Le champion national, qui se trouve actuellement au Luxembourg, revient sur sa saison et évoque la prochaine et sa façon de concevoir son métier de coureur professionnel.
Une fois n’est pas coutume, Kevin Geniets (24 ans) se trouve en ce moment au Luxembourg, où le double champion national honore des rendez-vous repoussés par son activité de coureur cycliste professionnel qui le ballotte durant l’année d’une région à une autre, d’un pays à un autre. Le coureur de l’équipe Groupama-FDJ fait le point.
Votre dernière course remonte au 5 octobre. Qu’avez-vous fait depuis ?
Kevin Geniets : J’ai passé cinq semaines de repos total. Ces pauses longues me conviennent totalement. Je fais ça depuis deux ans déjà. Cela fait trois semaines que j’ai repris. J’ai recommencé par de la randonnée en montagne chez moi du côté d’Aix-les-Bains. J’ai repris la route et la musculation.
Ce matin (mardi matin), j’ai roulé avec Michel Ries (NDLR : le Luxembourgeois avec qui il a participé aux JO de Pékin et qui portera en 2022 les couleurs d’Arkéa-Samsic). C’est toujours sympa de retrouver les copains. Sinon, je fais des choses que je ne peux effectuer durant la pleine saison.
Comment seront articulés les stages hivernaux ?
On va partir du 6 au 21 décembre à Calpe (Espagne) pour rouler au soleil. Comme on le fait chaque année à cette période de l’année et comme toutes les autres équipes (il rit). Pour ce qui sera ma reprise, elle s’effectuera assez tard, comme l’an passé avec le Het Nieuwsblad (NDLR : le 26 février).
C’est aussi pour ça que je pars plus tard, en janvier, pour le stage d’altitude. On ne sait pas encore où on va l’effectuer. Pour en revenir à mon retour en compétition prévu pour 2022, je ne suis pas un coureur qui a besoin de beaucoup de courses pour être performant. C’est pour ça que je débuterai directement sur l’Omloop. Il faudra que je sois frais au moment des courses importantes comme le Tour des Flandres (3 avril).
On s’est dit qu’on allait donc essayer les Ardennaises. Normalement, cela devrait me convenir
Vous connaissez donc votre programme…
On en a discuté. Globalement je vais refaire le même programme avec les classiques. Les classiques flandriennes, donc, mais aussi l’une ou l’autre Ardennaise. Dans ce cas, on va enlever les Flandriennes plates comme Gand-Wevelgem et Paris-Roubaix.
Et on va rajouter quelques Ardennaises. On a vu que j’étais puncheur, les classiques plates conviennent davantage à des rouleurs qui pèsent 80 kilos et plus, ce qui n’est pas vraiment ma catégorie. On s’est dit qu’on allait donc essayer les Ardennaises. Normalement, cela devrait me convenir.
Sur quels points allez-vous travailler pour progresser ?
Je vais travailler surtout l’aspect des classiques. Mon but est d’aller plus loin dans le final avec les meilleurs. Avec les années, on prend de la caisse, de la force, c’est comme ça qu’on progresse saison après saison sans pour autant changer grand-chose d’une année sur l’autre.
Je compte également sur ma participation sur la dernière Vuelta pour passer un palier. J’avais très bien fini et c’est un signe encourageant.
Et concrètement, comme coureur, vous vous voyez évoluer vers quel objectif ?
J’aimerais quelquefois arriver à avoir ma carte avec Stefan (Küng) dans les classiques. Cette saison, j’ai anticipé le final dans le Het Nieuwsblad (9e) et les Strade Bianche (16e), ce qui m’avait réussi. Sinon, j’aime bien mon rôle de coéquipier dans les courses par étapes auprès de David Gaudu ou Thibaut Pinot.
C’est aussi dans cette optique qu’on va travailler dans la première partie de la saison. En montagne, sur le Dauphiné, je grimpais pas mal. Je me suis régalé. Je travaillais pour Gaudu, on s’entend bien et il m’a fait confiance. En fin de saison également, je me sentais plutôt à l’aise en montagne pour ce qui était mon premier grand tour.
