Jempy Drucker roulera la saison prochaine sous les couleurs de l’équipe française Cofidis. Il revient sur son choix.
On sentait que Jempy Drucker était très serein ces derniers jours. La nouvelle de son arrivée chez Cofidis était imminente. Elle est arrivée vendredi peu avant midi. Plus tard dans la journée, le coureur luxembourgeois de 34 ans est revenu sur ce contrat d’un an qui va le lier à la formation française dirigée par Cédric Vasseur.
À quand remonte votre décision ?
Jempy Drucker : Cela fait une dizaine de jours que cet accord s’est scellé. Cela n’était pas encore fait à la fin de ma saison, à l’issue de Bruges-La Panne (NDLR : sa dernière course pour 2020). Cofidis est l’équipe qui a montré le plus d’intérêt et cela s’est fait. Par le passé, j’avais déjà eu des contacts, mais cela n’était pas allé plus loin.
Vous avez échangé avec Cédric Vasseur, le manager de Cofidis ?
Oui, nous avons eu plusieurs discussions et le projet Cofidis m’a vraiment plu. La façon dont il me voyait dans l’équipe, c’est la même façon dont je me voyais également. On s’est retrouvé sur la même longueur d’onde.
Vous servirez donc de lanceur au sprinteur Elia Viviani et vous pourrez jouer votre carte sur les classiques flandriennes…
C’est ça, oui. J’ai eu l’expérience chez Bora avec Pascal Ackermann cette année et l’an passé avec Sam Bennett. Je n’étais pas toujours le dernier homme. Je ne le serai pas forcément non plus, car Elia Viviani a Fabio Sabatini et Simone Consonni avec lui. Je dirais que c’est plutôt pour leur permettre de se placer au mieux. Je pense que je peux être utile. Je peux avoir également un rôle avec Guillaume Martin sur les étapes où les bordures se forment sur le plat. Je serai utile sur le plat. On a vu ses grandes capacités dans la haute montagne. Il ne peut pas perdre cinq minutes dans une étape de cols, mais il peut les perdre dans une bordure.
Cela veut dire que vous postulez au Tour de France…
(Il rit) Non, on n’a pas discuté de ça. Non, mais cela veut dire que mon rôle sera de protéger et de placer les leaders. Et le plus important, c’est que sur les classiques flandriennes, je pourrai avoir carte libre. Nous aurons une belle équipe. Avec Jelle Wallays, Christophe Laporte, Kenneth Vanbilsen et d’autres coureurs belges, il y aura de quoi faire. Sur la largeur, nous serons bien. Mais on n’aura pas la pancarte des favoris. Je pense que c’est possible de faire notre place. On sera les outsiders. Moi, évidemment, qui adore ces courses, cela me plaît de pouvoir jouer ma carte. Je ne prendrai plus le départ avec l’idée que je dois travailler jusqu’à tel ou tel point et après le leader fait sa course sans que je puisse avoir de la liberté. Me retrouver plus libre, ça me plaît !
J’ai été déçu par Bora. Ils m’avaient signé pour deux ans et après ils me disent que je suis trop vieux. C’est la chose qu’on ne peut changer, l’âge…
Entre votre cinquième place à La Panne et vos discussions avec Cédric Vasseur, vous avez eu peur d’avoir du mal à retrouver un contrat ?
Lorsque Bora m’a téléphoné pour me prévenir qu’ils ne me gardaient pas car ils me trouvaient trop âgé, ce n’était pas facile. Dans la situation actuelle et avec cette crise sanitaire, avec deux équipes qui s’arrêtent (NDLR : les équipes CCC et NTT), il faut être réaliste, ce n’est pas simple pour beaucoup de coureurs qui restent sur le marché. Et en 2019, j’ai eu ma grosse chute à Waregem qui m’a un peu gâché ma saison. Mais voilà, je suis resté motivé, je n’ai jamais baissé la tête et j’ai su me montrer. J’ai eu une très bonne saison de classiques en 2020, et cela permet de se projeter sur la saison prochaine. C’est comme ça que j’ai obtenu le contrat chez Cofidis.
Vous avez été déçu de l’attitude des dirigeants de Bora ?
Oui, c’est sûr. Ils m’avaient signé pour deux ans et après ils me disent que je suis trop vieux. C’est la chose qu’on ne peut changer, l’âge. Et je ne me sens pas vieux ou fatigué. J’ai commencé assez tard après le cyclo-cross. À 34 ans, je n’ai que quatre grands tours à mon compteur, d’autres en ont une bonne quinzaine. Surtout, je suis très, très motivé et je ne suis pas usé. C’est un avantage d’être passé tard en WorldTour. Je pense que j’ai toujours le niveau et je pense faire partie des vingt meilleurs coureurs sur les Flandriennes. Beaucoup misent sur les jeunes, mais je pense qu’il faut aussi avoir des coureurs expérimentés qui savent se placer et lire la course. C’est bon d’avoir un coureur dans la course qui peut être le relais entre le directeur sportif et les coureurs.
En tant que Luxembourgeois, on est habitué à parler français et cela ne pose pas de problème. Et puis, les équipes françaises recrutent de plus en plus de coureurs étrangers
Cela sera donc votre première expérience avec une équipe française…
Oui, c’est la tendance en ce moment au Luxembourg (il rit), à part Alex Kirsch et Michel Ries (qui roulent pour Trek-Segafredo), on roulera pour des équipes françaises (Bob Jungels et Ben Gastauer pour AG2R-Citroën et Kevin Geniets chez Groupama-FDJ). En tant que Luxembourgeois, on est habitué à parler français et cela ne pose pas de problème. Et puis, les équipes françaises recrutent de plus en plus de coureurs étrangers.
Vous allez côtoyer des coureurs que vous connaissez ?
J’ai couru avec le Suisse Tom Bohli chez BMC. Comme moi, il s’agit d’une recrue pour 2021. Sinon, je vais retrouver Thierry Maréchal, directeur sportif belge que j’avais eu chez Wanty. Il y a aussi l’ancien médecin de BMC qui est responsable de la cellule médicale. Mais je ne m’en fais pas, je ne suis pas quelqu’un qui a des problèmes pour s’intégrer, je parle le français, l’allemand, l’anglais et aussi le flamand. Cela pourra servir avec mes nouveaux coéquipiers belges.
Votre équipe a déjà programmé des stages ?
Oui, normalement, c’est prévu d’avoir un stage en décembre du côté de Calpe en Espagne. Puis un autre en janvier, mais en ce moment, c’est difficile à prévoir. On verra, on espère que tout se passera bien, on verra un peu plus tard.