que revêtit jadis ce Tour de Luxembourg dans le paysage cycliste. Pour y remédier, les organisateurs désiraient changer de date en profitant de la réforme du cyclisme professionnel – adoptée le 25 septembre dernier à Innsbruck – et de la segmentation des épreuves en trois catégories : WorldTour, ProSeries et Circuits continentaux.
Le 8 octobre dernier, et après avoir su convaincre l’UCI grâce à un dossier solide, le Skoda Tour intégrait les ProSeries, catégorie regroupant 24 épreuves par étapes parmi lesquelles le Tour de San Juan, remporté par Remco Evenepoel (Deceuninck Quick-Step), le Tour de la Communauté de Valence glané par Tadej Pogacar (UAE Emirates) ou bien encore le Tour de la Provence conquis par Nairo Quintana (Arkéa-Samsic). Bref, cette année 2020 doit permettre au Skoda Tour, qui n’a eu de cesse jusqu’ici d’élever son niveau d’exigence, de se constituer un joli plateau. Un point d’achoppement qui faisait dire, au sortir de l’épreuve 2019, à Andy Schleck que son organisation n’avait rien à envier au Tour de Suisse ou au Dauphiné, mais que «si on n’a pas les acteurs, cela ne sert à rien…» À l’heure actuelle, en raison de son nouveau statut, il est assuré cette année de la présence minimale de trois équipes WorldTour. Selon nos informations, cinq ont d’ailleurs déjà donné un accord de principe. «Pour l’instant, c’est le cas», confirme Benoît Theisen, le secrétaire de l’épreuve, qui précise toutefois que «les équipes ont jusqu’à 50 jours avant l’épreuve pour s’engager officiellement».
Si on était resté en juin, cette édition n’aurait sans doute pas pu être reportée. Elle aurait été annulée
Le 15 septembre, c’est dans précisément 179 jours. Demain, c’est donc loin. Surtout par les temps qui courent et avec ce Covid-19 qui floute l’horizon. Difficile d’ailleurs d’y voir clair après l’annonce de la déprogrammation de toutes les classiques de printemps mais aussi du Giro. Ce dernier, comme les quatre autres «Monuments» que sont Milan-San Remo, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix et Liège-Bastogne-Liège, pourrait être reporté. Pour cela, l’UCI a d’ores et déjà décidé l’allongement de la saison jusqu’à la mi-novembre. Reste à trouver les dates. En s’échappant à l’orée de l’automne, juste avant les championnats du monde en Suisse (20-27 septembre), le Skoda Tour pensait pouvoir jouir d’une certaine visibilité. Pour Benoît Theisen, «le fait d’être placé juste avant les Mondiaux, c’est une très bonne chose, car beaucoup de coureurs vont vouloir se servir du Skoda Tour comme d’une préparation».
L’éventuel report de ces «Monuments» laisse-t-il planer comme une ombre au tableau? «L’UCI va essayer de les sauver, mais c’est compliqué, car il faut réorganiser le calendrier», estime le dirigeant tout en se référant au communiqué de l’UCI qui stipule que la priorité «sera donnée aux événements sur le calendrier à la date de la reprise», mais aussi «en fonction des places disponibles et en considérant l’éventualité de chevauchements, aux trois Grands Tours et aux Monuments du cyclisme».
Quand on lui demande quel serait le pire scénario, Benoît Theisen répond posément : «Qu’un « Monument » se déroule pendant le Skoda Tour. Après, qu’il y en ait un une semaine avant, ce n’est pas gênant, par contre il ne faudrait pas trop d’épreuves à une même date, car les équipes ne pourront pas être sur tous les fronts.»
Normalement, il était prévu que celle du Skoda Tour débute son tour de table avec les communes et évoque les dispositifs d’organisation avec les différents acteurs nationaux (police, Pont et Chaussées…), mais c’est remis à plus tard faute de pouvoir se réunir. «Et puis, je pense que certains services ont actuellement d’autres choses à faire de plus urgentes», rappelle celui qui peut se consoler en se disant que le Skoda Tour l’a échappé belle : «Si on était resté en juin, cette édition n’aurait sans doute pas pu être reportée. Elle aurait été annulée. Et puis, même si j’espère que le sport reprendra la place qui est la sienne, il y a des choses plus urgentes actuellement…»
Charles Michel