Après 228 jours sans compétition, le cyclisme reprend sa route au Luxembourg avec cette prestigieuse épreuve professionnelle qu’est le Ceratizit Festival Elsy Jacobs.
Le contexte est forcément particulier. La concordance de temps, malheureuse. Il y a bien sûr ce grave accident dont a été victime mercredi Claire Faber, jeune espoir du cyclisme luxembourgeois, percutée par une voiture à l’entrée d’Esch-sur-Alzette. Pour le cyclisme luxembourgeois, cela jette évidemment un froid, tout le monde attendant évidemment de meilleures nouvelles ces prochains jours.
Et il y a donc ce retour de la compétition cycliste sur route au Luxembourg après 228 jours de néant. Cela nous renvoie au Tour de Luxembourg, maintenu comme une bouée à la mer dans un océan d’annulations. Certes, au pays, les championnats nationaux s’étaient miraculeusement tenus. Certes, quatre cyclo-cross avaient sauvé leur peau à l’automne, comme quelques rares épreuves pour jeunes. Mais il a fallu s’habituer à cette sorte de vide sidéral qui, crise sanitaire oblige, a englouti toutes les dates prévues.
Alors ce retour du cyclisme au Grand-Duché est un symbole, même si, mesures sanitaires obligent, le public ne sera pas là, la course se déroulant à huis clos. Mais Claude Losch, le président du SAF Cessange et directeur de course, nous l’avait indiqué dans un récit édifiant, sa volonté indéfectible, et il convient d’en noter toute la mesure, a fait le reste. Même si pour en arriver là, à ce départ ce vendredi du Ceratizit Festival Elsy Jacobs, onzième édition du nom, il lui a fallu faire preuve de patience, de courage, de persévérance. Doux euphémisme. Claude Losch et son équipe ont tout simplement eu l’impression de devoir abattre des montagnes, tant, selon sa propre formule, «on ne [leur] a pas fait de cadeau!»
S’accrocher à l’organisation de cette épreuve devenue Pro Series, s’adapter à la grande exigence des instances ministérielles, fédérales et sportives, quel exploit cela a dû représenter, quel parcours du combattant surtout… C’est finalement grâce au soutien du ministère de la Santé que la course a lieu. «Le plus dur n’a pas été de motiver nos troupes (…) Pour le Festival Elsy-Jacobs, on avait décidé donc de tout programmer, de tout planifier. On voulait faire comme si. Et si au dernier moment, on n’était pas autorisé, alors tant pis. On est là pour travailler, pour organiser et non pour ne rien faire. Je trouve que c’est trop facile de toujours dire : on ne fait rien…»
On ne pourra faire ce reproche aux organisateurs. La course aura donc lieu et c’est assurément déjà une petite victoire. Les mesures seront évidemment drastiques, il n’y a aucune autre solution. Il suffit de se pencher sur les procédures prévues pour en avoir le cœur net : c’est un travail de titan qu’ont abattu avec infiniment de sérieux les organisateurs. Reste que la course se fera en huis clos. «On ne peut évidemment pas avoir de public, mais tout sera retransmis en direct sur RTL», se réjouissait ainsi Claude Losch il y a de cela quelques jours. Voilà pour replacer les choses dans leur contexte.
«Avec de la fraîcheur et de la motivation»
La course, il faut bien l’évoquer, va permettre à Christine Majerus, lauréate du classement en 2017, deuxième en 2018, de revenir une fois de plus sur ses routes. Mais la multiple championne nationale prévient que le moment n’est pas forcément opportun pour attendre d’elle une grande performance. «J’avoue que par rapport à mon programme, la course arrive de manière un peu bizarre, car juste après les classiques. Je n’avais rien avant. J’ai fait ma coupure et j’en avais besoin. Malheureusement, il n’y a pas grand-chose non plus derrière. Je ne vais pas me présenter au meilleur de ma forme ce week-end, c’est tout à fait normal. Cela n’était pas possible de faire autrement. Je vais essayer de combler ça avec de la fraîcheur et de la motivation», poursuit l’expérimentée Luxembourgeoise, qui espère être alignée sur le Tour de Thuringe à la fin mai. On remarquera néanmoins qu’en douze participations, elle n’a jamais fait de la figuration (sept top 10).
Concernant le plateau, il reste à définir qui sera réellement en mesure de faire la course. Il semble que, dans ce peloton où on ne retrouvera pas moins de huit équipes de la première division mondiale, les formations aient délégué beaucoup de compétitrices assez jeunes, en devenir. Beaucoup viennent des classiques, comme la Canadienne Élise Chabey (Canyon) qui vient de terminer 13e de Liège-Bastogne-Liège. Parmi les têtes d’affiche, aux côtés de Christine Majerus (qui en sera à sa 13e participation) dans l’équipe SD Worx, on retrouve d’ailleurs de bons éléments en devenir. Et l’expérimentée Italienne Elena Cecchini.
D’autres grands noms sont présents. Comme l’ancienne championne du monde danoise Amalie Dideriksen. Elle avait 20 ans ans lorsqu’elle a conquis son titre en 2016 à Doha. Pour les arrivées au sprint, on la voit bien batailler avec le duo de l’équipe DSM : Lorena Wiebes, récente lauréate du Grand Prix de l’Escaut, et la très rapide Américaine Coryn Rivera, vainqueur en 2017 du Tour des Flandres.
Mais tout pronostic reste vain. Le prologue aura, comme chaque année, son influence sur la suite des évènements où, évidemment, chacun restera suspendu aux nouvelles, qu’on espère rassurantes, de Claire Faber. Sa coéquipière Nina Berton (Andy Schleck – CP NVST – Immo Losch) sera donc, avec Christine Majerus, l’autre Luxembourgeoise engagée dans la course.
Denis Bastien
Mode d’emploi
Les étapes :
Prologue, vendredi : Cessange (2,2 km). Premier départ à 17 h 30.
1re étape, samedi : Steinfort-Steinfort (125,1 km). Grand tour de 44,7 km puis 4 tours de 20,1 km). Départ à 14 h 30.
2e étape, dimanche : Garnich-Garnich (105,3 km). Grand tour de 61,3 km puis 5 tours de 8,8 km. Départ à 14 h.
Les équipes engagées :
Ceratizit – WNT Pro, Trek-Segafredo, FDJ Nouvelle Aquitaine, Ale BTC Ljubljana, Team SD Worx, Movistar, DSM, Canyon, Liv Racing, Valcar-Travel, Andy Schleck – CP NVST – Immo Losch, Parkhotel Valkenburg, Bingoal, Jumbo Visma, Massi, Stade Rochelais, Drops-Le Col, WCC Team
Les dernières éditions :
2019 : Lisa Brennauer (ALL)… 9. Christine Majerus (LUX)
2018 : Letizia Paternoster (ITA); 2. Christine Majerus (LUX)
2017 : Christine Majerus (LUX)
2016. Katarzyna Niewiadoma (POL)… 7. Christine Majerus (LUX)
2015 : Anna Van der Breggen (NED)… 6. Christine Majerus (LUX)