Le Mémorial Vandenbroucke servira à Jempy Drucker pour entretenir sa forme. Dimanche, la classique française Paris-Tours servira d’ultime galop d’essai pour Jempy Drucker comme pour les nombreux sprinteurs qui espèrent briller lors des Mondiaux de Doha, le 16 octobre prochain.
Pas simple de garder assez de fraîcheur, de force pour jouer avec les oscillations d’une forme tentant à diminuer inexorablement au fil des semaines, jour après jour. «Je savais que le risque serait grand de voir ma forme baisser un mois après la Vuelta. Mais j’avais tenu néanmoins à y participer. Depuis le Tour de Burgos qui m’a servi de préparation pour le Tour d’Espagne, je suis sur le pont. C’est un gros bloc de deux mois qui vient après une longue saison», explique le Luxembourgeois, qui n’a d’ailleurs pas eu à le regretter puisqu’il remporta ainsi au sprint et avec autorité la 16e étape de la Vuelta, forcément «son plus grand succès».
Seulement voilà, l’effet redouté se matérialise aujourd’hui avec de drôles de sensations, fluctuantes, donc : «Des jours, assure-t-il, je me sens bien, d’autres jours, je me sens moins bien. Les Mondiaux, c’est dans un peu moins de deux semaines et je pense que ça ira. J’essaie de rester motivé et pour le moment, tout va bien…»
Alors Jempy Drucker, en coureur expérimenté, tente de maintenir la flamme. Ce grand travailleur, a donc joué sur la durée et l’intensité de ses entraînements. Dans ce contexte, les courses auxquelles il participe lui servent à rester en alerte, à garder les automatismes propres à la course. Le Grand Prix Beghelli (12e) et le Tour du Piémont (72e), puis ce Mémorial Vandenbroucke aujourd’hui, comme Paris-Tours, dimanche, sont autant d’efforts lui permettant aussi de garder le rythme.
La distance, la clé?
«Le fond, je l’ai, seule l’explosivité peut me manquer lors des Mondiaux, reprend Jempy Drucker. Paris-Tours et son tracé remanié par les organisateurs, ce sera l’idéal pour effectuer une dernière course avant le rendez-vous de Doha.» Lui qui a couru en février dernier le Tour du Qatar qui empruntait justement dans la dernière étape le circuit des Mondiaux, à Doha, s’attend à une course rythmée par le vent et évidemment la chaleur. «Je pense à cet égard que le fait d’avoir participé à la Vuelta pourra me servir. Après, je ne crois pas qu’on assistera à un sprint massif. Tout dépendra du temps qu’il fera le 16 octobre prochain», glisse le coureur luxembourgeois de la BMC.
Ce dernier suit finalement une préparation qui ne lui laissera aucun regret, mais au contraire, pourrait lui permettre de se saisir d’une opportunité comme cela arrive souvent dans un Mondial, où bien souvent la distance (257,5 km à Doha) bouleverse tous les paramètres. Même si l’UCI réfléchit à une diminution des kilométrages en fonction des températures…
«Ce qui compte, c’est de pouvoir digérer la distance et ils ne sont pas si nombreux à pouvoir bien sprinter après 260 kilomètres, analyse-t-il. Cela ne ressemblera en rien à une course de 200 bornes et je pense que les jeunes, comme Ewan ou Groenewegen seront désavantagés par rapport à des Cavendish, Boonen ou Greipel.»
On remarquera que par prudence, il prend soin de se placer en simple observateur. Même si à 30 ans, il commence par avoir de la bouteille.
Mais à l’évidence, il tentera juste de saisir la moindre opportunité dans un championnat où numériquement, le Luxembourg sera le Petit Poucet. L’histoire a déjà montré, et à maintes reprises que quelquefois, les petits mangeaient les gros. De plus, son coéquipier, Bob Jungels, «en super forme», remarque Jempy, pourra carrément évoluer en trouble-fête sous le mode de l’offensive où on retrouvera alors des hommes comme Sagan et Van Avermaet.
«Nous ne serons que deux au Qatar, mais nous pouvons bien faire», résume Jempy Drucker. Restent ces deux courses de préparation à avaler dont aujourd’hui, ce Binche-Chimay-Binche, en honneur au regretté Frank Vandenbroucke.
Denis Bastien