Cette épreuve qui a toujours permis de découvrir des talents semble toujours plus relevée et attrayante. Mais à l’évidence , les jeunes Luxembourgeois auront bien du mérite et des qualités s’ils parviennent à s’illustrer.
Alex Kirsch (Stolting) et Tom Wirtgen (Leopard) seront sans doute les deux Luxembourgeois les plus en vue.
On vous l’accordera bien volontiers. Si on ne s’efforce pas de replonger le nez dans un palmarès riche de dizaines de champions avérés, on éprouve parfois un mal de chien à sortir le nom du dernier vainqueur de la Flèche. Tiens, on vous le demande, c’est pour le coup un certain Victor De La Parte qui l’avait emporté après une dernière étape riche en rebondissements. Surtout après une dernière étape où Gaëtan Bille, le voisin wallon aujourd’hui recasé dans l’équipe Wanty (dont on a énormément parlé ces derniers mois après le décès tragique d’Antoine Demoitié et le succès inouï d’Enrico Gasparotto dans l’Amstel Gold Race), s’était fait cocufié par une coalition hostile. C’est le jeu parfois.
Bref, ce n’est pas toujours simple de jouer spontanément à l’archiviste de service pour ce qui concerne cette Flèche du Sud, qui possède auprès des coureurs un degré de fascination rarement égalé. «La Flèche fait partie de ces courses que bon nombre de jeunes coureurs tiennent à disputer dans l’espoir d’y briller et de passer professionnel», nous dit un Alex Kirsch. Le Luxembourgeois, passé professionnel en 2015 dans l’équipe Cult Energy aujourd’hui devenu Stölting Service Group, une formation évoluant en Continental pro, soit très précisément en deuxième division, était de la partie voici deux ans alors qu’il portait les couleurs de l’équipe Leopard. Et s’il sera là ce mercredi soir, c’est parce que la réglementation a changé.
Des coureurs aguerris
Auparavant la Flèche du Sud ne concernait que les formations de troisième division, les équipes continentales comme celles de Differdange et Leopard. Et bien sûr une ribambelle de sélections nationales, sans oublier les équipes de clubs locaux. Les pauvres. Ils ont souffert fort logiquement ces dernières années, le fossé se creusant inexorablement entre ces véritables amateurs et ces innombrables professionnels, qui cherchent à forcer leur destin et trouver la bonne fortune dans les équipes continentales. Ils souffriront donc davantage cette année où le niveau monte donc encore d’un cran.
Puisque, rappelons-le, ce ne sera pas un détail lorsque la course partira, on s’en rendra vite compte au fil des étapes et des kilomètres, deux équipes de deuxième division seront là (au total, la deuxième division comporte 23 formations). La formation allemande d’Alex Kirsch, Stölting Service Group, donc. Et les Australiens de Drapac. Pas les premiers venus non plus. On notera ainsi la présence du grimpeur Lachlan Norris (17e du Herald Sun Tour, 28e du Tour Down Under, 8e du Tour du Langkawi et 69e du récent Tour du Trentin).
La Flèche du Sud, conformément à cette nouvelle réglementation qui change tout, aurait pu en accueillir trois. Deux, c’est déjà pas mal. «Le problème qui se pose parfois, indique-t-on en interne, c’est que nous avons été contactés par des formations qui voulaient être au départ contre une somme, ce que notre budget ne permet pas.» D’ailleurs, le statut et la Flèche du Sud a beau évoluer avec le temps et nous n’en sommes d’ailleurs qu’à la première mutation observée, comme nous le rappelait Alex Kirsch, ce sont surtout les coureurs qui tiennent à venir sur la course. Dans ce but, tout à fait noble, de séduire, par un bon résultat ici, d’éventuels futurs employeurs.
Rude concurrence
Comme dans la vie de tous les jours, ça paraît de plus en plus dur d’y parvenir. Ça doit être l’époque qui veut ça. Force est de constater que le plateau est aujourd’hui bien plus fourni qu’il y a une douzaine d’années, lorsqu’Andy Schleck survolait d’une classe folle la course. Aujourd’hui, c’est surtout le jeune Tom Wirtgen qui rêve de crever l’écran. Les conditions paraissent réunies. Mais la concurrence est là. Et forcément, même si Alex Kirsch et ses coéquipiers ne sont qu’en «phase de reprise» après une coupure qui a suivi leur première partie de la saison, les coureurs de l’équipe Stölting sont rompus aux épreuves d’envergure, de haut niveau.
Les équipes continentales ne leur feront toutefois pas de cadeaux. «Et avec des formations de six coureurs, sur ce type de parcours, c’est impossible de tenir une course», résuma d’ailleurs parfaitement Alex Kirsch. Ce dernier devrait d’ailleurs se mettre au service de son sprinteur Michael Carbel pour les arrivées massives sans doute à Kayl, à Roeser et à Esch-sur-Alzette et pourquoi pas favoriser les desseins de Rasmus Guldhammer pour le classement général.
C’est un simple exemple parmi tant d’autres. Comme toujours, les candidats se comptent par dizaines. Ils pourraient par exemple venir de la redoutable formation néerlandaise Parkotel Valkenburg. Dans ses rangs on note la présence de Ockeloen qui vient prendre la 14e place du Tour de Turquie, aux côtés des Caja Rural, Lotto-Soudal, Lampre, et autres CCC Sprandi. D’ailleurs, c’est dans la formation polonaise que Victor de La Parte a atterri en 2016. Même à 28 ans, la Flèche du Sud l’avait relancé. Si elle ne vous lance pas, elle vous relance !
Denis Bastien