Le cycliste luxembourgeois Jempy Drucker n’est, on le sait, pas, mais alors pas du tout, fan du rouleau. Et son avis n’a pas changé après avoir pris part à la première étape du Tour de France virtuel.
«Mon avis n’a pas changé, je ne suis pas devenu pro en vélo pour m’installer sur une selle devant un iPad !» Le ton est clair : au cas où on ne le saurait pas encore, Jempy Drucker n’est vraiment pas fan de l’exercice virtuel. Seulement, son employeur l’a désigné comme étant au départ de deux étapes du Tour de France virtuel, alors, en bon professionnel, Jempy Drucker s’est exécuté. Il a sorti le rouleau Wahoo que son équipe lui a confié en début de saison : «Je ne l’ai pas beaucoup utilisé. Il n’a pas énormément servi», sourit-il.
Novice en la matière, il a communiqué avec son compatriote Ben Gastauer, qui a démontré à plusieurs reprises qu’il appréciait, lui, cet exercice particulier : «Je lui ai demandé quelques conseils. Il m’a dit que je devais bien pousser avant le départ pour être prêt. Ça a été mon erreur de ne pas le faire, car après deux kilomètres, j’étais déjà à trente secondes», constate-t-il.
Pour Jempy Drucker, c’en était déjà terminé d’éventuels espoirs de bien figurer : «En virtuel, c’est impossible de revenir», souligne-t-il. Pas question pour autant de mettre la flèche. Il a fait le job. Jusqu’au bout : «La règle, c’était au moins de terminer. Je ne connais pas mon classement et cela m’est égal, mais j’ai terminé la course.»
«Aucune émotion, je ne suis pas passé pro pour ça»
S’il partait avec une idée préconçue sur ce genre d’exercice, le discours ne change pas franchement une fois qu’il l’a vécu en vrai. Depuis son balcon, «pour au moins être à l’air libre et transpirer» : «Tu fais un effort pendant une heure. Tu es seul devant ton écran. Il n’y a aucune émotion. Je ne suis pas passé pro pour ça», répète-t-il à l’envi.
Mais quand on insiste un peu, on parvient à lui arracher une remarque positive sur cet exercice si particulier : «Si je dois trouver un truc de bien, c’est que Zwift, c’est bien fait. Attention, pas pour faire des courses, mais s’il fait moins cinq et que tu ne peux pas sortir, ça peut rendre ta sortie un peu plus agréable. Mais sinon, je ne suis pas un grand fan. C’est complètement différent du vélo normal. Tu as beau pousser, tu restes bloqué à la même place.»
S’il n’est pas fan. Il est pro. Et quand il a discuté avec son équipe lors de son stage de présaison il y a quelques jours et qu’il s’est agi de participer au Tour de France virtuel, la question ne s’est même pas posée : «On me dit de le faire, je le fais. Aucune question là-dessus.»
Mais on aura compris qu’à l’effort en solitaire sur son balcon, Jempy Drucker, qui n’a pas arrêté de s’entraîner pendant tout le confinement, préfère celui en vrai, sur les routes, avec ses coéquipiers face à ses adversaires.
C’est d’ailleurs pour se préparer à cela qu’il a participé à Sölden à ce premier rassemblement un peu comparable à ceux qui se déroulent aux mois de novembre ou décembre : «Ça faisait du bien de retrouver tout le monde. De changer d’air également, car le Luxembourg n’est pas si grand que cela et toutes les semaines on se retrouve généralement sur les mêmes routes.»
James Bond plutôt que l’accrobranche
Dès leur arrivée dans le Tyrol, les coureurs ont subi des tests Covid. Dont les résultats sont rapidement tombés. Et heureusement, tous négatifs. À partir de ce moment, les consignes, très strictes, ont pu se détendre un tout petit peu. Même si ça ne changeait pas grand-chose pour les coureurs : «On était là pour rouler et c’est ce qu’on a fait.»
Jempy Drucker a pu constater qu’à l’instar de ses coéquipiers il était plutôt en forme : «La forme est pas si mal. Je pourrais la comparer à celle que j’ai habituellement vers la fin janvier, début février. Le niveau est déjà très bien», se réjouit-il.
Durant ce stage, les coureurs ont roulé normalement. Sans faire de tests de puissance ou d’effort. Et visiblement, les marques sont vite reprises : «Forcément, lors de la première course, il faudra retrouver ses repères. Mais on est des pros et ça revient vite.»
Lors de ce stage, si certains ont préféré les sensations fortes avec de l’accrobranche dans le vide, Jempy Drucker, qui se dit «trop vieux pour ça», a lui choisi l’option culturelle : «On nous a proposé d’aller visiter un musée consacré à James Bond. Je ne regrette pas d’avoir fait ce choix!»
De retour au pays, le coureur luxembourgeois de la Bora va retrouver ses routes d’entraînement : «À moins que j’en aie marre et que je décide de partir une semaine m’entraîner ailleurs.» Il lui reste en effet encore pas mal de temps avant sa première course, le Tour d’Émilie, programmé le 18 août.
Romain Haas