Le tenant du titre, bien qu’attaqué sur le final, n’a pas tremblé pour assumer son statut de favori. Pourtant le coureur de Groupama-FDJ confesse qu’il ne se sentait pas bien…
On vous a entendu pousser un grand cri de joie, peu après la ligne d’arrivée…
Oui, je pense que c’était un cri de libération. J’avais essayé de rester tranquille toute la course, concentré et lucide. Quand tu passes la ligne, tu n’es plus en mode calculateur, tu te libères !
Est-ce que vous vous êtes vu perdre ce championnat à un moment donné ?
Non. Je ne me sentais pas bien, mais dans ma tête, je voulais gagner et il n’y avait pas d’autre option. Si j’ai gagné, c’est grâce au mental, car je ne me sentais pas bien, j’ai souffert toute la course. Finalement, ça s’est joué dans la tête. Je voudrais remercier ma préparatrice mentale (NDLR : de son équipe Groupama-FDJ). Grâce à elle, je commence à être bien aussi quand je suis mauvais.
Vous aviez l’étiquette de favori. Avez-vous été attaqué ?
C’est beaucoup plus compliqué quand tout le monde te regarde et t’attend. C’est vraiment là où le mental joue un très, très grand rôle. Tu peux faire beaucoup d’erreurs, c’est là où il faut que tu restes focalisé sur la course.
Est-ce une pression ou une aide d’avoir été le tenant du titre ?
C’est clair que tout le monde t’attend. Pour moi, cela avait plus de valeur que l’an passé. Au niveau de l’émotion, ce n’était pas plus fort, mais c’était plus dur.
Lorsque Michel Ries est passé à l’attaque, comment avez-vous réagi ? Avez-vous réagi vous-même ?
Oui, les deux coureurs de Trek, Michel et Alex, m’ont rendu la vie difficile. Tout le monde attendait que je me lève. J’ai réagi à chaque fois. Sans en faire trop, juste le minimum pour essayer de contrôler ce qui était contrôlable.
«C’est le dernier qui s’assoit qui gagne»
Racontez-nous comment s’est passée l’arrivée telle que vous l’avez vécue…
Je savais que si je voulais gagner, il fallait que je fasse un sprint très, très long, plutôt sur le lactique. Je savais que c’était ma seule chance de m’imposer, j’ai lancé aux 500 mètres sans me retourner. Après, c’est le dernier qui s’assoit qui gagne…
Avez-vous vu Jempy Drucker dans ces derniers mètres ?
Je l’ai vu un peu derrière, mais tu es tellement à bloc que tu essaies juste d’aller à la ligne.
Vous ne vous êtes pas senti inquiété dans cet emballage final ?
C’est Alex (Kirsch) qui m’inquiétait, il est revenu à ma hauteur, et j’en ai remis une couche pour lui faire mal au mental. Je l’ai fait et il s’est assis.
Quelle sera la suite de votre saison ?
Sans doute les Jeux olympiques…
Entretien avec Denis Bastien