Le rouleur luxembourgeois se remet doucement de son infection au Covid-19 qui l’a contraint pendant un mois à mettre la pédale douce.
En une vingtaine de jours, sa voix est redevenue conforme à ce qu’elle était toujours auparavant. Enjouée. On sent que ce coureur volontaire, un trait de caractère de l’aîné des deux frères Wirtgen, est de retour. «C’est vrai que je vais beaucoup mieux que pendant la période de Noël», souriait-il lundi depuis Denia, lieu où son équipe, Bingoal Pauwels Sauces WB a établi son camp d’entraînement de janvier.
Nous l’avions joint quelques minutes avant le réveillon de Noël et Tom Wirtgen, touché par de multiples symptômes du Covid-19, ne cachait qu’il se trouvait désarçonné par l’intensité de la maladie. Physiquement et mentalement. «Je n’ai jamais perdu le moral, mais mentalement, c’était dur d’être tous les jours fatigué. Tout est de trop avec le Covid…», dit-il aujourd’hui.
On le sent requinqué. «Pendant quelque temps, j’avais du mal à respirer, je devais surveiller mon taux de saturation en oxygène qui était même descendu à 80 %, alors que désormais, je suis remonté à 98 %. J’ai un peu souffert, j’étais même fatigué de parler au téléphone, mais ma santé s’est améliorée. Je respire de mieux en mieux. La fatigue et les maux de tête ont disparu. Je suis soulagé. C’était long, les quatre semaines. Je suis content que ce soit bon, que je me sente mieux», explique-t-il encore.
Surtout, il a retrouvé dans le sud de l’Espagne ses coéquipiers et un entraînement digne de ce nom. «Depuis une dizaine de jours qu’on est arrivés, j’en suis à une trentaine d’heures d’entraînement. C’était dur au début, car la semaine précédente, je n’avais pu m’entraîner que trois heures… Plus les jours passent et mieux je me sens. J’ai un programme personnalisé. Chaque jour, je démarre avec l’équipe et à la fin, je reviens tout seul, je fais plus court. La progression est là. Si je vois où j’en étais voici peu encore… Cela redevient normal», rappelle Tom Wirtgen.
Sa feuille de route est tracée. «À partir de mercredi, une fois de retour à la maison, je vais continuer à m’entraîner normalement et je vais commencer les intervalles, ce que mes coéquipiers ont travaillé ici. Ils vont commencer leur saison et moi, je débuterai simplement deux semaines plus tard. On verra bien dans quelle condition je serai lorsque ce sera le moment des classiques. J’espère que j’aurais retrouvé le bon coup de pédale», poursuit-il.
La folle expérience de Roubaix
Si tout se passe comme il le souhaite, sa course de reprise sera le Tour d’Oman (13-18 février). Et il enchaînera avec l’une des deux classiques de l’ouverture de la saison belge, plutôt Kuurne-Bruxelles-Kuurne (27 février) que le Het Nieuwsblad (26 février). Ensuite, il s’alignera sur plusieurs courses d’un jour en Belgique. Avant de reprendre la direction de Denia en mars. «Comme on n’est pas sélectionné sur Paris-Nice, ni sur Tirreno-Adriatico vers la mi-mars, on repart une semaine en stage ici où on simulera sept jours de course. On reviendra travailler au soleil», argumente-t-il.
Au fil de la conversation, Tom Wirtgen se raccroche à une chose, celle de pouvoir retrouver une bonne carburation pour la mi-avril et s’aligner sur son deuxième Paris-Roubaix. En octobre dernier, il avait marqué les esprits en terminant devant la voiture-balai, mais hors délais. Ce qui ne veut pas dire grand-chose dans l’Enfer du Nord. Il revient sur sa folle épopée. «Même hors délais, raconte-t-il, pour moi, j’avais fini et c’était le principal. Car je n’y pouvais rien d’être attardé. J’avais crevé une première fois, puis une deuxième fois. L’équipe m’avait dépanné. La troisième, je ne pouvais plus rouler, alors je marchais en attendant que la voiture-balai me ramène. Puis une voiture d’Astana s’est arrêtée, parce qu’il y avait quelques coureurs derrière moi, qui eux, n’ont pas fini. Astana m’a dépanné, donc, j’ai fini seul. Terminer une course de 280 kilomètres avec le départ fictif, c’est vraiment beaucoup de kilomètres. Mais j’étais parti de la maison avec l’idée de finir mon premier Paris-Roubaix, je me foutais de la place, et c’est ce que j’ai fait…».
Il sait ce que cet effort lui a coûté, mais il préfère se soucier de ce que cela lui a rapporté : «Mentalement et pour mon physique, cela m’a fait du bien. Je sais ce qui m’attend si je me retrouve une fois le final même si la chance joue beaucoup.» Voilà à quoi se raccroche aujourd’hui un Tom Wirtgen retrouvé. Enjoué et volontaire…