Alors qu’il disputera le 1er janvier l’épreuve internationale de Pétange, Gusty Bausch, mal en point cette saison, a semblé retrouver un semblant de condition.
Après avoir traîné sa misère tout au long de la saison, après s’être vainement escrimé à donner l’illusion qu’il pouvait jouer encore un rôle à l’échelon local, Gusty Bausch a bien failli tout laisser tomber. Remiser au clou ses vélos. Par dépit. Ses 37 ans. La nécessité de mêler de front sport et travail. La blessure à la selle qui l’a durablement empêché des semaines durant de s’entraîner correctement. Toutes ces explications revenaient en boucle au moment de sonder l’insondable. À quoi bon, au fond, de persister dans cette lutte qui ne semblait plus égale? Il était aussi peut-être temps de tourner enfin la page…
Toutes ces pensées vagabondes ont hanté Gusty Bausch, sa famille et ses supporters, toujours présents malgré la délicatesse de l’instant, tout au long d’une saison où il ne fut que l’ombre de lui-même, incapable d’encaisser les départs rapides, et enfin, tout aussi cruel, peinant à reprendre position.
Puis enfin, miracle, Gusty a retrouvé un semblant de condition, presque de vieilles sensations. Va-t-il redevenir le Bausch conquérant, restant cette pièce maîtresse lors des championnats nationaux (qu’il n’a toutefois plus remportés depuis 2012*), cet homme d’un jour incontournable, capable de se sublimer à l’heure H pour le plus grand désarroi de ses rivaux médusés ?
Il s’autorise enfin à le penser, même si par prudence et réserve il ne le crie pas non plus sur tous les toits. Il le chuchote. «J’avoue que longtemps, j’ai été désespéré. Le déclic s’est produit mardi dernier à Sarrebourg, où, pour la première fois de la saison, j’ai retrouvé des sensations. Certes, je n’ai terminé que sixième, mais j’étais en dernière ligne. Plus que ma place, j’ai senti que ça fonctionnait à nouveau», disait-il doucement jeudi en fin d’après-midi.
« A ma place, beaucoup auraient déjà abandonné »
Manifestement, ce n’était plus le Gusty Bausch vacillant qu’on avait vu s’éloigner à Warken après une anonyme 10e place. «La semaine suivante, raconte-t-il, je me suis envolé pour la Grande Canarie où on a enchaîné six jours de suite des sorties de quatre à cinq heures.»
Il a joué son va-tout. Il espère que l’embellie va durer plus qu’un week-end. «C’est surtout après l’épreuve de Hesperange (le 7 janvier) que je saurai où j’en suis. Je prendrai bien le départ de l’épreuve de Pétange le 1er janvier, mais le parcours étant trop physique pour moi, avec ces longues montées, j’en profiterai surtout pour m’entraîner.»
Pour résumer sa résurrection qu’il espère donc confirmer au plus vite, Gusty Bausch reste sobre. «Ce ne sera pas un miracle si je reviens dans le coup à temps. Ce sera d’abord le résultat de mon entraînement et de ma volonté car je pense qu’à ma place, beaucoup auraient déjà abandonné», abonde-t-il.
A-t-il lu dans les pensées de ses rivaux qu’il ne voyait qu’au départ cette saison ? «Je pense qu’ils pensaient que j’étais trop vieux, trop âgé pour revenir. Que ça n’allait plus pour moi. Et c’est vrai que je n’ai plus 20 ans. Mais bon, je ne pense pas que je suis fini…»
Le championnat approche mais n’est donc pas encore joué, veut-il croire. Il nuance : «Je pense que ça restera jouable pour un podium.» Et bonne nouvelle, il a décidé de se relancer pour la saison 2018/2019. Il sourit : «J’ai compris depuis longtemps déjà que je devrais me trouver une nouvelle voiture à la fin de cette saison car c’est évident que cette saison, je ne gagnerai pas la Skoda Cross Cup…» Tout le monde est d’accord là-dessus.
Denis Bastien
* Il a remporté à cinq reprises les championnats nationaux (2003, 2005, 2007, 2009 et 2012)