Cela m’a bien plu. J’avais même réussi un chrono solide dans la dernière étape (21e place). C’est une énorme motivation pour moi.
C’est évidemment trop tôt pour y penser concrètement, mais une participation au Tour de France serait-elle envisageable ?
Oui, c’est tôt pour le dire, mais l’idée de faire un Dauphiné-Tour peut être là. On travaille avec l’équipe pour ça en tout cas. On verra plus tard si je suis assez fort pour y parvenir ou non.
Pour un peu, on oublierait que 2022 ne sera que votre quatrième saison en World Tour…
Oui, je viens de boucler en 2021 ma première saison pleine. La première année (en 2019), j’étais arrivé en cours d’exercice dans l’équipe World Tour (c’est le 22 mars 2019 qu’il avait été appelé pour combler le départ du coureur autrichien Georg Preidler). Ensuite, il y a eu la saison 2020, l’année covid. Alors 2021, oui, c’est comme ma première vraie saison (il rit).
Quand je débranche, je me prends moins la tête. Je sors un peu, je vais boire des coups. Ce ne sont pas des trucs de fou, hein…
Revenons à votre métier de coureur cycliste professionnel. Il semble justement que la pandémie a fait évoluer les perceptions de votre profession. On entend beaucoup d’anciens coureurs expliquer que cela roule de plus en plus vite. Vous avez un avis sur la question ?
J’ai remarqué effectivement qu’après la pause du covid, cela roulait plus vite. C’est surtout, selon moi, que les équipes et les coureurs se sont montrés encore plus professionnels. Tout le monde s’est tiré vers le haut.
Si tu arrives sur une course à 90 %, tu ne peux rien faire du tout, tellement le peloton est homogène aujourd’hui. C’est un tout. Aujourd’hui, tous les coureurs bénéficient des conseils d’un nutritionniste, d’un entraîneur, d’un coach mental. Tous les paramètres sont affinés au millimètre. Et tout le monde travaille très, très dur.
Vous arrive-t-il d’être un peu saturé par autant d’exigences ?
Cela peut arriver, oui. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai une préparatrice mentale. Afin de travailler par périodes. Si on est concentré sur tous les paramètres à 100 %, on ne peut pas tenir ce rythme pendant une année complète. Il faut découper la saison, sinon, c’est impossible de tenir.
Je l’ai bien vu en fin de saison. Longtemps je m’étais préparé du mieux possible avec les Jeux olympiques où je voulais très bien faire (37e de la course en ligne). Puis j’ai enchaîné Tour de Burgos, Vuelta. Les championnats d’Europe arrivaient après avec les Mondiaux. Cela faisait trois mois que je ne vivais que pour le vélo.
Finalement, en cette fin de saison, j’en avais marre et j’étais cuit. C’est donc hyper-important de faire attention à tout, car on ne peut pas tenir ce rythme très longtemps.
Lorsque vous débranchez, cela ressemble à quoi ?
Quand je débranche, je me prends moins la tête. Je sors un peu, je vais boire des coups. Ce ne sont pas des trucs de fou, hein… Mais on n’est plus dans la période entraînement-course, d’un côté et canapé pour récupérer, de l’autre. C’est exigeant de s’entraîner, il faut récupérer.
C’est donc important de se faire plaisir lorsqu’on coupe. Mais c’est vrai également qu’on voit de plus en plus de coureurs qui ont du mal à décompresser. La clé, pour moi, c’est de s’offrir des plages de récupération et de fonctionner par périodes.
Vous êtes parti en vacances, d’ailleurs ?
Oui, je suis allé au Portugal. Il ne m’en faut pas beaucoup, il y avait la mer, la nature, le soleil. J’ai fait du surf, un sport bien plus exigeant que je ne l’imaginais. C’était compliqué, mais j’ai essayé (il rit).
Denis Bastien
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